Conversation 1987 - Ouverture de vin par un juif non-pratiquant

Anonyme
Jeudi 10 octobre 2002 - 23:00

Quelle attitude devons nous tenir mon épouse et moi même vis à vis de personnes qui ne sont pas Chomer Chabbat pour ce qui concerne le problème de toucher le vin ? Ya t il une différence si ce sont nos propres parents ? Nos fréres et soeurs ? Des personnes invitées à notre table qui risqueraient d'être véxées ? Y at il une différence entre ouvrir la bouteille la première fois et la 2 ème ? Une différence entre ouvrir et toucher ?
Peut être pour une question aussi sensible ne vaudrait il mieux pas la publier sur le site. Si possible me fournir des références précises dans les livres des Poskim
Merci beaucoup Chabbat Chalom

Rav Elie Kahn z''l
Jeudi 24 octobre 2002 - 23:00

Rabbi Yosseph Karo dans le Choulhane Aroukh (1) ecrit qu'il est interdit de boire du vin auquel aurait touche un juif "moumar", c'est a dire un juif qui n'observe pas les mitsvoth. Cette halakha n'apparait pas dans le Talmud, mais chez les Geonim et les Richonim (a partir du 10eme siecle environ).
Le but de cette halakha, de cette loi, est peut-etre de limiter les contacts sociaux avec des personnes risquant d'avoir une influence nefaste sur leur entourage.
A priori, il est donc interdit aujourd'hui aussi de boire du vin qui a ete touche par un juif qui transgresse le chabat.
Cependant, de nombreux rabbins depuis le 19eme siecle, c'est a dire depuis que l'assimilation a commence a faire des ravages au sein du judaisme europeen, ont statue differemment. En effet, jusqu'a cette epoque, un juif transgressant le chabat etait rare, et par la meme pouvait etre considere comme un rebelle a la Halakha.
De nos jours, malheureusement, la majorite du peuple juif transgresse le chabat. En consequence de quoi, la signification sociologique de cette transgression est differente: elle ne reflete pas obligatoirement un esprit de fronde. Dans de nombreuses familles, on transgresse le chabat depuis plusieurs generations. Le statut d'un juif qui transgresse le chabat n'est plus le meme, et on peut donc boire le vin qu'il a touche (2).
Cet avis n'est pas partage par tous les rabbins. Certains rabbins ont ecrit que l'avis de rabbi Yosseph Karo avait encore force de loi aujourd'hui comme autrefois (3).
Notons qu'au dela de la question de stricte halakha il y a la une question plus vaste: quelle doit etre notre relation avec les juifs qui ne respectent pas la Tora? Faut-il les eloigner de la communaute, ou au contraire mettre en oeuvre tout ce qui est en notre pouvoir pour les ramener vers la Tora. Le Rabbi de Munkacz (auteur du Minhat Eliezer sus-cite) etait extremement virulent dans son opposition aux juifs non religieux, et pensait qu'il fallait couper avec eux tout contact. Notre approche est differente.
Cette interdiction n'etant pas d'origine toraique mais rabbinique, et vu la sensibilite de la question il y a lieu, de nos jours, d'autoriser de boire du vin qui a ete verse par un juif qui transgresse le chabat.
Cependant, il serait preferable de vous procurer du vin pasteurise (par exemple Carmel Mizrahi, importe d'Israel) une grande partie des decisionnaires estimant que le vin pasteurise a le meme statut que le vin cuit et est moins problematique.

1: Y.D. 124, 8. 2: Entre autres, Binyane Tsion Hahadashot 23; Ahiezer 4, 37. C'est aussi l'opinion du Grand Rabbin d'Israel, le Rav Israel Meir Lau, Yahel Israel 1, 20 3: Minhat Eliezer 1, 74; C'est apparemment aussi l'opinion du Rav Tsvi Pessah' Frank, Har Tsvi Y. D. 104-105. (Voir sur cette question aussi Yabya Omer 1, Y.D, 11).