Conversation 16562 - Insertion des pioutim dans la priere

Erico
Jeudi 27 mai 2004 - 23:00

En Espagne, au moyen âge, l'insertion de pioutim au milieu des prières était une pratique courante.
Les pioutim sont en effet référencés d'après leurs destinations liturgiques: Ahava, Geoula, Mi kamokha, etc...Cf ainsi les pioutim de Juda Halevi, Avraham Ibn Ezra, Shlomo Ibn Gabirol, etc...

Il semble que les gueonim étaient divisés à ce sujet, certains étaient indulgents, d'autres interdisaient ce qu'ils considéraient être une interruption de la prière.
1) pourriez-vous me donner les références et les différentes opinions des gueonim à ce sujet?
2) pourquoi cette insertion pose tant de problèmes de nos jours, puisque nous pouvons nous appuyer sur une pratique certaine qui date de 1000-1300, c'est à dire des rishonim?

Rav Elie Kahn z''l
Mercredi 16 juin 2004 - 23:00

Les pyoutim (intercalation poétique au sein des prières traditionnelles) sont effectivement sujets à discussion depuis les temps les plus reculés. On ne leur reproche pas seulement de constituer une interruption de la prière, mais aussi leur style insipide ou ampoulé, l'ennui qu'il cause au cours de la prière en la rallongeant éxagérément etc..
Une des opposants les plus connus fut Rabbi Abraham ibn Ezra (dans son commentaire sur Kohélet, 5, 1). Il s'oppose au pyoutim car ceux-ci sont écrits de manière énigmatique et demandent pour être compris une concentration qui nuit à la prière elle même. De plus ils ne sont pas écrits en hébreu pur, mais dans un mélange d'hébreu et d'araméen. Il cite encore d'autres raisons à la base de ses réticences, comme par exemple le fait que les pyoutim soient basés sur une compréhension midrachique et non pas littérale des textes.
Selon d'autres, c'est justement cette caractéristiques des pyoutim qui leur donne leur importance.
Parmi les opposants qux pyoutim vous pourrez trouver aussi Rabbénou Beh'aye -H'ovat Halevavoth, 5, 5), le Rambam qui considère qu'ils constituent une interruption, le Rachba etc...
Rabbi H'aïm Bakhrakh écrit qu'ils n'ont ni goût ni odeur (H'avat Yaïr, 338).
On leur trouve aussi de fervents défenseurs. Dans les responsa Techouva Méahava (1, 1) vous trouverez les références..