Conversation 14355 - Les parties silencieuses du chema

Anonyme
Dimanche 7 mars 2004 - 23:00

j ai une question qui me taraude depuis quelques temps deja.
y a t il une raison pour que des morceaux du chema, entre "vehara..." et "âl aarets tova" ou encore apres "chema israël", la phrase "baroukh chem kevode malkhouto leolam vaede" soient dites soit a voix basse ou dans la tete ?
j ai entendu plusieurs raisons a cela, et une reponse de votre part m aiderai.
kol touv

Rav Elyakim Simsovic
Dimanche 7 mars 2004 - 23:00

Pas dans la tête, à voix basse.
Le deuxième passage, (à partir de "pen yifté lévavékhem... vé'hara af... " jusqu'à "mé'al" et on reprend à voix haute pour "haarets hatova") est dit à vois basse car il s'agit de ce qu'on appelle une tokha'ha, c'est-à-dire une mise en garde sévère qui comporte une clause de sanction grave, et certaines choses se chuchotent pour être mieux écoutées.
En ce qui concerne le "baroukh chem kévod..." cela tient au fait que le monde étant tel qu'il est encore, plein de souffrances et de violences, dire à voix haute que ce monde fait honneur à son Créateur ne va pas sans problème. Cela suppose la reconnaissance derrière l'ordre des choses de la réalité une vérité plus intérieure mais qui reste plus à faire qu'à simplement être affirmée. Sinon, on risque de tomber dans l'attitude que Voltaire reproche à Leibnitz, car tout n'est pas pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Cette vérité est dans la conscience du fait que la perfection de ce monde réside non dans son état mais dans le fait qu'il est perfectible et que cette perfectibilité est du ressort de la volonté des hommes, de sorte que le mérite soit aussi le leur.
Cette phrase ne peut donc être ni dite à haute voix car elle ne correspond pas à la réalité objectivement connue, ni passée sous silence car elle porte un témoignage fondamental concernant notre responsabilité pour l'établissement du règne que nous invoquons : le moyen terme entre le silence et la parole, c'est une fois de plus, mais pour une autre raison, le chuchotement.
Pour la halakha; l'un et l'autre passge doivent être dit suffisamment fort pour que notre propre oreille entende ce que notre bouche dit et suffisament à voix basse pour que le voisin n'entende rien d'autre qu'un murmure où on entend les sons sans distinguer les mots.

Anonyme
Samedi 13 mars 2004 - 23:00

a propos de la question 14355 pour le chema...
je ne suis pas d'accord avec votre réponse pour le "baroukh chem kevod.."pourquoi on le dit à voix basse
il y a deux expications pour cette phrase
1- c'est yaakov quand il a appris que son fils yossef etait mort, il a dit a voix basse 'baroukh chem kevod malkhouto...."
2- quand moshé est monté au ciel il a entendu des mal'akhim qui chantaient à voix haute "baroukh chem kevode malkhouto..." et c'est pour ca qu'on dit à voix haute à kippour cette phrase parce qu'à kippour on est comme des anges
Bonne continuation pour votre site.
(Si je me suis trompé dans les prénoms excusez moi je vais faire des recherches et si il s'avere que ce que j'ai marqué est inexact, je corrigerai.)

Rav Elyakim Simsovic
Samedi 13 mars 2004 - 23:00

Quel bonheur d'avoir des contradicteurs !

Citons donc le Talmud : Pessahim 56a.
1. Lorsque que Jacob a voulu dévoiler la fin des temps d'exil (legaloth ett haqets) à ses fils sur son lit de mort, la prophétie s'est obscurcie. Il fut pris de panique se demandant si peut-être il y avait parmi ses fils qui étaient indignes. Il lui ont répondu : Ecoute Israël notre père, de même qu'en ton coeur il n'y a qu'un Dieu, de même en notre coeur il n'y a qu'un Dieu : Hachem Eloqénou Hachem E'had, sur quoi Jacob s'est exclamé Baroukh Chem Kévod Malkhouto lé'olam vaed !

2. Le Talmud s'interroge : Que faire ? Moïse ne l'a pas dit (ce n'est pas écrit dans la Thora). Mais Jacob l'a dit (à noter que ce n'est pas non plus écrit dans la Thora, ce qui signifie qu'il y a allusion ici à des choses, disons, cachées). Il fut donc décidé de le dire à voix basse (behachaï, ce qui plus qu'à voix basse signifie secrètement).

3. Le Talmud ne se contente pas de cela. Il rapporte une illustration, un machal (comme si besoin était) : Machal lébat melekh chehéri'ha tsiqé qédéra. Tomar, yech lah guénaï, lo tomar yech lah tsa'ar. Hit'hilou avadéha léhavi bé'hachaï.
La princesse a respiré une odeur de Tsiqé qédéra, Des fonds de casseroles. Pas une nourriture de princesse. Oui, mais voilà, ça lui fait envie. Ne rien dire = souffrance, en demander = honte. Ses serviteurs lui en ont apporté en secret. C'est cela l'état de notre monde, que la princesse - la Chékhina - respire. C'est ce monde qu'elle désire car il est la condition du mérite à obtenir. Mais tel qu'il est, il n'est guère à Sa mesure. Alors nous lui apportons cette louange en secret.

Je me permets de vous suggérer une règle de méthode : avant de dire si vous êtes d'accord ou pas, demandez-vous ce que signifie le commentaire que vous découvrez. Peut-être pourrez-vous ainsi apprendre quelque chose ?
Mais vous croyez peut-être que j'expose des idées personnelles, des "opinions" ? Rassurez-vous : ce n'est pas le cas. Et si c'était le cas, il resterait encore le principe : "eyn méchivim 'al hadrash". Un drash est une analyse qui met en lumière un aspect particulier d'un enseignement traditionnel. Sa forme est secondaire : ce qui compte c'est le contenu qu'il énonce.

Pour finir, je ne connais pas de référence de ce que vous dites à propos de Jacob et de Joseph. Concernant les anges, on le rapporte le plus souvent à la vision d'Ezéchiel (va'echma aharay qol raach gadol). Un midrach (Yalqout Chimoni Vaethanane remez 834) dit que lorsque Moïse est monté "en-haut" il a entendu cette louange de la bouche des anges et l'a ramenée à Israël. Et pourquoi le disons-nous à voix basse, hé bien dit le midrach, un voleur ne tient pas à la publicté...