Significatif commencement

NathanninNathan
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lun 04/10/2004 - 23:00

1ère phrase du 2ème commentaire de Rachi sur Ber 1 :1 : eyn hamikre haze omer ela darshani
Je viens peut-être de la comprendre pour la première fois, si du moins, encore une fois, ce que j’ai cru saisir est correct.
La toute première leçon du livre de grammaire Shvilim (שבילים) a été de m’apprendre qu’il existe un mot שביל, rendu par “chemin” ou “sentier”. Conséquemment, le mot bishvil qu’on traduit communément par “pour”, est en fait un mot composé, équivalent en Français à en vue de. Vérification faite, il en est de même pour biglal, be’ad, etc., tous ces mots sont composés, ce qui fait donc que בְּ a une signification propre. Cela vaut bien entendu pour celui de BE-reshit.
Un dictionnaire Hébreu/Français pourra dire que בְּ correspondrait en Français à « à, en, dans, avec, par, pour », mais le fait est que, ainsi que vous l’écriviez dans une de vos précédentes réponses, c'est la première occurrence d'un terme qui contient le principe de sa signification. Or, la Tora COMMENCE par ce בְּ. Quel est donc le principe de sa signification ? Celui de sa première occurrence. Quelle est sa première occurrence ? Le Beth de Bereshit.
Difficile dans ces conditions de découvrir un sens littéral. C’est cela, à mon sens, que dit Rachi : ce texte nous dit de le "drasher", l'explorer, enquêter sur lui afin de déceler son sens. Tout développement qu’on proposerait pour expliquer CE בְּ (l'explication littérale qu'il propose ne concernant pas ce בְּ mais tout le verset, et même les trtois premiers versets) ne serait en réalité qu’une interprétation, un drash…
Ceci bien sûr sans parler de reshit, qui n'est pas "accolé" au mot suivant, etc.

A supposer que je n’aie pas marché à côté de mes pompes tout au long de cette hypothèse, il me resterait alors une question : pourquoi Rachi a-t-il choisi le drash du Midrash Rabba, pourquoi pas l’explication du Targoum Yeroushalmi, Bereshit=avec la sagesse, ou Bereshit=à l’état de commencement, ou d’autres encore que je ne connais pas ?

Rav Elyakim Simsovic
ven 08/10/2004 - 23:00

Je commencerai par rappeler un enseignement que j'ai entendu de rav Askénazi (Manitou) zatsal lors d'une veillée d'étude de Chavouoth en 1970 : "ein hamiqra hazé omer ella darchouni kémo chedarchou hazal bichvil Yisrael cheniqréou réchit tévouato ..."
On lit habituellement : ce verset ne dit pas autre chose que "interprétez-moi", comme nos sages l'ont interprété [en disant] c'est en vue d'Israël qui est appelé prémices [réchit] de Sa récolte...
Le hidouch de Manitou fut de nous faire lire : Ce miqra, c'est-à-dire la Thora tout entière, ne nous dit pas autre chose que "interrogez-moi à la manière dont les Sages m'interrogent".
Ce qui signifie qu'il y a à la fois un propos et une méthode et que ce n'est ni arbitraire ni gratuit.
Aucune difficulté à découvrir un sens littéral : la lettre Beth est la deuxième lettre de l'alphabet, et dans un système où les lettres servent de chiffre sa valeur est 2. C'est le premier résultat de la création : la dualité Créateur/Créature. Ce qui du même coup dévoile ce que sera le problème du monde créé, à savoir résoudre le problème de la dualité et c'est donc en vue de la manière d'être homme qui sera vouée à la solution de ce problème - Israël, que le monde a été créé. Sans oublier que l'énoncé d'une intentionnalité (en vue de) suppose au moins la dualité d'un état et d'un projet.