Mieux vaut bruler la torah que la confier a une femme

modaani
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dim 26/03/2006 - 23:00

Shalom ouverakha à tous les rabbanim de Cheela,

Un ami m'a cite la phrase suivante en prétendant : qu'elle faisait partie d'un commentaire très officiel de la Torah :
"mieux vaut bruler la torah que la confier a une femme"

Cette phrase existe-t-elle vraiment ? Quelles en sont les références ?
Comment l'interpreter ?

Rav Elie Kahn z''l
ven 14/04/2006 - 16:49

Chalom,

Votre ami n'a pas inventé cette phrase, elle se trouve bel et bien dans le Talmud de Jérusalem, (Sota 3, 4, page 19 a dans l'édition de Venise; Bamidbar Rabba 9, 48).
Mais il a mal agi en la citant telle quelle, sans la remettre dans son contexte historique, et en l'assénant comme si elle devait être comprise textuellement, ou considérée comme la seule opinion officielle du judaïsme.
On peut en citant des phrases toutes authentiques dénaturer le judaïsme. C'est pourquoi il est important d'apprendre avec un maître.
Il faut d'abord faire remarquer que cette phrase a été prononcée par Rabbi Eliezer ben Horqenos, qui affirme dans la Michna (Sota 3, 4) qu'enseigner la Tora à sa fille, c'est comme lui enseigner des futilités. Ne nous attardons pas pour l'instant à cette opinion (je serais étonné qu'elle n'ait pas encore fait l'objet d'une étude sur Cheela).
Notons juste que face à cette opinion, est mentionnée celle de Ben Azaï qui affirme lui qu'un homme est obligé d'enseigner la Tora à sa fille. Et que l'opinion de Rabbi Eliezer, sans vouloir tomber dans l'apologie, doit être remise dans son contexte historique.
Même si l'opinion de Rabbi Eliezer a été abondamment reprise par les auteurs médiévaux, les rabbins au 20ème siècle ont en majorité écrit que de nos jours ne pas enseigner la Tora aux filles était contraire à l'esprit de la Tora.
Il y a dans la Halakha des éléments éternels, et d'autres plus conjoncturels.
J'en ai touché un mot dans une réponse intitulée, si mes souvenirs sont exacts, la Loi peut-elle évoluer. Jetez-y un coup d'œil, il y est justement beaucoup question de la condition de la femme.