Une escale du cote de la Haskala

Anonyme (non vérifié)
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mer 25/06/2003 - 23:00

Bonjour
qu''est ce que la Haskala?
merci du temps que vous m'accorderez.S'il vous en reste un peu, pourriez-vous repondre à laquestion 7327.
A bientôt.

Rav Elie Kling
ven 08/08/2003 - 23:00

La Haskala est le terme hebraique designant le mouvement d'idees qui traversa le judaisme europeen au 18eme et au 19eme siecle. Nee en Allemagne, elle prone l'ouverture du monde juif a la culture occidentale. Sans etre a proprement parle le premier des 'maskilim', Moise Mendelssohn (1729-1786) peur etre considere comme le pere spirituel du mouvement. Dans les annees 1760, sa traduction du H'oumach en allemand, accompagnee de son commentaire: le Biour, et l'ouverture a Berlin de la premiere ecole juive ou on enseigne a la fois etudes juives et etudes profanes, sont les premieres realisations tangibles de cette nouvelle ideologie. Apres sa mort, c'est le poete Naftali Wessely (1725-1805) qui anime le groupe de ses eleves. Son livre "Divre chalom veemet' ("Paroles de paix et de verite") est un veritable traite sur la tolerance et les 'Lumieres'. Le groupe a une revue ('Hameassef') et ses membres revent de voir les intellectuels non-juifs reconnaitre au patrimoine juif la place qu'il merite au sein des cultures humaines. Pour cela, l'emancipation politique ne suffit pas: il faut faire sortir les juifs du ghetto culturel dans lequel ils se trouvent. Le mouvement fait rapidement tache d'huile en Allemagne et en Autriche. Mais, trop souvent, les juifs emancipes ne se contentent plus de rechercher une synthese des deux cultures comme le souhaitaient les premiers 'maskilim' , mais s'assimilent entierement a la culture ambiante. On denombre meme de nombreux cas de conversion au christianisme. En Russie ou vivent les masses juives les plus importantes, les idees occidentales penetreront beaucoup plus lentement et beaucoup plus tard. Normal: les juifs russes, souffrant d'un antisemitisme violent, ont d'autres soucis que celui de s'ouvrir aux ecrivains et aux penseurs occidentaux dont ils ne comprennent d'ailleurs pas les langues. C'est l'epoque des 'cantonistes' ou le tsar enrole des enfants juifs a l'armee des l'age de 12 ans et pour plus de 30 ans afin de les russifier! Pourtant, c'est bien a Vilna qu'en 1828 parait 'Teouda beisrael' ("le temoignage d'Israel") dans lequel l'auteur, Itshak Levinsohn, demande a ses freres juifs de supprimer les murs du ghetto intellectuel pour respirer a plein poumons la culture europeenne. Des livres classiques de la litterature mondiale sont traduits en hebreu. Dans un deuxieme stade, la Haskala russe s'attaque au ritualisme traditionnel au nom d'une spiritualite juive que l'on veut plus 'ouverte'. Les maskilim s'en prennent a ce qu'ils appellent la superstition populaire, aux 'rabbins miraculeux' et au mouvement hassidique en general. Ils pronnent une emancipation culturelle , mais a la difference de ce qui s'etait passe en Allemagne, ils disent la vouloir solidement ancree dans des racines hebraiques. Ils developpent ainsi un sentiment national juif qui sera finalement a l'origine de la resurection de l'hebreu comme langue vivante et plus tard du sionisme politique. Rares sont les Rabbanim en Allemagne puis en Russie a avoir considere la Haskala avec bienveillance. La plupart lui reproche d'avoir precipite le processus d'assimilation. Certains pourtant, avec une perspective historique et parfois sur le moment meme, ont porte sur ce mouvement un regard plus complexe. Un exemple: aujourd'hui encore, la place a accordee aux etudes generales fait encore l'objet de discussions houleuses dans les milieux juifs respectueux de la halakha en Israel comme en Diaspora.
Cordial Chalom