Conversation 2009 - Répetition de la Amida dans la hate

Anonyme
Dimanche 13 octobre 2002 - 23:00

Cas pratique de Cha'harit : qu'est-il préférable ?
1/ faire la 'hazara de la Amida et risquer de voir partir des gens très préssés avant la fin complète de la téfila, et donc de ne pas être minyan pour les 2 ou 3 derniers Kadich ?
2/ ne pas faire la 'hazara dans ce cas où le minyan est très réduit et "risqué" pour gagner 5 à 7 mns ?
merci d'avance
bravo pour votre site

Rav Zécharia Zermati
Samedi 26 octobre 2002 - 23:00

Excellente question,

Le problème n'est pas simplement de gagner du temps dans la téfila, le téfila est selon le Kouzari le centre et la "garin" du temps; mais le problème est de nos jours comme vous le soulignez un problème de Béra'ha lévatala et ceci est aussi la coutume des communautés séfarades, lorsque le Myniam est très restreint; je joinds une fois de plus un petit feuillet que j'ai diffusé il y de cela quelques années et je pense qu'il répondra à vos questions, quoi qu'il en soit après sa lecture revenez avec d'autres questions te nous somme là!
Bien que cela soit vrai essenetiellement pour les communautés Séfarades, cela n'est pas faux pour les Askénazes.

Lois concernant la ‘Hazara de la Amida

 Doit- on, dans tous les cas, prononcer la ‘Hazara de la Amida lors d’une prière publique?

1. Le Choul’han Arou’h écrit dans les lois des 18 Béra’hot (Amida): «durant la lecture à voix haute de la Amida, les fidèles doivent garder le silence et se concentrer en écoutant les Bénédictions prononcées par l’officiant, on doit y répondre Amen à chacune d’entre elles; s’il n’y a pas 9 personnes qui y répondent, ces bénédictions sont presque dites en vain! ברכות לבטלה ainsi chacun doit se considérer comme étant le dixième, sur lequel repose l’obligation de répondre Amen.” הלכות תפילה סימן קכ"ד ס' ד

2. La raison essentielle pour laquelle nos Sages, de mémoires bénies, ont instauré la double lecture de la Amida, (une première fois à voix basse par tous les fidèles, une seconde fois par le ‘hazan à voix haute), est celle d’exempter ceux qui ne savent pas prier (גמרא רה"ש לג,ב ).

Voici les paroles du Choul’han Arou’h : « si quelqu’un ne sait pas prier, il se concentrera sur ce qui est prononcé par l’officiant lors de la lecture à voix haute».סימן קכ"ד ס' א Cependant, Le Ari Hakadosh, grand maître de la Kabala, nous dévoile une raison plus profonde. En effet, la ‘Hazara est un complément nécessaire de la lecture à voix haute. Il est bien clair que, même selon le Ari zal et la Kabala, on ne pourra enfreindre une règle importante du Talmud, celle d’éviter à tous prix la prononciation en vain du Nom Divin par l’entremise d’une bénédiction à laquelle on doit répondre Amen.

3. Le Rambam fut questionné, à maintes reprises, lors de son Rabbinat en Egypte, sur les limites de la ‘Hazara. Une première fois, il répond:« ont raison ceux qui remettent en cause le fait de dire la ’Hazara, lorsque les fidèles en profitent pour mener une discussion au lieu d’écouter l’officiant, se comportant avec grossièreté et bouffonnerie…. ceci est une profanation du nom Divin ! » il en conclut dans la même Responsa : « si l’on est certain que 10 d’entre les fidèles, ou plus, écoutent avec attention la lecture à voix haute et répondent à toutes les bénédictions dites par le ’Hazan, la ’Hazara est dès lors très souhaitable». שו"ת הרמב"ם סימן רצא Une seconde fois Maimonide répond, de façon encore plus tranchante : «il vaut mieux ne prier qu’une seule fois, à voix basse, ceci évitera l’allongement de la prière et la profanation du nom Divin faite pendant la ’Hazara, temps où les fidèles parlent, plaisantent et annulent toute concentration.. » סימן רנ"ח שו"ת הרמב"ם

4. De nos jours, la plupart des fidèles savent prier et ne comptent plus sur la ’Hazara pour s’exempter de la Amida. Néanmoins, on ne peut annuler un règlement fixé par nos Sages, de mémoires benies, même si la raison de cette règle n’est plus actuelle. Cependant, rappelons ce que le Radbaz (né en Espagne en 1479, monté en Israël et ayant vécu à Safed), requiert, comme conditions, pour la prononcer; voici ces paroles: « lorsque la plupart des fidèles sont des sages connaissant la Torah, tous écoutent et se taisent durant la ’Hazara et répondent Amen à chaque bénédiction ».

5. Le Rav Hamabit (né en turquie en 1500, monté lui aussi à Safed, ayant remplacé Rabbi Yossef Karo, auteur du Choul’han Arou’h, à la tête de la communauté), témoigne : « je vois que tous les Séfaradim ne prononcent pas la ’Hazara à Min’ha… nous à Safed, nous autorisons le fait de dire par deux fois la Amida, une fois à voix basse et un seconde fois à voix haute par l’officiant, parce qu’à Min’ha se réunissent la plupart des fidèles, il y a dès lors 20 personnes ou plus, et nous sommes certains qu’au moins 10 personnes ,d’entre elles, se concentreront pour répondre Amen » il poursuit et précise « cependant lorsque se réunit un second office, moins nombreux, nous préfèrons prononcer la Amida une seule foix, à voix haute … il est important de prononcer la ’Hazara lorsqu’il y a au moins 20 fidèles, ou bien 10 qui ont une grande crainte de l’Eternel et répondront Amen ».

6. Dans ce sens, Rabeinou Yona cité par le Beit Yossef, écrit: ” celui qui répond Amen à toutes les bénédictions de la ’Hazara reçoit le mérite de 2 prières…. mais s’il parle en vain durant la répétition de la Amida, sa faute est immense, insupportable et on doit l’en réprimander!”.

7. Rabbi Yossef Karo, auteur du Choul’han Arou’h, précise lui aussi dans son grand ouvrage le Beith Yossef : “ de nos jours, dans la plupart des endroits, on ne dit pas à Min’ha la ‘Hazara mais on prie une seule fois en même temps que l’officiant afin de dire avec lui la Kédousha”. C’est aussi le témoignage du BaèrHétév : “ Les Séfaradim ont coutume de ne pas dire de ‘Hazara à Min’ha toute l’année, l’officiant dit les trois premières bénédictions à haute voix avec les fidèles jusqu’à Hael Hakadosh הא'ל הקדוש et le restant à voix basse, par la suite le ‘Hazan ,seul, prononce les 3 dernières bénédictions à haute voix ». סימן קכ"ד סק"ד

Pour toutes les raisons évoquées ci-dessus la coutume du judaisme Séfarade Nord -Africain est claire :
Voici 4 écrits de décisionnaires du Maroc :
 Le Grand Rabbin Yossef Messas, originaire de Meknes, ancien Grand Rabbin de la ville de Tlemsen en Algérie et plus tard de Haïfa, écrit à maintes reprises : « c’est la raison pour laquelle on ne dit pas de ’Hazara, ni les jours de semaines ni pour le Moussaf de Chabbat (les fidèles sont pressés et ne répondent pas ou mal) …tout celui qui s’abstient de la dire, évite de nombreuses et graves fautes sur ses fidèles »אמו יתום,אמן חטוף,שיחה בטלה,קלות ראש
שו"ת מים חיים ח"א סימן מא'
 L’ancien Grand Rabbin de Jérusalem et ancien grand Rabbin du Maroc, le Rav Chalom Messas zatsal, lui aussi renforce ce précieux Minhag dans sa Responsa שמ"ש ומגן סימן ל"ז .
 Le Grand Rav Baroukh Toledanno de mémoire bénie, et son fils Dayan à Londres écrivent dans le livre שאלו לברוך ס' מב' ותוס' ברכה : « à Méknes (au Maroc), même à Cha’harit la coutume était de ne pas prononcer de ’Hazara, c’est aussi le Minhag des juifs de Turquie כה"ג סימן ק"א ».
 On pourra aussi se baser sur la décision de l’actuel Grand Rabbin de Netanya le Rav David Chlouche : « même à l’époque du Choul’han Arou’h à Safed, on ne disait pas la ’Hazara à moins de 20 fidèles, à fortiori de nos jours.. ». שו"ת חמדה גנוזה

En Algérie et à Alger, les Sources sont antiques :
 Le Rachbech, fils du grand décisionnaire d’Alger le Tachbets, en réponse à une question concernant le fait de dire la ‘Hazara à l’approche de la tombée de la nuit, écrit : « au contraire, il est préferable que l ’officiant prie une seule fois avec les fidèles.. on voit bien que les gens discutent et ne prêtent pas l’oreille à la ’Hazara !». סימן נו
 Nous rappelerons aussi, de première source, les paroles de notre maître le Rav David Iben Kalifa, ancien Dayan d’Ain Témouchent, de mémoire bénie, lorsqu’il se retrouvait à Jérusalem, dans un Minyan comportant une dizaine de fidèles, où l’officiant s’entêtait à dire la ‘Hazara, telles étaient ses paroles : « Nous n’avons pas l’habitude de dire la ’Hazara à Min’ha, surtout pas à 10 fidèles, à fortiori à l’approche de la tombée du jour ! ! שקיעת החמה».

En Tunisie aussi, grandes étaient les précautions prises avant de doubler la Amida :
 Le grand Rav Ich Matslia’h Mazouz écrit :“ on ne peut étudier durant la ‘Hazara même si on s’apprête à dire Amen à la fin des bénédictions, il faut se concentrer sur chaque mot énoncé par l’officiant…il faut qu’au moins 9 personnes répondent et celui qui est en pleine prière, ne peut être décompté avec eux, même s’il se tait et se concentre sur chaque bénédiction”. שו"ת איש מצליח ח"א ס' י"א

En conclusion:
 La ‘Hazara est une obligation instaurée par nos Sages de mémoires bénies afin d’exempter ceux qui ne savent pas prier, selon la Kabbala elle vient compléter la première lecture à voix basse.
 Néanmoins certaines conditions sont nécessaires pour la prononcer : aux environs de 20 fidèles ou 10 Sages qui s’engagent à répondre à toutes les bénédictions, un Tsibour ordonné qui ne viendra pas à parler ou se déconcentrer durant cette dernière lecture. A l’approche de la tombée du jour,on évitera de la prononcer.
 Le Minhag du judaïsme Nord -Africain est, pour les raisons citées ci-dessus, de ne pas prononcer la ’Hazara, à Min’ha de la semaine et si la prière a été longue, on ne la dit pas à Moussaf de Chabbat. Dans ce cas, l’officiant lit à haute voix les 3 premières bénédictions, les fidèles le suivant à voix basse, puis ensemble on dit la Kédousha. Il reprend à voix haute à partir de la bénédiction Rétsé רצה, pour en lire les 3 dernières et permettre aux fidèles de dire le Modim déRabanan, pour en terminer au premier יהיו לרצון. Dans le cas où il y a bénédiction des Cohanim, il veillera à retarder sa prière pour leur permettre de se préparer.

N.B : précisons que le conseil donné par le Michna Broura (qui est de demander à l’officiant de considerer cette ‘Hazara comme Téfilat Nédava ), est sujet à contreverse דעת הרה"ג דוד שלוש והרה"ג יהושוע מאמן.

Rav Zécharia Zermati
Rav et Morei Tsédék du quartier d'Arnona-Jérusalem.

Anonyme
Samedi 26 octobre 2002 - 23:00

suite a votre reponse 2009 je crois avoir compris que meme si l'on fait une seule amida, il est possible de dire Birkat Cohanim ?

Rav Zécharia Zermati
Lundi 4 novembre 2002 - 23:00

chalom,

Tout à fait, mais il est important de laisser le temps au Cohanim avant d'arriver à Rétsé. Ainsi la coutume est de commencer à haute voix les 3 dernières bénédictions et d'enseigner, comme je le fais chez moi, au Cohanim tout du moins à bouger un peu leurs jambes sur place pour leur permettre plus tard de monter pour bénir les fidèles, bien qu'ils n'aient pas encore terminer leur Amida. Ces règle sont plus claires pour les Cohanim mais vous avez raison.