Les maths, c'est de la Torah !

Olistone
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jeu 12/11/2015 - 23:00

Étudier les mathématiques ne devrait-il pas être considéré comme de l'étude de thora ?
Merci pour votre réponse

Emmanuel Bloch
jeu 19/11/2015 - 13:12

Chalom,

Reponse negative.

Mais il me faut expliciter d'abord le contexte de votre question, en esperant que je la comprenne bien, avant de detailler la reponse.

Le contexte general, c'est la place accordee aux "connaissances exterieures" dans le Judaisme: sciences, arts, etc. Pour une partie des autorites rabbiniques, ces connaissances ont une valeur tout au plus utilitaire: elles peuvent servir a avoir un metier et gagner de l'argent (parnassa), eventuellement a comprendre tel ou tel passage talmudique qui se base sur des connaissances mathematiques, physiques, ou autres, mais en aucun cas leur acquisition ne represente une mitsva. L'etude de la Torah, par contre, est l'obligation religieuse par excellence (mitsva) pour tout homme juif pratiquant. Dans cette vision, il est evident qu'on ne saurait considerer l'apprentissage des mathematiques comme une forme d'etude de Torah.

Selon une autre partie des rabbins, avoir des connaissances profanes est egalement une forme de "mitsva", ou est a tout le moins un acte religieusement positif. Si la Torah est la parole de Dieu, le monde autour de nous en est l'Oeuvre, et etudier l'Oeuvre de Dieu, c'est aussi avoir un contact avec le transcendant.

Plusieurs livres ont ete ecrits sur le sujet, mais je vais citer ici celui du rav Norman Lamm, Torah U-Maddah, qui se penche sur les approches du rav SR Hirsch, du rav Kook et de bien d'autres. Une critique que les opposants au livre ont formulee fut precisement : "si apprendre le 'hol est tellement important, pourquoi ne pas reciter sur cette etude la birkat ha-Torah" ?

Je n'ai pas souvenir que le rav Lamm ait formule de reponse (je me souviens d'autres reponses mais pas du meme auteur), mais a mon sens la reponse est evidente et est forcement negative. Premierement, meme si les deux "etudes" sont importantes, elles ne sont pas identiques, et la brakha a ete instituee sur la Torah specifiquement. Deuxiememe, l'etude des sciences est ouverte a tout le monde, l'etude de la Torah reservee aux Juifs. Par consequent, une brakha contenant les mots "acher kidechanou bemitsvotav" ne saurait etre recitee sur l'etude des mathematiques - seulement sur une action specifiquement juive.