Les interdictions du Omer

Alexx
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dim 29/03/2015 - 23:00

Shavoua tov , pourriez vous s'il vous plait énoncer clairement les interdiction du omer . Merci d'avance.

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Rav Samuel Elikan
lun 06/04/2015 - 02:59

Shalom,

Interdits - quoi ?
Les interdictions du Omer sont principalement des décrets fixés par les Guéonim (650-1050 après l'ère chrétienne).

La première source écrite est une réponse de Rav Netronai Gaon (resp. Sha'arei Teshouva, § 278).
1) On y parle d'un ancien usage d'être un peu "en deuil" durant cette période et donc de ne pas se marier. La raison invoquée est la mort des disciples de Rabbi Akiva, tel que rapporté dans le Talmud (Bavli, Yevamot 62b). Toutefois, se fiancer ou se rencontrer n'est absolument pas interdit.
Dans le Sefer HaManhig (§106) on parle d'une interruption dans cette période de "deuil" à Lag BaOmer. Par conséquent, le Rav Yossef Karo, auteur du Shoulh'an Arouh' (dans le Beit Yossef), en conclue qu'après Lag Baomer, cet interdit n'est plus en vigueur. Mais il existe d'autres avis, comme nous le verrons par la suite. Si on est invité à un mariage à cette période, où selon sa coutume on n'a pas le droit de se marier, mais pour la coutume du H'atan, on a le droit - on a le droit d'assister au mariage, de manger et de danser (resp. Iggrot Moshé OH I,159).

2) Un autre usage est de ne pas se couper les cheveux durant cette période (pour une définition de celle-ci selon les différents usages, voir par la suite). Cet usage est écrit dans le Orh'ot H'ayim, Shibolei HaLeket, etc. qui sont des ouvrages médiévaux; ce qui a poussé certains à affirmer que ces usages sont une réaction aux "pogroms" chrétiens des croisades (cf. Minhagei Israël t.I, p. 105 et 112-117).
Toutefois, femmes et enfants n'y sont pas astreints (cf. resp. Iggrot Moshe YD II, 137), bien que certains estiment préférables qu'eux aussi ne se coupent pas les cheveux.

Certains en ont déduit qu'on n'a pas le droit de se raser, puisque c'est comme se couper les cheveux/poils... (Kaf HaH'ayim 551,66. Dans 493,19 il cite pourtant de nombreux décisionnaires qu'en cas de grosse perte d'argent que cela pourrait engendrer, comme perdre son travail, etc. c'est permis; c'est également l'avis du rav Moshé Feinstein, res. Iggrot Moshé OH IV, 102).

D'autres estiment, surtout de nos jours où beaucoup de gens se rasent quotidiennement, que l'on peut permettre (cf. Nefesh HaRav, p. 191, au nom du Rav Soloveitchik), surtout pour la veille de Shabat (cf. resp. Radbaz II, 687; Beour Halah'a 551,3; et c'est également l'usage qu'ont institué les rabbins Yéménites, cf. resp. Peoulat Tzadik II, 76 (alors qu'à la base, ils permettaient de se couper les cheveux pendant l'Omer...), cf. encore resp. Ner Ezra II, p. 155-158 qui conclue qu'on peut permettre et il ramène que c'est l'avis du Rav Min HaHar et du Rav A. Lichtenstein).
Mon maître, le Rav N.E. Rabinovitch estime également que c'est permis (resp. Siah' Nah'ou, § 30 - bien que lui-même ne se rase pas, hormis à Yom HaAtzmaout et Yom Yeroushalaim) et dit que chacun doit agir selon l'usage de son père, pour qu'il n'y ait pas de cas où le père est rasé et le fils (qui d'habitude se rase) - non et vice-versa. L'essentiel étant la paix et l'harmonie entre les générations et il est inutile de créer de vains conflits (cf. encore Pninei Halah'a (Melamed), Zmanim, 3,7 - Minhagei Avelout Bisfirat HaOmer).
En tout cas, on peut se raser à Yom HaAtzmaout - cf. la 7019.

Comme dit, on ne se réjouit pas trop durant cette période (MB 493,2), on ne se marie pas et ne nous coupons pas les cheveux.
Certains ont ajouté qu'il ne fallait donc pas dire "sheheh'yanou" à ce moment là, et de nombreuses personnes suivent cet usage, toutefois, si un fruit nouveau se présente ou qu'on achète un nouvel habit, on peut dire "sheheh'yanou" (MB, id.), bien que certains préconisent d'attendre Shabat, Rosh H'odesh ou Lag BaOmer (resp. Tzitz Eliezer XVIII, 41) et depuis quelques années Yom HaAtzmaout et Yom Yeroushalaim (cf. resp. Mishpetei Ouziel VII, OH 23 et hil. Yom HaAtzmaout veYom Yeroushalaim du Rav Prof. N. Rakover, p. 239-278 sur le fait de dire "sheheh'yanou" sur ces jours là eux mêmes).

Quoi qu'il en soit, si ce n'est pas notre usage on ne devra pas agir ainsi et on peut très bien réciter "sheheh'yanou" a priori durant l'Omer (certains écrivent même qu'il n'y a aucune source sérieuse à cet usage... - cf. Piskei Teshouvot OH 493, par. 2-3).

Hormis cela, comme on a dit qu'il était interdit de se marier et de "trop se réjouir", alors les décisionnaires en ont conclu qu'on n'avait pas non plus le droit de danser (MB, ibid s.k. 3 - sauf pour une "séoudat mitzva" dans quel cas le Maguen Avraham et le MB permettent).
De nombreux rabbins en ont déduit qu'on n'avait pas le droit d'écouter de la musique non plus (Aroh' HaShoulh'an, id. 2; Iggrot Moshé I, 166; Yeh'ave Da'at III, 30; etc.). Mais il y a lieu d'être plus flexible dans certains cas - cf. notamment la 68569. Mon maître, le Rav Rabinovitch, estime qu'il est cependant permis d'écouter de la musique "sérieuse" (resp. Meloumadei Milh'ama, §87).

Il y a encore un usage de ne pas travailler depuis le coucher du soleil jusqu'à la tombée des étoiles (Sh. Ar. 493,4 - il ne parle que des femmes, mais le MB, ad loc. dit qu'il en est de même pour les hommes). Cependant, les décisionnaires disent que de nombreuses personnes ne font pas attention à cela et que ce n'est pas grave, car il n'y a en cela aucune obligation (cf. H'ok Yaakov, 493, s.k. 12; Kaf HaH'ayim id. 12 au nom du Beit David; Aroh' HaShoulh'an, ibid.à la fin du siman; resp. Mishneh Halah'ot VIII, 215)

Quoi qu'il en soit, le Ramban (Vayikra 23,26, aussi rapporté par le Yaavetz, Mor OuKtzia sur OH 493) comprend que les jours de l'Omer sont moins comme des jours de deuil et plus comme des jours de H'ol HaMoed, durant lesquels on n'aurait pas le droit non plus de se couper les cheveux et de se marier; il y voit donc une similitude. Pour lui, il s'agit d'un grand h'ol hamoe'd entre Pessah' et Shavouot. On ne se réjouit pas trop pour ne pas mélanger les joies et non pas par tristesse ou deuil, selon cela. (Il se pose tout de même la question de la musique et des danses - permises à H'ol HaMo'ed. On pourrait éventuellement expliquer qu'il s'agit de décrets plus tardifs...)
Certains décisionnaires (cf. notamment resp. Badei Aharon (rav Re'em HaKohen), §32) en ont conclu qu'on n'avait pas le droit d'ajouter des coutumes et interdire des choses permises à ce moment là.
(Je pense qu'il fait allusion à certains rabbins plus ou moins contemporains qui ont interdit d'acheter ou d'innover un nouvel appartement durant cette période).

Quand ?
Il existe différents usages quant à la période exacte de ces interdits (cf. MB OH 493, s.k. 14 qui dit qu'en tout il faut 33 jours, peu importe quand, entre Pessah' et Shavouot - bien que la discussion de base ne touche que l'interdit de se couper les cheveux):
- De Pessah' à Lag BaOmer (Shoulh'an Arouh' OH 493,1).
- De Rosh H'odesh Yiar à la veille de Shavouot (Rema, id. seif 3).
- De Pessah' à Shavouot (usage du Ari, rapporté par le Sha'arei Teshouva sur le Sh. Ar. id. s.k. 8; cf. encore Piskei Teshouvot, id. s.k. 15).
- J'ai entendu que certains ont l'usage de Pessah' à Shavouot, sauf les vendredis (veille de Shabat), Rosh H'odesh Yiar et Lag BaOmer - mais je n'ai vu cela écrit nulle part.

Cordialement,