Lettre d'une goya!!!

Colline
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dim 24/11/2013 - 23:00

Lettre d’une goye.

Avant j’étais une femme. Mais ça, c’était avant…
Aujourd’hui, je suis une goye.
Je ne le savais pas.
Jusqu’au jour ou l’un d’entre vous est entré dans ma vie, un peu par effraction, en forçant les verrous de ma solitude joyeuse.
Pour d’obscures raisons il me voulait moi, et pas une autre.
Je ne m’étais jamais posé la question de l’identité juive. Je ne m’étais jamais posé de questions tout court d’ailleurs. Je vivais mes histoires.
Depuis qu’il est là, je balance entre le bonheur et l’angoisse : Celle d’être en permanence sur un siège éjectable.
De loin en loin, je parcours les forums. Je lis toujours les même discours, j’assiste toujours, impuissante, aux mêmes douleurs :
Celles de nous, les autres femmes, les pas cacher.
Nous qui passons notre temps à nous excuser de ne pas être nées du bon coté de la barrière.
Nous qui recevons en pleine gueule les crachats méprisants de ceux qui pensent que nous sommes un fléau pire que la solution finale.
Il faut alors s’essuyer la joue et tâcher de garder la tête haute. Nous n’avons pas commis d’autre crime que celui d’être aimées d’un juif.
Personne ne brûlera en enfer pour ça.
C’est donc à mes consœurs désespérées, et qui cherchent ici un réconfort qu’elles ne trouveront pas, que s’adresse cette lettre :
Pour l’homme que vous aimez, vous avez lu des livres, téléchargé le calendrier des fêtes juives.
Vous avez appris des rudiments d’hébreux, vous mangez casher. Peut-être même que certaines d’être vous ont envisagé la conversion.
En pure perte.
Seul les libéraux vous accepteront. Or être juif aujourd’hui, ça n’est ni dans le cœur, ni dans les tripes, ni au fond de l’âme que ça se passe.
Etre juif, c’est avoir une mère juive et/ou être labellisé « consistoire de Paris. »
Consistoire qui vous refusera la conversion si celle-ci est demandée en vue d’un mariage.
Et au fond, je ne leur jette pas la pierre.
Mon reste d’honnêteté intellectuel admet que l’on doit embrasser une religion pour soi, et non pour faire plaisir à un tiers.
Quoiqu’il en soit : vous êtes prête à perdre votre identité pour coller au plus prés de la sienne.
Sans vous poser la seule vraie question, celle que toute femme est en droit de se poser :
Et lui ? Il a fait quoi pour vous ? Concrètement ?
A part descendre de son étoile de David pour se pencher sur le cloporte que vous êtes ?
A part vous faire sentir qu’il y aura toujours un plafond de verre entre vous, que vous êtes assez bien pour écarter les jambes, mais pas assez pour être présentée à sa mère…
A part se plaindre d’être déchiré entre son amour pour vous et son devoir de juif ?
Quand vous aurez la réponse (et vous allez vite la trouver) demandez vous alors si vous ne méritez pas mieux que ça.
Nous n’avons pas le pouvoir de faire des enfants juifs. Mais nous avons celui de faire des enfants libres. Des enfants qui choisiront ou pas de se convertir, qui n’auront pas honte d’être gay et qui pourront aimer, aimer et aimer encore sans avoir de comptes à rendre à qui que ce soit.
Nous ne leur donnerons pas l’identité.
Nous leur donnerons la liberté.
Celle que Dieu a voulu pour ses créatures.
Quand j’en aurais assez de porter le poids de conflits qui ne sont pas les miens, quand j’en aurais assez d’être une goye avant que d’être une femme, alors je partirai.
Mais peu importe la fin de mon histoire.
Aujourd’hui, il est une chose dont je suis intiment convaincue :
Quoique vous fassiez, quoique vous disiez, des milliers et des milliers de gens continueront de s’aimer envers et contre tout.
Et il n’y a rien que vous ne puissiez faire pour empêcher cela.

Rav Elyakim Simsovic
lun 09/12/2013 - 00:50

Avez-vous remarqué, chère révoltée, qu'à force de vouloir "raler", on fini par dire le contraire de ce qu'on semble vouloir dire ?
Vous écrivez - non seulement je cite, mais c'est un "copié-collé" :
“ Et il n’y a rien que vous ne puissiez faire pour empêcher cela. ”
Ce qui en bonne syntaxe française signifie que nous pouvons tout faire pour empêcher cela.
Oui mais voilà... Qui dit que nous voulions empêcher quoi que ce soit ?
Vous êtes libre, il est libre, vous êtes libre de réussir ou de rater votre vie.
Mais qu'importe ? Qu'importe si au long de votre longue plainte vous avez énoncé de nombreuses contre-vérités. Qu'importe que vous sachiez ou que vous préfériez ignorer que la lignée messianique d'Israël compte tant de femmes venues du dehors, venues de ce tronc commun d'humanité extérieur à Israël afin que la messianité d'Israël soit messianité pour l'universel humain.
Qu'importe que l'on confonde liberté et anarchie, qu'importe que l'on croie qu'obéir à ses instincts c'est être plus libre que d'écouter son devoir. Qu'importe que l'on croie qu'éduquer des enfants c'est les priver de repère, de les priver d'identité, de passé, de famille.
Ce qui importe peut-être c'est que vous vous tromper de cible et que vous nous accusez de crimes que nous n'avons pas commis. Mais il est vrai que nous les Juifs nous y sommes habitués.

Il y a de par le monde des dizaines de milliers de femmes et d'hommes - et il y en a eu des centaines de milliers à travers l'histoire - qui ont choisi de rejoindre l'aventure d'Israël et qui ont été accueillis avec joie et respect au sein de notre peuple. Ils ont donné des maîtres et des rabbins parmi les plus vénérés de la tradition juive.

Mais c'est vrai : en l'état actuel des choses, les enfants que vous lui donnerez ne seront pas Juifs. Il aura ainsi brisé la lignée qui depuis le fond des âges avait abouti jusqu'à lui. Ce n'est pas notre problème, à vrai dire, mais le sien. Le problème du sens de sa propre destinée.
Il reste que c'est quand même notre souffrance aussi.