Croire en Dieu?!

Shalom,
Et pourquoi pas ?
Dans la Torah, la première parole du Décalogue précise (Shemot 20:2) : « Je suis l’Eternel, ton D’, qui t’ai fait sortir du pays d’Egypte, d’une maison d’esclavage ».

Le Rambam (Maïmonide) commence son Livre des commandements ainsi :
“…qui nous a ordonné de croire en D’, qu’il y a une cause à chaque création, ainsi qu’il est dit : « Je suis l’Eternel ton D’ieu »“.

Toutefois, le Ramban (Nachmanide) ne manque pas de noter immédiatement dans son commentaire (ibid.): « J’ai vu que le “Halakhot Gedolot“ n’a pas compté ce commandement parmi les six-cents treize ». Il omet cependant (volontairement ?) de commenter cette affirmation. Selon le Ramban la définition de "commandement" est une chose qu'il nous est imposé de faire ou d'éviter. Sinon, ce n'en est pas un. Selon lui, il s'agit là d'un commandement négatif qui est compris dans le verset : « Garde [ces commandements] afin que tu n’oublies pas D’ieu » et n’a rien à voir avec notre verset.

En outre, Rav H’esdai Crescas dans son fameux Or Hashem explique : « Il se trompe complètement celui qui décompte comme commandement positif de croire en D’ieu… car cela fait partie des choses sur lesquelles la volonté et le choix n’influent aucunement et la foi les précède, on ne peut donc guère appeler cela un commandement » . C’est à dire, comment l’homme peut-il être ordonné de croire en la réalité de Celui qui l’ordonne ? Cette réalité est présupposée par le commandement en lui-même ! Et s’il a déjà accepté le fait de Son existence, peut-on le lui ordonner une seconde fois ?

Pour cette raison, entre autres, le Rav Avraham Ibn Ezra et le Rav Don Isaac Abrabanel acquiescent avec le Ba’al Halachot Gedolot qu'il n'y a pas de commandement de "croire en D'ieu".

Le Maharal de Prague explique que le verset vient nous affirmer, nous raconter, la présence Divine non pas comme un ordre, comme un commandement, pour dire « recevez Ma Royauté », mais plutôt pour nous dire quelque chose de plus profond : la phase première de la connaissance de l’existence de D’ on la connaissait déjà, cependant les mots « Je suis l’Eternel ton D’ieu » viennent exprimer la nécessité de la chose, il n’y a d’autre possibilité que de Le recevoir, car la Vérité n’est ni statistique, ni relative, ni subjective, elle est absolue sans possibilité d’être repoussée, réfutée. Selon le Maharal, l'identité Divine n'est nullement le fruit de notre volonté, de notre perception, au contraire, nos esprits sont limités et déterminés par la Volonté Divine. Ceci est par ailleurs ressenti comme un sentiment de "nécessité" par l'homme. Cette idée est exprimée par nos Sages dans une allusion profonde: le Mont Sinaï fut retourné sur nos têtes, alors que la Parole Divine retentit dans nos têtes : « si vous acceptez ma Torah, tant mieux, sinon, ici sera votre tombeau » .

Le Rav S. R. Hirsch va dans un même ordre d'idée dans son commentaire sur la Torah (Shemot 20:1) lorsqu’il affirme que « la vérité basique de l’essence juive n’est pas le fait de croire en D’ieu… mais plutôt le fait qu’Il m’a créé et me permet d'accomplir mon devoir; en effet, Il me crée encore et toujours, sans arrêt, me guide et me dirige… il me revient donc que par chacune de mes respirations je sanctifie Son Nom et à chaque instant je suis Son but uniquement… en effet, Lui seul permet mon action ».

De manière similaire, le Malbim (ibid.) distingue le « Je » (ani) du « moi » (anokhi). Ani (je) indique quiconque agit, alors que le terme anokhi (moi) vient annihiler toute autre existence . Cela veut dire que D'ieu, en se dévoilant, nous fait comprendre qu'il n'y a d'autre existence que la Sienne et notre force d'action nous provient de Lui.

Il existe de nombreuses autres approches, toutefois, le fait est qu'il n'est pas unanime qu'il y a un commandement nous astreignant de croire en D'ieu.
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Bonne chance.

Cordialement,