Conversation 19844 - Adamitudes

NathanninNathan
Dimanche 24 octobre 2004 - 23:00

Shalom, Rav,

Vous vous souviendrez que je m’interrogeais et vous sollicitais à propos de l’adamitude (Intrigante adamitude) , me tracassant qu’Adam puisse tantôt désigner le couple fondateur, tantôt l’humanité, tantôt l’homme tout seul.

J’ai trouvé (ou plutôt j’ai reçu) cette jolie explication venant du site américain torah.org que je n’ai bien lue que cette semaine. Et, ô surprise, elle reprend en gros ce que vous disiez (Adam et Dmout, le mérite, ...) mais versets bibliques à l’appui. Et la lumière fut ! (Du moins, je l'espère)

Vaytser H’ El’ ett-haAdam ‘afar min haadama vaypa’h beapav nishmat hayim vayehi haAdam lenefesh haya
“YHVH Elokim façonna l’homme (littéralement : l’Adam) poussière provenant de la terre, et Fit pénétrer dans ses narines un souffle de vie, et l’Adam devint un être vivant (littéralement : eut un esprit vivant) (Bereshit 2 :7)

E‘eleh ‘al bamtei ‘av edame (אֶדַּמֶּה) le‘elion
“Je monterai au-dessus des hauteurs des nuages, je ressemblerai au Suprême” (Isaïe 14 :14)

(A noter qu’on traduit généralement elion par Suprême, qu’il s’écrive avec aleph et fasse référence à la puissance, ou avec ayin et fasse référence à la hauteur)

L’essence de l’Adam, c’est donc ça : pouvoir être aussi bas que la terre, encore plus bas que les animaux, y compris la vermine, et s’élever si haut qu’on finit par ressembler à Dieu.
(Bien sûr, je n’oublie pas que dmout signifie aussi la capacité à accomplir le dessein que Dieu Attend de nous, mais cette petite phrase a le charme des belles formules si simples en apparence)

Ce qui explique pourquoi seul l’homme a gardé le nom d’Adam : que la femme puisse s’élever, aucun doute, mais on ne me fera pas croire qu’elle puisse déchoir aussi bas que l’homme !
Et tant qu’à faire, je commence à penser que si le serpent s’en est pris à la femme, c’est parce que berner l’homme aurait été trop facile ! ;-)

Plus sérieusement, la femme réalise sa part du dmout en enfantant des enfants qui auront une chance d'être ce que Dieu Attend de nous. Tout en elle est lié au portage de la vie.
Il est malheureux que le premier né ait été ce qui se faisait de plus relatif en matière de conformité, mais bon, on le lit dans le Kuzari:certains enfants sont comme l'écorce, rien de bon à l'intérieur (Terakh, Esau, ...).

Cela ne change rien au sublime de la femme Eve. Et ce sublime, l'homme Adam n'y atteint qu'en tentant de ressembler au Suprême.

Ce qui ne change rien non plus au fait qu'homme ou femme, nous sommes capables du meilleur comme du pire, c'est le propre des hommes (Paul Eluard)

Et ça explique aussi la "faute" d'Adam: c'est dans son nom, et le nom, c'est la personnalité. Il lui était difficile, voire contre-nature de faire autrement.

Bien sûr, mon raisonnement est loin d'être sans failles ou sans fautes et demande à être perfectionné (Qui n'augmente pas sa connaissance la diminue) Mais dans l'ensemble?

Rav Elyakim Simsovic
Mardi 26 octobre 2004 - 23:00

Dans l'ensemble, aux "à peu près" près, et sous réserve de ne pas figer le modèle mais de l'affiner progressivement et de l'épurer...
Une remarque, toutefois, qui me semble importante dans ce contexte. Votre traduction du verset est aussi fausse que la plupart de celles qui courent les Bibles – y compris celle du rabbinat, hélas !
Poussière, en hébreu, se dit "avaq". C'est ce qu'il y a de plus inerte. Le verset porte "afar". Un aspirateur, en hébreu se dit "choev avaq" pas "choev afar". Afar, c'est le principe fertile du sol. S'y retrouve le radical "ayin" indice de la multiplicité et le suffixe "par" qui renvoit à "péri" le fruit, "poreh" fertile, etc. C'est pourquoi Israël sera comparé au "afar" et aux "étoiles" Il faut être capable de descendre jusqu'au niveau le plus bas de ce qu'on veut élever au niveau le plus haut.