Conversation 19985 - Juifs et non-juifs: difference de nature?

shelomoh
Lundi 1 novembre 2004 - 23:00

"juifs et goyim"

je me pose la question s'il y a une difference essentielle (deja avant la naissance) entre juif et goy ou si - au contraire - tout goy peut par sa reflexion reconnaitre le lumiere du peuple juif et decider librement de (vouloir) se convertir.

pouvez-vous m'expliquer ce que cela signifie et de quel caractere (irreversible ou reversible) et la difference entre nous et les goyim?

Rav Elie Kahn z''l
Dimanche 7 novembre 2004 - 23:00

Les termes de votre question sont un peu problématiques, et l'alternative ne se présente pas sous l'angle sous lequel vous la présentez, mais la question est suffisamment claire pour que l'on puisse y répondre.
Il y a deux manières fondamentales d'appréhender la différence entre le peuple juif et les autres nations.
Rabbi Yehouda Halevi dans son livre le Kouzari explique que la différence entre juifs et non juifs est quasiment génétique. Cette différence existe depuis la création du monde. La capacité d'entrer en contact avec la divinité, de devenir prophète a été attribuée à certains et pas à d'autres. C'est ainsi que Ytsh'ak hérite de son père Avraham de ce potentiel que n'a pas son frère Ismaël. De la même manière, Yaacov héritera de ce don, pas Essav.
Plus tard tous les fils de Yaacov en hériteront, ainsi que tous leurs descendants. Selon Rabbi Yehouda Halevi et les très nombreux rabbins qui ont accepté son opinion, c'est cette potentialité qui définit le juif. Notons bien que cette caractéristique n'accorde aucun droit sur autrui, seulement un surplus d'obligations, le respect de 613 mitsvot au lieu de 7 seulement.
C'est donc depuis la création qu'il y a une différence entre le juif et le non juif.
Selon une autre manière de voir, dont le Rambam pourrait être le représentant, c'est l'élection d'Avraham qui fait la différence. Cette élection est due non à une qualité innée chez Avraham, mais au résultat de ses recherches intenses de la vérité. On pourrait en quelques sorte dire que c'est Avraham qui le premier a choisi D'ieu, qui est ensuite venu vers lui. Toute la suite est une question d'éducation.
La différence entre les deux opinions a une influence sur la manière de comprendre le processus de la conversion. Selon Rabbi Yehouda Halevi, la conversion ne peut faire acquérir le potentiel de devenir prophète. Un converti a énormément de mérite, pourra être un grand érudit, et les exemples ne manquent pas, mais il ne pourra devenir prophète. Le Rambam ne parle pas d'un tel empêchement.
Mais même selon Rabbi Yehouda un non juif peut se convertir, et son livre précisément décrit un processus de conversion.
Après la Shoah, parler de différence quasi génétique entre juifs et non juifs peut faire frémir. C'est la raison pour laquelle le professeur Chalom Rosenberg dans son livre "Beïkvot Hakouzari" (p. 71) déconseille de se servir de cette théorie. Il amène d'autres exemples d'éléments qui ont été abandonnés après qu'ils aient été pollués par un mauvais usage.

shelomoh
Mercredi 10 novembre 2004 - 23:00

"juifs et goyim" - suite

M. le Rabbin Kahn, merci pour vos precisions. Il me semble que le Ramhal partage le point de vue du Rambam et le votre car dans Mesilath Yesharim il explique que la fin du service Divin est : "repandre Sa gloire et desirer ardemment que TOUS LES HOMMES (KOL SHEAR BENEI HAADAM!) soient ainsi" ("La voie des Justes", editions Ramhal, p. 208). Et si quelques pages avant le Ramhal explique qu'il est une mitsvah mentionee dans la Thorah de hair ceux qui haissent D"ieu - c'est a mon avis pour nous enseigner que ces hommes sont meprisable par leur CHOX de detester D"ieu et ce n'est que ce libre choix qu'il faut detester et non pas l'homme en tant que tel qui lui - tout comme un juif - a ete cree a l'image de D"ieu. Desirer ardemment que le reste de l'humanite reconnaisse le D"ieu d'Israel afin qu'en ce jour-la Son Nom soit Un - c'est reconnaitre que chaque homme a le libre choix et donc aussi l'OBLIGATION d'arriver a la verite ou de la refuser. Dans la logique de Yehudah Halevi, les goyim sont exclus par naissance du plus grand bien que D"ieu peut offrir aux hommes : de s'attacher a Lui. Cela est imcompatible avec le D"ieu de bonte tel que nous Le glorifiant en disant trois fois par jours "ASHREY" : "D"ieu est bien avec tous" - et le Roi David s'appretait "d'annoncer Sa gloire a tous les hommes".

Rav Elie Kahn z''l
Dimanche 14 novembre 2004 - 23:00

Je ne connaissais pas ce texte du Ramh'al, et je suis heureux bien entendu de le compter parmi les tenants d'une opinion qui me tient à cœur. Mais je ne suis pas tout à fait persuadé que l'on puisse tirer de ce texte la conclusion que vous en déduisez.
En effet, Rabbi Yehouda Halevi récitait sûrement la prière de Alénou Lechabéah' dans laquelle nous demandons que tous les hommes servent D'ieu et invoquent Son Nom. Et il ne trouve apparemment aucune contradiction entre sa théorie et cette prière.
Le Ramh'al peut de la même manière écrire ce que vous citez et partager l'opinion de Rabbi Yehouda Halevi.

shelomoh
Mardi 23 novembre 2004 - 23:00

"Juifs et goyim - difference par nature"
suite a la reponse a la question 20181

Monsieur le Rabbin Kahn, si je vous ai bien compris, il existe un texte dans lequel le Ramhal exprimerait la meme opinion que Yehudah Halevi (selon laquelle les deux etats d'etre goy et celui d'etre Juif seraient innes et irreversibles de sorte que la conversion ne serait que le RETOUR d'une ame presente au Sinai a son origine et nullement un changement d'etat) ? Pourriez-vous me donner cette source du Ramhal ?

Rav Elie Kahn z''l
Mercredi 24 novembre 2004 - 23:00

Non, ce n 'est pas du tout ce que j'ais écrit.

anna2
Samedi 17 mars 2007 - 23:00

suite à la question 19985

Si la différence entre juifs et non juifs était strictement génitique comment expliquer que certains juifs font des fautes plus graves que certains non-juifs ?

Faire partie d'un peuple élu de D...et avoir comme mission de répandre la Lumière parmi les nations, parmi tous les peuples, ne signifie pas seulement être née d'une mère juive ! Encore faut-il vivre selon l'esprit du judaisme !

Si mes ancêtres ont choisi le christianisme, les ancêtres de mes ancêtres n'étaient-ils pas juifs ? Quelles sont mes racines réelles moi qui suis une non juive ? Qui suis-je ?

Et je me pose encore une autre question. Si D...veut que Ses voies soient celles de la douceur et de la compassion, comment concilier Sa Volonté à ce qui se passe actuellement en Israel ?

Pouvez-vous m'éclairer ?

Que D...me guide même si je n'ai plus de nom, même si je n'appartiens à aucun peuple, même si je ne sais plus qui je suis... et qu'Il nous guide tous juifs et non juifs !

Merci encore une fois pour votre travail généreux !

Rav Elie Kahn z''l
Vendredi 6 avril 2007 - 07:10

Chalom,

La question que vous posez a été posée par ceux là même qui défendent la thèse de la différence intrinsèque entre juifs et non juifs.
Rabbi Yehouda Halévi, qui est un des maîtres qui a le plus développé ce thème, pose la question du veau d'or.
Il minimise la faute (comment; n(est pas ici notre propos).
Mais surtout, il s'agit de potentialité dont est porteur le peuple juif.
Comme tout potentiel, il peut être réalisé ou non. Cela dépend du libre arbitre.
Bien souvent, le peuple juif, au cours de son histoire, a choisi de tourner le dos à sa mission et d'ignorer le potentiel dont il était doué et la mission dont il était investi.
Erreur qu'il a payé cher.

Et que nous continuons à payer, peut-être ... en réponse à votre seconde question.
A laquelle je préfère en fait répondre que nous n'avons pas de réponse valable aux questions qui portent sur la manière qu'a D'ieu de mener Son monde.

 

anna2
Jeudi 5 avril 2007 - 23:00

suite du 35704

Merci beaucoup pour vos réflexions Rav Élie Khan

Mais est-ce bien D....qui mène Son Monde où est-ce l'homme qui fait entrave au monde de D...en faisant la guerre ? en participant à la quête des territoires, aux mensonges, aux meurtres, aux viols, à l'horreur sous toutes ses formes ? ...........toutes religions confondues...........

 

Rav Elie Kahn z''l
Mercredi 11 avril 2007 - 05:30

Chalom

Laisser faire est aussi une manière de diriger...