Deux freres, deux soeurs...

materna
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lun 24/01/2011 - 23:00

suite de la question 55348
excusez moi mais votre reponse en francais ca donne quoi?
merci

Emmanuel Bloch
mar 25/01/2011 - 01:18

Chalom,

Vous etes tout excusee, votre question m'a fait sourire. Comme le premier cheelanaute a employe un terme hebreu (yiboum), j'ai fait de meme dans ma reponse. Vous avez bien raison de me rappeler a l'ordre! :)

Alors, en clair dans le texte: la Torah prevoir une mitsva qui s'appelle le "Yiboum", mot que l'on traduit en francais par "lévirat". En résumé, lorsqu'un couple est sans enfants et que le mari décède, sa veuve epouse, a certaine conditions, son beau-frere (le frere de son defunt mari).

Le but de ce remariage, comme l'expliquent les versets dans le Deuteronome 25:5 et suivants, est de permettre de "donner" post mortem une descendance au frere decede. Le levirat existait d'ailleurs chez d'autres peuples du Moyen Orient Antique, et il est atteste plusieurs siecles avant le don de la Torah, comme le prouve le recit de Yehouda et Tamar (Genese 38). D'autres raisons sont egalement avancees pour cette mitsva.

Lorsque le Yiboum (pardon, levirat!) ne peut se faire, quelle qu'en soit la raison, alors on procede a la 'halitsa (mot intraduisible en francais). La procedure est decrite dans la suite du passage du Deuteronome deja cite. La 'Halitsa permet a la veuve d'etre liberee de tout lien avec son beau-frere et de se remarier avec qui elle veut.

Donc, pour reprendre: deux freres peuvent marier deux soeurs. Si l'un d'eux decede, sa femme (pour autant qu'elle n'ait pas d'enfants) devrait en theorie se remarier avec son beau-frere via le yiboum. Mais ce faisant, le beau-frere survivant serait marie a deux soeurs, chose que la Torah interdit. Des lors, dans ce cas, il n'y a pas le choix. Le Yiboum est interdit par la Torah, et il faut necessairement faire la 'halitsa.

De nos jours, les achkenazim ne pratiquent plus du tout le yiboum. Chez les Sefaradim la situation est plus nuancee. En Israel, suite a un decret rabbinique de 1950 ('Herem Yerouchalayim), le yiboum est interdit pour tous (le rav Ovadia Yossef s'est fortement oppose a cette decision et prone le maintien de la position sefarade traditionnelle, selon laquelle le yiboum peut certaines fois se faire encore de nos jours - cf. Yabia Omer 6, Even HaEzer 14). Pour les Juifs vivant actuellement en Terre d'Islam, je prefere laisser la parole a quelqu'un de plus au courant que moi sur le sujet.

C'est plus clair ? :)