
Suite à la question 50346.
Merci rav Kohn pour la rapidité et la pertinence de votre réponse.
J'ai deux remarques si vous me permettez (et en liminaire ne vous offusquez pas de mes interrogations à la lecture de votre réponse).
Sur la forme:
Si nous revenons à la base: la Torah ne se réduit pas en fait au Houmach.
Le Houmach ne serait que le support historique pour nous faire découvrir des principes et des lois antérieures non seulement au déroulement des évènements qu'ils narrent mais aussi à l'univers en entier.
Alors pourquoi l'appeler la Torah ? Puisque le Talmud dans son acception la plus commune 'inclut' le Deutéronome, pourquoi ne disons nous pas que la Talmud n'est qu'une partie - compréhensible et applicable - de la Torah divine ?
Il y a là une contradiction première dans la terminologie:
ce que l'on appelle la Torah (chebihtav ou chebealpé) ne serait alors qu'une restriction de la vraie Torah ? Qui elle est hors de notre portée ?
Comment imaginer que des millénaires de limoud soit passé à côté de ce problème de nomenclature ?
Sur le fond à présent:
On ne peut concevoir DEUX Torah mais si nous ne pouvons percevoir qu'une partie infime, a quoi nous sert t il de la posséder dans son ensemble ?
Pourtant lors de la controverse entre Moshé et les Melakhim au moment du Matan Torah, il est explicitement mentionné que la Torah (oui mais laquelle???) appartient a présent aux hommes et réside sur Terre.
De même on ne saurait ignorer la dispute en Rabbi Eliezer ben Hyrcanos et le beth din concernant le fameux four impur/pur : Hachem lui même se réjouissait de cette appropriation pourtant à l'encontre de la loi (mais quelle Loi???) stricte !?
On ne peut donc pas posséder pleinement un bien si on ne peut même pas en délimiter les frontières.
Dire que nous sommes en puissance d'un trésor de toute façon inaccessible est incompréhensible pour ma petite personne.
Mais continuons, je vous prie.
Suivons votre raisonnement, avec tout le respect que votre sagesse m'impose.
Et si cet ensemble de lois - humainement compréhensible et applicable (suivant votre référence Devarim 29, 28) - est exigible de nous, comment prouver qu'elle n'a qu'un unique support (le Talmud) et pas plusieurs (ma question en fait essaie de répondre à ceux qui revendique un nouveau Livre sacré)?
Qui nous dit alors que la projection de cette Sagesse transcendante est unique ? Lorsque des h'iloni vous disent que faire du bien et être en paix avec leur conscience suffit a les rendre parfaitement yehoudim (alors qu'il ne sont pas chomerim mitsvoth), comment au final contre-argumenter:
-Ok vous avez le Talmud et ben moi j'ai ma conscience (qui m'impose comme par hasard de ne pas faire chabbat ou de ne pas faire la Brit a mon fils ou de fréquenter cette jolie goya). Et ma conscience a moi aussi est réputée universelle !
(Je vous fais grâce des discours que la chrétienté à entretenu au cours des siècles passés entre deux buchers et de l'Islam qui ne s'embarrasse pas vraiment de ce genre de problème philosophique.)
Vous voyez à mon sens, suivre une hypothèse de restriction (le Talmud n'est qu'une -partie de la Torah divine) revient a permettre les controverses inextricables. Ça n'aide pas à renforcer la emouna et "savoir quoi répondre aux méchant".
Tandis que réaliser que le Talmud (et la Kabbale et les Midracims etc) EST la Torah pleine et entière est de loin bien plus clair. Et ne souffrirait aucune mahloket.
Ça reviendrait aussi a rendre comme vous l'avez dit la Torah has vé chalom surannée et cruelle. Or ça ne peut pas être cela.
On se retrouve encore et toujours dans l'impasse:
-Soit c'est une restriction et ça ne va pas.
-Soit c'est une complétude et ça ne peut pas aller.
Je m'aperçois que mon texte est BEAUCOUP trop long et je vais essayer de synthétiser:
la réponse que vous m'avez fournie ne fait que renforcer l'aspect mystique de la Torah sans définir (formellement ou fondamentalement) ni ce qu'est la Torah, ni ce qui n'est pas la Torah.
Dans les deux cas en tous cas, on ne répond aucunement aux questions incidentes comme par exemple:
Comment concilier dans une seule et même Torah les actes des Avots avec les règles auxquelles nous sommes tous soumis ?
Ou alors a envisager des restrictions "dynamiques" i.e. que nos avots percevaient plus de Torah divine que nous et étaient autorisés à commettre des actes qui pour nous restent répréhensibles. Mais là, on est en plein pluralisme Toraïque. Et c'est impossible.
Bref, c'est compliqué tout ça, et je n'aimerais pas être le prof de Kodesh à qui des élèves poseraient cette question pourtant si évidente ;-).
merci en tous cas pour votre réponse, même si je reste sur ma faim...
Il est exact que la Tora ne se réduit pas au Pentateuque, ni même au texte de la Bible. Ce mot est à prendre comme un terme générique qui embrasse la loi orale, c’est-à-dire les enseignements donnés à travers les siècles par nos Maîtres, tout autant que la loi écrite, c’est-à-dire l’intitulé des six cent-treize mitswoth.
Ces enseignements, d’abord oraux puis consignés par écrit, possèdent la même valeur obligatoire que les textes sur lesquels ils s’appuient. C’est là le postulat de base sur lequel s’appuie le judaïsme dit « orthodoxe ».
Il faut se garder, par conséquent, de prendre le mot « Tora » au pied de la lettre.