Conversation 14409 - Cheese Burger cachers ? et son oeil !
Chers Rabbanims,
Je vous écrit car j'ai lu quelques réponses qui traîtait de "l'oeil de l'autre".
En effet, vous dîtes que lorsque l'on mélange de la viande avec du lait d'amandes il faut disposer quelques amandes à côté du plat pour montrer à celui qui ne saurait qu'il s'agit du lait d'amande que nous ne transgressons aucun interdit.
Certes, cette pratique est tout à fait justifiable et je la trouve très bonne.
Elle est si importante qu'un rav m'a même dit qu'il ne faut même pas entrer dans un Mc Donald's pour aller aux toilettes ou acheter une bouteille d'eau, de oeur qu'un juif "ignorant" nous verrait et croirait qu'il est autoriser de manger dans un endroit pareil.
Mais dans ces cas là, il faudrait préciser que beaucoup de restaurants à paris vendent des "Cheese Burger" avec de "fausses" plaques de fromages faites avec du soja, ces plaques étant disposés sur la viande.
De plus, le lait d'amande à la couleur et la texture du lait, mais pas le goût alors que ces plaques de fromage parvé ont la texture, la couleur et le goût aussi.
Il y a bien d'autres exemples :
Dans les restaurants cashers italiens, il y a des pâtes bolognaises avec de la viande de soja, ou des substitus de crevettes qui ont exactement la forme des crevettes non cashères.
On va même jusqu'au "hot dog parvé" parsemé de gruyère et mis au four.
Il faut également préciser que l'ignorance de certains juifs est très grande, puisque l'on m'a une fois arrété dans la rue car je porte la kippa, et l'on m'a demandé "escusez-moi, je suis juif et je voudrais savoir ce qu'est la viande casher". Je me doute que cette personne connaissent les lois de séparation du lait et la viande. Elle passerait devant une salade de substitue de crevettes, elle penserait surement que les crevettes sont cashers ou que l'on peut manger des "Cheese Burger".
Ce que je veux dire c'est que le principe de "l'oeil de l'autre" est très important et je le comprend, mais pourquoi est-il si peu respecté dans beaucoup de restaurants, pourquoi le Beth Din donne-t-il une attestation de cacheroute, et dans ces cas-là, a-t-on le droit de manger tous ces substitus en public ?
Je pense que le critère "discriminant" est ce qu'on appelle la notoriété publique. Il est vrai qu'une personne peut être ignorante, mais on ne peut raisonnablement fonder un comportement que sur la base des données majoritaires.
S'il en était autrement, la vie deviendrait très vite impossible.
C'est aussi pourquoi il existe un principe talmudique selon lequel on n'établit pas de "haie" autour d'une "haie" précédente. Certains interdits sont en effet fondés sur la nécessité d'éviter que la loi elle même soit transgressée. Au bout d'un moment, la "haie" s'est intégrée à la loi et certains estimeraient qu'il faudrait la protéger à son tout. La halakha s'y oppose fermement : la régression irait à l'infini (eyn ladavar sof) et on finirait par faire une haie à la haie de la haie de la haie...
De même pour le marit ‘ayin, que vous appelez "l'oeil de l'autre".
Mais étant donné aussi qu'on n'a pas le pouvoir d'interdire ce qui est permis et que nous ne faisons plus de nouvelles taqanot outre celles qui nous ont été léguées par nos prédécesseurs (je ne parle pas ici des taqanot locales d'organisation des communautés, même lorsqu'elles sont à caractère religieux, mais de taqanot à l'échelle de tout Israël), ces trois facteurs ensemble font que certaines choses parce que à la fois permises dans le principe et courantes ne tombent pas sous le coup de marit ‘ayin.
Et même l'exemple que vous citez des toilettes du MacDo n'a de valeur que si c'est un endroit où passent de nombreux Juifs, et que vous soyez reconnaissable ou identifiable. Sinon, c'est une houmra qui contredit le principe selon lequel "un danger est plus sérieux qu'un interdit". Or la soif ou la rétention d'urine, par exemple, sont considérés comme des dangers qu'il ne faut pas négliger.
Ah ! rien n'est simple. Mais pourquoi compliquer davantage?