Seder en famille

Anonyme (non vérifié)
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mar 31/12/2002 - 23:00

Il est interdit de faire son seder de pessah avec des goyim a sa table,mais dans ma famille il existe des goim(beau frere ou belle soeur) qui viennent depuis toujours autour du seder, est ce que je dois decider de ne plus partager ce seder avec eux en considerant que cela pourait aller contre la cavod du ma mere ou a ma grand mere qui tiennent a voir tout le monde reunit autour de la table?

Rav Elyakim Simsovic
ven 14/02/2003 - 23:00

Je tiens de mon maître, rav Askénazi (Manitou), que le problème n'est pas le fait que des non-Juifs assistent au séder, mais qu'ils y participent. Le séder comporte deux parties ; l'une, liturgique, avant et après le repas et l'autre qui est le repas lui-même.
Les non-Juifs peuvent assiter au séder et participer au repas. Assister, cela veut dire qu'ils ne doivent pas boire le vin des quatre coupes, ni manger la matza avec le maror, ou le maror avec le harosseth, ni surtout le afiqomane à la fin du repas (qui est théoriquement interdit même aux Juifs non circoncis). Ils peuvent, pendant le repas, manger de la matza et boire du vin comme tout le monde.
Si vous entretenez des relations de bonne convivialité avec les conjoints non-Juifs et qu'ils peuvent comprendre et accepter les restrictions qui leur sont demandées (mon expérience personnelle à ce sujet est qu'ils y sont généralement mieux disposés que le conjoint Juif...), dans ce cas tout peut s'arranger. Il est certain que le fait qu'il semble y avoir une remise en cause d'un statu quo règnant de longue date complique les choses, mais il est possible d'expliquer qu'on n'était pas conscient du problème où qu'on n'y attachait pas l'importance voulue.
Votre mère et votre grand-mère sont comme vous même tenues à respecter le Kavod de Celui qui nous a donné la Thora, et respecter leur kavod au lieu du Sien n'est à l'honneur de personne.
Toutefois, gadol hashalom, grande est la paix. Il faut s'efforcer de tout faire de manière à éviter conflits et colères, avec non seulement tact et doigté, qui ne portent que sur la forme, mais aussi avec gentillesse et amour. S'il y a dans l'entourage une personne qui jouit de la considération et du respect de tous, peut-être peut-elle assurer une médiation ?
En tout état de cause, si vos premières démarches échouent, il sera bon que vous demandiez conseil au rabbin de votre communauté.

Je voudrais préciser que si les conjoints non-Juifs sont chrétiens pratiquants ou même seulement croyants, le problème est d'autant plus grave car pour eux, le mystère de la messe est le rejeu symbolique de la Cène pascale qui n'est autre que le séder de Pessa'h dont le personnage central des évangiles est censé être l'agneau du sacrifice, l'hostie qui est la matza et le vin étant pour eux sa chair et son sang. Quels que soient la sympathie réelle que nous puissions avoir pour leurs personnes et le respect sincère que nous puissions avoir pour leurs croyances et leurs pratiques, il est totalement exclu que nous puissions nous en faire les complices.

Pour finir une anecdote : Au temps où le rav Askénazi (Manitou) dirigeait l'école Gilbert Bloch à Orsay, deux moines d'un monastère voisin de l'école et qui en avaient entendu parler sont venus lui demander s'ils pourraient assiter au séder de Pâque, la chose ayant pour eux une grande importance spirituelle. Manitou leur répondit qu'il n'y voyait pas d'objection et qu'ils seraint les très bien venus, mais qu'il leur serait demandé de s'abstenir de participer à la partie liturgique. ILS L'ONT REMERCIE de cela, car ils n'osaient pas le demander eux-mêmes, craignant de blesser ou de laisser croire que c'était de leur part un manque de respect envers le judaïsme et leurs hôtes. Ils ont bien confirmé que ce n'eût été de leur part que mascarade et finalement blasphème que de participer à une liturgie qui n'est pas la leur, bien qu'elle constitue les racines certaines de leur foi.