suite a la question 12863:
Cher Rav Swhob,vous ecrivez:"Pour l'eau ou la daf c'est pareil.".
N'y a t il pas justement une difference entre de l'eau et une daf concernant le fait de les redeposer sur une plaque pour les sefaradim?
En effet,suivant plusieurs decisionnairs tels que le bet yossef(siman 318),un plat liquide ou en sauce qui aurait ete cuit avant shabbat et qui se serrait refroidi,si on sait que ce plat se malifie avec la cuisson,alors l'interdit de cuisson ne s'applique plus ,et le plat est considere comme sec a ce sujet.
Quel rapport avec notre sujet?
D'apres la guemara shabbat(28.)et ainsi conclu tossfot(26:),l'eau ainsi que le cafe sont des aliments qui se malifient avec la cuisson.
L'influence de tout ceci est: Un sefarad,quand il en a besoin peut deposer sur la plaque une casserole d'eau meme froide dans la condition qu elle ait ete chauffee(yad soledet ) avant shabbat(meme si la plaque fait chauffer a plus de yad soledet,tout comme un aliment sec).
Je ne developperai pas plus ce point ici,mais je vous invite a conslter cette alaha dans le Menouhat Aava du Rav Moshe Levy Zal (tome 2,Perek 10,note 93)
Quelques mots d'introduction pour les autres lecteurs:
Il est bien entendu qu'il est interdit de cuire le Chabbat. Qu'en est-il d'un
aliment deja cuit que l'on voudrait rechauffer? Est ce qu'il recuit au sens de
l'interdiction de Chabbat?
Si le plat ne contient pas de liquides (pommes de terres, riz, viande par exemple)
on peut le rechauffer dans les conditions decrites dans d'autres reponses. Le
fait de les rechauffer ne s'appelle pas cuire.
Par contre pour les liquides (soupes, sauces ou plats contenant un melange comme
la "daf" par exemple) c'est different. Le point central de la question ci-dessus
est de savoir si rechauffer un liquide cuit avant Chabbat s'appelle cuire et
donc est interdit, ou bien s'appelle rechauffer, comme pour les aliments secs
et donc serait permis.
Avant de passer a la note 93, je traduit le texte du Menouh'at Ahava au
paragraphe 5 (p314):
"...De l'EAU ou un autre liquide qui ont ete chauffe avant Chabbat jusqu'a
Yad Soledet et se sont refroidi, peuvent etre tiedie a cote du feu, DANS LES
CAS DE BESOIN IMPORTANT (1), meme a un endroit ou ils pourait se rechauffer
a plus de Yad Soledet a condition de faire bien attention de les oter de la bas
AVANT qu'ils n'atteignent la temperature de Yad Soledet (2)."
Les raisons invoquees sont liees a la cuisson.
Ceci dit, passons au paragraphe 27:
Dans la premiere partie nous lisons qu'il y a une interdiction de la Thora
de rechauffer un liquide qui a ete cuit avant Chabbat puis a refroidit.
Dans la deuxieme partie nous lisons:
" CERTAIN DISENT qu'un liquide qui a ete chauffe a la temperature de Yad
Soledet puis a refroidit, si on sait que ce plat se deteriore avec le supplement
de cuisson (3), comme de l'eau, alors on peut le rechauffer comme un aliment sec.
On peut se fier a cet avis POUR LES BESOINS IMPORTANTS"
Je conclue de tout cela que meme pour le Rav Moche Levy Zal, on n'a pas le
droit de rechauffer de l'eau sur la plaque meme si elle a bouillit avant Chabbat.
Pour un malade ou un bebe (besoin important) il autorise de rechauffer cette
eau en faisant attention qu'elle n'atteigne pas la temperature de Yad Soledet (45deg).
Dans les memes cas de besoin importants il existe un avis moins stricte sur
lequel on peut se baser, mais en aucun cas c'est l'avis a suivre dans la vie
courante.
Ni le Rav Mordechay Eliyahou ni le Rav Ovadia Yossef n'autorisent de rechauffer
un liquide qui a refroidit et qui se deteriore en chauffant (3). Cela releve
d'une interdiction de la Thora. Le Michna Broura aussi comprend la Halacha pour les Sefaradim de cette maniere.
Je maintient donc la reponse No12863, mais vous pouvez suivre le Rav Moshe Levy
Zal, si c'est l'avis de votre Rav.(4)
En ce qui concerne la note no 93:
Le Beth Yossef (5) rapporte les differents avis des Richonim (6) a propos de
notre question, cela ne veut pas dire qu'il est d'accord avec eux. Essentiellement:
1) Il y a une interdiction de la Thora de rechauffer un liquide, meme cuit,
qui a refroidit (Smak, Rachi ,Roch).
2) Il est totalement permis de rechauffer un liquide qui a cuit puis a refroidi
(Rambam ,Ran).
3) Cela depend du genre de liquide: si ce liquide froid s'ameliore en se rechauffant,
c'est interdit, sinon c'est permis. (Rabenou Yerouh'am au nom de Rabenou Yona) (7).
Evidemmment chacun apporte ses preuves du Talmud. Comment Rabbi Yossef Karo
a-t-il tranche la Halacha dans le Choulh'an Arouch? Dans le paragraphe 318-4 (et 318-15) il semble que se soit suivant l'avis de Rachi (et du Tour) (No1), mais le paragraphe 318-8 semble indiquer que ce soit l'avis de Rabenou Yerouh'am (No3).
Les commentateurs du Choulh'an Arouch discutent la question:
1) Le Taz (note 3), le Magen Avraham (note26) et le Michna Broura comprennent le Ch.Ar. suivant l'avis no1 c-a-d qu'il y a une interdiction de la Thora de rechauffer un liquide refroidi, independemment du fait qu'il s'ameliore ou non.
Le Taz tranche la Halacha comme Rabenou Yeroucham en suivant la note du Rema (8), mais ce n'est pas pour lui, l'avis de Rabbi Yossef Karo. Le Magen Avraham, apres avoir clairement dit que pour lui c'est l'avis No1 qui a ete retenu, ne fait que soulever l'eventualite que le Ch.Ar. ait tranche comme Rabenou Yerouh'am. Regardez dans le texte integral et pas que dans les citations.
2) D'autres, interprettent le Ch.Ar. suivant l'avis No3.
Le Rav Moche Levy Zal penche pour le second avis, mais comme dit plus haut la maniere habituelle de comprendre le Choulh'an Arouch n'est pas comme cela, c'est pourquoi, il me semble, le Rav Levy Zal lui meme n'a autorise l'avis de Rabenou Yerouh'am que dans les cas extremes.(9)
Si vous etes d'accord.
(1) Les cas de besoin important sont definis dans la note 15: pour un malade
ou un bebe. Le Rav Moche Levy Zal insiste dans cette note qu'il ne faut
autoriser que dans ces cas la.
(2) Remarquez que la temperature consideree comme Yad Soledet (la main s'en
ecarte) est generalement de 45 deg., mais dans la note 14 elle est definie
aux alentour de 60-65 deg. C'est une H'oumra quand vous considerez le refroidissement,
voir fin du paragraphe 6, et note 24.
(3) "Mitztamek Vera Lo" = Se deteriore lorsque la cuisson le reduit.
(4) Le Rav Moshe Levy Zal fut une etoile filante. Le Rav Ovadia Yossef le considerait
comme son successeur potentiel. Il nous a quitte trop tot a l'age de 36 ans.
Les sentiers de la Providence nous sont imperceptibles.
(5) Commentaire de Rabbi Yossef Karo, auteur du Choulch'an Arouch, sur le Tour.
Le Ch.Ar a ete ecrit apres le Beth Yossef.
(6) Commentateurs du Talmud et decisionnaires apres l'epoque des Gaonim, du
11eme au 16eme siecle.
(7) Voir Beth Yossef Or.Ch. 318 et 253.
(8) Rabi Moche Iserless
(9) L'eau effectivement est consideree comme "Mitztamek Vera Lo", Talmud Chabbat 38a et Tossafot 36b. Ce principe s'applique en general a des aliments deja chauds, dont on poursuit la cuisson, comme l'explique Tossafot. (Il ne parle pas du cafe). La nouveaute de Rabenou Yerouh'am fut de l'appliquer aussi a des plats froids, ce qui pose quelques problemes pour comprendre l'ensemble de sa pensee.