Conversation 17542 - Les juifs, Epicure et le bonheur

foueche
Jeudi 24 juin 2004 - 23:00

Question philosophique
Les Epicuriens, école grecque avaient une vision bien spécifique du bonheur, il y avait 3 "ordres" à respecter :
1- Satisfaire tous ses besoins naturels
2- Avoir plein d'amis
3- "D. existe, Qu'est on par rapport à D., sa grandeur fait qu'il ne s'occuppe pas de nous, nous nous occuppons pas de lui", de plus, il ne faut pas avoir peur de la mort, puisque nous verrons jamais notre propre mort. Et vivre chaque jour comme le dernier.
Quelle est la position juive sur le bonheur ? Est elle en rapport avec le bonheur d'Epicure ? et que pense le judaïme de la 3ème question en particulier ?
Merci !

Rav Elyakim Simsovic
Lundi 2 août 2004 - 23:00

Votre résumé de la philosophie épicurienne est un peu simpliste mais ce n'est pas le rôle du site de corriger cela.

Le raisonnement concernant la peur de la mort est un parfait sophisme. Ce n'est pas en effet l'instant de la mort qui est source de frayeur, mais l'idée de "l'après".
Vivre chaque jour comme si c'était le dernier, oui, certes ; ce qui signifie être à la fois conscient de la précarité de la vie et ne pas remettre à demain la téchouva indispensable dès aujourd'hui. C'est-à-dire avoir une conscience aiguë de l'importance du temps dans l'économie de notre vie et qu'il s'agit d'un trésor qui n'est pas inépuisable.

Le raisonnement concernant l'incommensurabilité des relations entre Dieu et nous a déjà été depuis longtemps pourfendu par les maîtres juifs du Moyen-âge, Rabbi Juda Halévy, Maïmonide, pour ne citer que ceux-là. Il s'agit d'un raisonnement philosophique qui en réalité se trompe d'adresse : il ne parle pas de Dieu mais de l'idée de Dieu que se fait la philosophie grecque. Et en effet, une idée n'a jamais de relation avec personne. Mais le Dieu de la Thora n'est pas une idée abstraite ; et si ce sujet vous intéresse et que vous êtes armé pour l'aborder, l'article de Monsieur Gordin : "Dieu dans la philosophie religieuse" (in Jacob Gordin, Ecrits, Albin Michel 1995) est là pour vous.

Quant à la position juive sur le bonheur, elle est exprimée en particulier par le roi David dans le tout premier Psaume. A lire, à étudier, à méditer (avec l'aide en particulier de la brochure Mayanot, cours transcrit du rav Askénazi, "Le salut du Juste".)