Halakha orthodoxe et halakha massortie

taieb
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sam 16/01/2010 - 23:00

Chalom,

Suite à la réponse que vous venez de donner à la question 50527, j'aimerais savoir si vous reconnaissez la pluralité du Judaïsme, pourquoi refusez-vous de reconnaitre les conversions massorties ?

Merci d'avance !

Dr Michael Ben Admon
sam 23/01/2010 - 23:49

Chalom,

Pour la meme raison que les massorti ne reconnaissent pas les conversions liberales ! Chacun a ses criteres et n'est pas pret a les abandonner.
Vous me retorquerez sans doute que les Massorti ne refusent pas categoriquement toute conversion faite chez les liberaux mais verifient qui l'a faite, s'il y a eu mikve ou non...alors que les orthodoxes eux, refusent toute conversion massorti sans aucune differenciation. Cet argument est valable.

Il y a evidemment des considerations d'ordre politique dans la non-reconnaissance des conversions massorti; et ceci pour plusieurs raisons: tout d'abord, parce que si les criteres de conversion d'un tribunal rabbinique orthodoxe sont clairs et acceptes par tous, ce n'est pas le cas chez les massorti. En effet, chaque rabbin massorti a la marge de liberte qu'il souhaite dans la direction de sa communaute et c'est ainsi qu'on trouvera des communautes massorti tres proches de l'orthodoxie moderne et d'autres extremement eloignees de l'orthodoxie et bien plus proches du monde liberal. Aujourd'hui, la grande majorite des communautes massorti font partie de la seconde cateforie. Ainsi, tant le processus de conversion, tant la procedure formelle n'est pas reconnue comme valide aux yeux de la halakha.

On pourrait en effet considerer dertaines conversions faites par les rabbins proches de l'orthodoxie et envisager leur reconnaissance - peut-etre meme au-dela des considerations halakhiques et theologiques sur le statut du rabbin massorti et de sa conception de la conversion , mais je pense que ca ne se fait pas pour au moins deux raisons: tout d'abord, ces cas-la sont minoritaires et on ne fixe pas une regle sur la base d'un cas minoritaire; secondo, on touche la a un probleme politique majeur concernant la reconnaissance du mouvemenent massorti comme alternative legitime a l'orthodoxie. Cette reconnaissance, qui n'est pas a l'heure actuelle des choses, assimillable a la reconnaissance du statut legitime des hassidim comme courant parallele a la tendance lithuanienne au sein du Judaisme, ni a celle des siionistes religieux au sein de l'orthodoxie, est problematqiue. La coupure entre les deux mouvements est d'ordre politico-institutionnelle, et je precise que je n'englobe dans mes propos que les franges minoritaires du courant massorti qui se veulent soumis a la halakha et a son autorite. Peut-etre que dans les 50 annees prochaines, on assistera a un rapprochement institutionnel de ces deux tendances, de par l'implication communautaire de ses membres dans les cadres juifs et de par leur presence et volonte de faire perpetuer la halakha reellement; reellement, j'entends, dans son application et son respect et pas uniquement dans un discours sur la halakha qui ne gargarise que ceux qui le tiennent mais qui n'est pas transformateur pour ses auditeurs. je crois qu'un des problemes majeurs du monde conservative aujourd'hui est de ne pas avoir de communaute qui progresse vraiment dans le sens de sa halakha. Globalement, ce n'est pas un public qui se veut orthopraxe - comme dans les communautes orthodoxes d'ailleurs - et je ne pense pas qu'on puisse fonder une alternative halakhique d'envergure sans public consistant qui suive. L'orthodoxie a plus d'un tour dans sa poche pour alleger le poids halakhique certaines fois trop lourd qui pese sur les epaules du fidele et qui met en cause son identification au monde juif; mais elle ne transforme pas ces allegements en un mouvement institutionnellement separe.
Beaucoup de choses m'agacent dans le monde rabinique orthodoxe et sur pas mal de points la critique qui vient des cercles conservative est aussi la mienne; mais je fais entendre cette critique de l'interieur pour essayer de faire avancer les choses et non de l'exterieur sur le ton de la delegitimisation. L'unite du peuple passe aussi par cela.