Conversation 10846 - Liberaux-orthodoxes, meme combat

Anonyme
Vendredi 17 octobre 2003 - 23:00

Bonjour,
J'ai été converti il y a quelques années dans le cadre du Judaïsme libéral car je me sens plus proche de sa vision du monde. J'ai été prévenu dès le départ du problème de non-reconnaissance de ma conversion par les autorités orthodoxes, et c'est en pleine connaissance de cause que j'ai poursuivi dans cette voie. Par ailleurs, je nourris ma spiritualité aussi bien chez les orthodoxes que chez les libéraux et je ne fais pas de distinction de valeur. Ma question est la suivante : quels sont les motifs de division, et quelles sont les perspectives d'avenir ? Peut-on envisager qu'à l'avenir les différnets courants du Judaïsme se rapprocheront et travailleront ensemble dans le respect des différences ? Après tout, le Judaïsme a connu dans son histoire de nombreux mouvements, et il faut bien dire que les antisémites ne font pas de subtils distingos !

Rav Elyakim Simsovic
Dimanche 19 octobre 2003 - 23:00

L'un des motifs principaux est que Dieu ne nous a pas demandé de nourrir notre spiritualité ici ou là, mais de rédimer le monde grâce à Ses commandements.
La "vision" libérale consiste à considérer les commandements de la Thora comme caduques dès lors qu'ils ne répondent pas à l'idée que les libéraux se font de la modernité. Caduqes au sens où on pourrait les pratiquer "en esprit" détachés de la lettre.
Ils n'ont aucune considération véritable pour le Talmud et ses maîtres, au-delà de la vénération spécieuse qu'on voue à l'ancêtre aujourd'hui décrépi mais qui fut grand en son temps de gloire. Il n'a en tous cas plus aucune influence sur notre vie.
Je soupçonne de plus le monde libéral d'être particulièrement vaniteux et orgueilleux, parce qu'il considère les géants de la tradition juive orthodoxe depuis la fin du 18ème siècle comme des minus habens qui ne se seraient pas posé les questions intelligentes et n'auraient pas su donner les réponses adéquates aux assauts de la modernité technologique comme si celle-ci avait représenté quoi que ce soit de positif dans le progrès moral de l'humanité.
Enfin, le monde libéral a mis fin à l'idée de son appartenance au PEUPLE d'Israël, renonçant définitivement à sa nationalité pour se réduire à une croyance religieuse vaguement inspirée de ce qu'on appelle le mosaïsme et le "message" des prophètes.

Tout ce que j'ai écrit ci-dessus est nécessairement partiel, partial du même coup, largement sans nuances et ne tient pas compte de l'extrême dévouement de certains membres des communautés libérales, en France ou ailleurs, à la cause juive. Cela ne met pas non plus en cause la sincérité du sentiment religieux ni la ferveur qui peut l'accompagner.
Hélas, les idolâtres étaient aussi des croyants fervents et sincères.
Quant aux antisémites et aux non-Juifs en général, ils n'ont aucune place dans ce débat de famille et le fait qu'ils aient gazé et brûlé de bon chrétiens ou de bons païens qui avaient pour seul tort d'avoir pour ancêtre quelqu'un qui avait croisé le chemin d'un Juif ayant abandonné son peuple et sa foi n'est nullement de nature a nous faire réviser les lois éternelles du Dieu d'Israël.
Quant aux mouvements, comme vous dites, que le judaïsme a connus, ils ont certes laissé des cicatrices et parfois des infirmités dans le corps meurtri de leur peuple martyrisé, mais ils ont fini par disparaître dans les tourmentes qu'il a connu. Finalement, on renie plus facilement sa foi que sa mère...