248 mots pour Madame ?

mick636
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dim 11/12/2016 - 23:00

sur l'origine des 248 et 252 j'avais entendu cela au sujet des bougies allumées le vendredi soir. On en allume 2 car ner(250) fois 2 = 500 = 248 + 252 donc on répare par là les membres de l'homme et de la femme(adam et eve) pour la première faute. Mais c'est peut être un avis que tout le monde ne partage pas.
Dans les livres de prière il est dit qu'on doit dit el meleh neeman lorsque l'on prie seul (sans miniane). Faut il y voir une façon de dire que celui qui prie seul est assimilé à une femme (dans le sens que la femme n'a pas la même obligation de prier que l'homme et n'a donc pas besoin d'aller prier en miniane) ?

Rav Samuel Elikan
lun 12/12/2016 - 07:30

Shalom,

1. Merci de votre contribution.

2. Je ne crois pas que le fait d'ajouter "el meleh' ne'eman" soit lié d'une quelconque manière à cela.

Essayons de comprendre - d'où vient ce phénomène de dire ces trois mots s'il n'y a pas de minyan ?

Le Beit Yossef (OH 61,3) rapporte un usage antique de dire ces trois mots "El Meleh' Ne'eman" à la place d'Amen (dont -El -Meleh' -Neeman est l'acrostiche) après la bénédiction "HaBoh'er Be'Amo Israël" (même en minyan !).

Cet usage se retrouve dans le Ra'avan (Berah'ot §184), Sefer HaManhig (§33), le Agour (§107) au nom du Rokeah' (§320 qui ajoute d'ailleurs que la kavana a avoir est la suivante : "El" - précédant la Création ; "Meleh'" - roi du monde entier ; "Ne'eman" - à la résurrection des morts).
L'Agour ajoute d'ailleurs que cet usage était tout à fait répandu à son époque en Allemagne et en France et c'était en lieu et place de répondre "Amen".
Le Mahari Koulon écrit (Shoresh §42) que c'était également son usage (en Italie).
Cet usage est encore rapporté dans le Sefer HaPardes provenant de la maison d'étude de Rashi (H'elek HaLikoutim, p. 90), ainsi que dans les "ta'amim" du Rabbi Yehouda HaH'assid (tel que le rapporte l'Agour, id.).

Toutefois, dans les Hagahot Maimoniot (hil. Berah'ot chap. 1, lettre 8) il est écrit qu'il faut éviter de le dire.
En effet, dit-il, bien que le Rav Méïr Aboulafia se soit opposé à cet usage (de remplacer Amen par El Meleh' etc.) qui n'a aucune source tant dans la Mishna que la guemara, quoi qu'il en soit, cela reste un usage ancien ! Toutefois, ce dernier fut annulé, nous assure le Hagahot Maimoniot, pour ne pas faire d'interruption (hefsek) entre la bénédiction et le Shema.

Le Beit Yossef ajoute que dans les Tikounei Zohar (Tikoun 10, 25b) il est fait mention de cette histoire de 248 etc. et que comme compromis - lorsqu'il n'y a pas de minyan et qu'on a n'a pas les trois mots de la fin (H' Eloheh'em Emet) alors étant donné que dans ce cas on veut atteindre 248 mots et qu'on a "moins peur" du hefsek, on peut "ré-instituer" ce vieil usage.
C'est-à-dire, selon le Beit Yossef, que pour des raisons kabalistiques, on reprend un vieil usage médiéval ashkénaze.

En réalité, le Ramban dans ses h'idoushim sur Berah'ot 11b, lorsqu'il parle de cet usage affirme déjà que son but était double - afin d'arriver aux 248 mots. Le Mah'zor Vitry (§89), le Rokeah', le Ra'aviah (Berah'ot I, §33) semblent aller aussi dans la même direction.

Quoi qu'il en soit, l'opinion affirmant qu'une femme doit ajouter "El Meleh' Ne'eman" même en minyan est minoritaire, l'avis général étant de ne l'ajouter, comme pour les hommes, que lorsque l'on prie seul.
(cf. resp. Meshiv Halah'a I, §273 ; resp. Rivevot Efraim (Grinblatt), I, §56 et II, §48, al. 31).

Cordialement,