Le viol et le mariage

Anonyme (non vérifié)
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mar 18/03/2003 - 23:00

Une jeune fille d une vingtaine d annees, qui n est pas chomeret neguilla mais qui veut se preserver pour le mariage, frequente un jeune homme . Dans un acces de folie, il la viole
Est il vrai que la halakha impose qu ils se marient ? Cette evenement tragique implique t il qu il est obligatoirement son mazal ?
Si plus tard, la jeune fille envisage de se marier avec qqn d autre, devra t elle devoiler ce secret a son futur mari ?

Merci

Rav Elyakim Simsovic
jeu 20/03/2003 - 23:00

a. Il doit l'épouser mais seulement si ELLE est d'accord. Et il n'aura en aucun cas l'initiative d'un divorce. Rien à voir avec son "mazal", et sans jeu de mot.
b. PLusieurs réponse ont déjà été données à ce sujet (y compris sur le site, si je me souviens bien par le rav Bocsko) et il y a un psaq en ce sens du rav Mochè Feinstein dans Igroth Mochè.
- Si on craint que lui dévoiler le secret risque de briser le projet de mariage, cela signifie qu'on le trompe et c'est interdit de tromper. Quel mariage pourrait-il avoir une duperie à la base ?
- Si on ne craint pas que cela brise le projet, le lui dire ne peut que renforcer les liens de confiance réciproque indispensables dans le couple. C'est donc recommandé.
- Dans le doute, autant le lui dire. S'il décide de rompre, c'est sans doute que sa décision de se marier n'avait pas une base solide et il est préférable que cela se dévoile avant qu'après. C'est donc préférable.

Je vais ici déborder du cadre de la question en ajouterant encore ceci qui n'est pas le moins important : ne pas le dire, c'est aussi se sentir coupable ou flétrie. Je ne sortirai pas le couplet et le refrain sur les dangers d'une intimité trop poussée dans les relations entre garçons et filles (trop poussée étant un concept ou le seuil du "trop" est assez bas...). Ce que je veux dire c'est que même ainsi, un viol reste un viol et cela ne doit pas transformer la victime en coupable. Et la victime - même si elle peut admettre dans ce cas avoir été pour quelque chose dans cette histoire, reste victime. Elle peut avoir honte et regret de la conduite qui a précédé (et la téchouva est là pour ça), mais elle n'a pas à avoir honte d'avoir été violée et c'est sans doute cela le plus difficile.
Nos maîtres vont plus loin encore. Bien que violée et non consentante, il est possible qu'elle ait pu éprouver du plaisir, car le corps réagit à sa façon aux excitations auxquelles il est soumis. De cela non plus, elle ne doit pas avoir honte et ne doit pas se le reprocher : là, elle n'y est vraiment pour rien. Et même si le corps ayant pris un moment le pouvoir, elle a pu devenir "participante" à l'acte et plus seulement passive. Cela ne signifie pas consentement. Cela signifie que le viol n'est pas seulement le viol du corps mais que c'est bien plus profond que cela, qu'il peut y avoir aussi viol de la volonté et de la conscience.

J'ajouterai aussi qu'elle a aussi été victime de la permissivité qui règne dans ces société dites libérales qui savent de moins en moins réfréner leurs désirs les plus grossiers, ne supportent pratiquement plus aucune frustration et qui ont perdu, avec le sentiment religieux (je parle des chrétiens) toute référence morale au nom de laquelle telle ou telle conduite serait condamnable. L'ambiance qui règne, les aggressions incessantes des médias, de la télé et du cinéma (que personnellement - et sans doute minoritairement - je ne condamne pas en bloc, mais il devient de plus en difficile de faire le tri) rendent la vie très dure à la conscience morale.

Vous me permettrez d'émettre des réserves sur "l'accès de folie". Le désir éprouvé pour une jeune femme attirante et perçue comme "encourageante", même si sa réserve naturelle lui fait garder une (in)certaine distance n'est pas de la folie. Nous sommes, hommes et femmes, fabriqués comme ça. C'est pour cela que la Thora demande de ne pas se mettre en situation où celui qui en nous contrôle la situation n'est pas le sujet libre et volontaire mais l'être de besoins, tendances et pulsions que nous sommes aussi. Se mettre dans une telle situation est ce que la tradition appelle "lavo liydé avéra", se livrer entre les mains, c'est à dire au pouvoir, de la faute. Elle nous tient, dès lors, et s'en dégager demande un effort qui, s'il n'est pas insurmontable, est du moins colossal.