Habiter les territoires ou les abandonner ?

lagi
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mer 31/03/2004 - 23:00

Bonjour Rav,
Concernant la question 14803, la demande d'eclaircissement que je vous ai adressee (quant a la position du Rav Ovadia), et la reponse que vous m'avez donnee, je vous remercie. Votre analyse de la configuration sociologique de Shass est interessante, et non depourvue de courage et d'audace.
Mais pour etre satisfait pleinement de votre reponse, j'aurais prefere que vous vous en teniiez au sujet: la Rav Ovadia a-t-il vraiment change d'avis, ou pas? Que son positionnement reflete les enjeux strategiques auxquels se trouve confrontee la tete dirigeante du parti Shass, en decalage total par rapport a ses electeurs, soit! Que l'attention du Rav Ovadia ne se porte que sur les enjeux halakhiques et exclut toutes dimensions collectives et historiques, je veux bien.
Mais je voudrais une reponse claire: d'apres vous, est-ce seulement de la politique politicarde, ou s'agit-il au contraire d'un reel revirement au niveau de la pensee? C'est ca qui m'interesse!
Merci

Rav Elyakim Simsovic
dim 02/05/2004 - 23:00

Formellement, l'argumentation prétend à la cohérence, à savoir que le piqouah nefesh jouait dans un sens alors et jouerait maintenant en sens inverse.
Mais il y a des raisons de penser qu'il ne s'agit effectivement que de l'argumentation formelle. En effet, au moment où la première position a été formulée, la situation sécuritaire et politique internationale était bien meilleure qu'elle ne l'est aujourd'hui. De plus, cette première position a été soutenue en contradiction avec elle-même, c'est-à-dire contre l'avis des chefs de l'armée qui, d'après la lettre du psaq, avaient pourtant seuls autorité pour exprimer une position à ce sujet.
Autrement dit, d'après les termes du rav lui-même, l'appréciation : y a-t-il ou non piqouah nefesh n'appartient pas au rav mais aux chefs de l'armée, sans ingérence des politiciens. Ensuite, les chefs de l'armée ayant donné leur appréciation de la situation, le rav peut dire : "donc on peut" ou "on ne peut pas".
De plus, dans l'un et l'autre cas, il ne peut donc s'agir que d'un repli stratégique et non d'une décision politique d'abandonner ou de céder des territoires d'Erets Israël.