Conversation 18528 - Problemes de cacherout suite a une greffe

gamzouletova
Mardi 20 juillet 2004 - 23:00

Je suis desolee mais, j'ai a vous poser une question plus qu'urgente. Je connais une dame qui dois subir une greffe de la moelle epiniere pendant les fetes de tichri dans une ville ou elle n'habite pas. Apres la greffe, elle devra rester a l'hopital, dans une chambre sterilisee, une bulle ou le moindre objet qui y entre doit etre sterilise ... du genre un stylo ...
Le probleme qui se pose et ce qu'elle va manger sachant que entre le moment ou le repas commence a etre prepare jusqu'a ce qu'elle le mange, il ne faut pas qu'une heure se soit ecoulee.
Comme je vous l'ai dit, ce sera pendant les fetes et donc, la personne qui lui amenera le repas devra marcher pour le lui apporter .... et il y a le probleme de l'heure a respecter.
Son mari a demander au Rav de la ville ou ils habitent si pour des raisons medicales, elle peut accepter de manger ce que l'hopital lui donne et il a repondu qu'elle ne pouvait pas accepter.
Je voulais vous poser la question pour avoir votre avis. Si votre reponse est differente, le mari peut il ecouter votre avis, s'il a deja eu un premier avis ....

Rav Elyakim Simsovic
Jeudi 22 juillet 2004 - 23:00

Je tiens d'abord à préciser que je ne viens pas empiéter sur les décisions ni les prérogatives d'un rabbin local souverain dans sa communauté (bien que l'avis tel que rapporté me paraisse étonnant) mais apporter une contribution à l'analyse de la question pour aider à lui trouver une solution pratique.
Et donc à titre consultatif, voilà comment nous répondrions :

1. Le Choulhane Aroukh traite du cas d'une personne prise d'une crise de boulimie et dont on considère que la vie est en danger. En désespoir de cause, lorsqu'il n'existe pas d'autre nourriture disponible, on lui donne à manger n'importe quoi jusqu'à ce qu'il s'apaise (Or. H. 618:9) et on précise (Michna Broura note 27) que si on dispose de nourriture non cachère immédiatement disponible et que cela prendrait du temps d'apporter de la nourriture cachère, on lui donne de la nourriture non cachère à cause de l'urgence.
2. Le Choulhane Aroukh (Yoré Déa 155:3) traite des aliments qui contribuent à la guérison du malade, ce qui inclut au premier chef les médicaments, qui autorise en cas de danger la consommation de n'importe quel aliment interdit.
3. Cf. aussi Yabia Omer du rav Ovadia Yossef, vol. VIII, Or. Hayim 37. (qui envisage aussi l'aspect violation du chabbat)
4. Pour une analyse des divers aspects du problème de la nourriture non cachère à l'hopital en diverses circonstances, voir "Hakashrout" du rav Yitshaq Yaaqov Fuchs, chapitre 21. Pour l'article qui nous concerne autorisant de consomer de la nourriture de l'hôpital, voir 21:2 et 3.

Il y aurait donc des raisons d'autoriser de la nourriture de l'hopital.
MAIS, en l'occurrence, ce n'est pas la seule possibilité.
En effet, et après consultation avec d'autres rabbanim dont le rav Botschko, il est moins grave de "violer" légèrement Yom Tov et même Chabbat en faisant porter de la nourriture préparée à la maison, après avoir conclut les arrangements d'avance avec une compagnie de taxi (ou un ami ou collègue non-Juif) fiable qui viendra à heures fixes pour assurer les transports sans qu'il soit nécessaire de donner des instructions au chauffeur ou de le payer.
S'il est possible de faire préparer chez vous les repas de chabbat par une amie ou voisine non-Juive, c'est préférable. Si elle peut en préparer une quantité suffisante pour qu'elle en mange elle-même c'est encore mieux.
En résumé, il est préférable de violer un "issour qal derabanane" de hilkhot yom tov que de manger pas cachère qui est un "issour déorayta" (une disposition rabbinique par opposition à un interdit de la Thora) Et même le chabbat, s'agissant de piqouah nefech on pourrait, afin de sauver la vie, faire tout ce qui est interdit y compris allumer du feu et cuire, a fortiori si on peut le faire faire par un autre auquel cas il n'y a pratiquement presque pas de issour du tout.
(Voir à ce sujet Chemirat Chabbat kéhilkhata, 40:17)

Ce qui précède a été aussi confirmé par le rav Aviner qui indique pour cela deux raisons :
1. le malade peut être indisposé à l'idée de manger pas cachère et cela nuit à sa santé.
2. la transgression même d'un interdit de la Thora concernant le chabbat ou les fêtes est un acte ponctuel limité, alors que manger cachère ou non a des effets prolongés et durables puisque cela diffuse dans l'organisme et "fabrique" une partie de notre corps.

Bevirkat Réfoua cheléma vékhol tov