Conversation 21100 - La brevetabilite du vivant

franciz
Jeudi 23 décembre 2004 - 23:00

Bonsoir,

Quel est le regard du judaïsme sur la "brevetabilité du vivant" ?

Merci de votre réponse

Rav Elyakim Simsovic
Mercredi 5 janvier 2005 - 23:00

Avant de regarder, il faut savoir où. Je ne connais pas le sens à donner à "la brevetabilité du vivant".
On peut breveter des techniques, des méthodes, voire des idées, mais comment comprendre votre question ?

moshénou
Jeudi 27 janvier 2005 - 23:00

Chalom ,

suite à la question 21 100 de franciz , sur "la brevetabilité du vivant ".
L'on parle de brevetabilité du vivant pour ce qui concerne les animaux transgéniques . Ce sont des animaux mutants crées par des manipulations génétiques , comme par exemples des souris humanisées . Des chercheurs avaient eu recours à ces souris humanisées afin de voir comment le prion à l'origine de la maladie de la vache folle pouvait infecter l'homme.

D'après ce que j'ai lu , aux USA à Harvard , des chercheurs ont crée un poulet à quatre cuisses, ce qui pourrait permettre d'envisager bientôt des porcs à quatre jambons, plus rentables, et sans yeux pour qu'ils bougent moins et consomment moins de calories . Je trouve cela totalement inique , car c'est infliger de la souffrance inutile aux animaux . Agir ainsi n'est pas digne de la race humaine .

Les firmes scientifiques affirment quelques fois avoir "inventé" les animaux qu'elles ont génétiquement modifiés , cela dans le but de toucher des royalties , il y a probablement de grosses sommes à gagner . C'est ce que l'on appelle le brevetage du vivant , et je pense que c'est ce que voulait dire franciz qui a posé la question .

Rav Elyakim Simsovic
Lundi 31 janvier 2005 - 23:00

a. je partage votre appréciation de la qualité morale de telle pratiques.
b. je ne me souviens pas d'avoir jamais rencontré ce type de question dans mes études et il faudrait donc mener toute l'analyse depuis le début, ce qui dépasse le cadre de Cheela.
c. intuitivement parlant, il n'est pas du tout évident que ces pratiques soit halakhiquement permises, ce qui résoud indirectement la question de la brevetabilité

limèche
Lundi 31 janvier 2005 - 23:00

À propos de la 21100

Le poulet à quatre cuisses et sans yeux? Je voudrais bien avoir la référence, parce que je ne crois pas que l'ingéniérie génétique sache faire, en maintenant la capacité de reproduction. Certes, il est possible de faire des recherches tératologiques, qui nous ont énormément appris sur la manière dont le vivant fonctionne, mais ce n'est pas du tout pareil que de faire industriellement ce genre de monstre. Mme Nicole Le Douarin, est particulièrement connue pour ses travaux sur les chimères caille-poulet; elle est membre de l'Académie des Sciences, dont elle est secrétaire perpétuelle, et elle a reçu un grand nombre de distinctions de tout premier plan.

La brevetabilité du vivant concerne plutôt une autre question: supposons qu'on fabrique un organisme génétiquement modifié - par exemple une brebis du lait de laquelle on peut extraire de l'insuline humaine. Ou un maïs qui se défend contre un insecticide alors que les mauvaises herbes ne le font pas. Peut-on breveter cet organisme et donc percevoir des redevances pour l'exploitation de l'organisme (et donc pour la mise en œuvre de sa fabrication)?

C'est en fait une question extraordinairement difficile: récemment, la société états-unienne Myriad a eu un échec devant les instances réglementaires européennes, sur la question suivante: il existe des cancers, en particulier et de l'ovaire ou du sein, qui sont liés à des mutations d'un gène appelé BRCA1. Si on peut détecter les mutations en question, alors la stratégie médicale est radicale: une fois les enfants souhaités nés, on pratique l'ablation des ovaires, parce que la probabilité de tomber malade est très élevée de tomber malade si on est porteuse de cette mutation. Sachant que le cancer de l'ovaire est souvent rapidement fatal, on comprend l'importance de ce test.

Or, la société Myriad avait élaboré un test de cette modification génétique, test de moins bonne qualité que d'autre tests, élaborés en Europe, et trois fois plus cher. De plus, la société Myriuad revendiquait l'envoi du matériel génétique aux États-Unis, ce qui lui aurait donné le monopole d'une belle banque génétique.

L'office européen des brevets vient de rejeter les prétentions de Myriad; voir pour divers épisodes de l'affaire la page du site de l'Institut Curie à Paris:

http://www.curie.fr/home/presse/communiques-affaires.cfm/lang/_fr/affai…

On sait pas ailleurs, que l'inventiondes brevets est initialement ce qui permet la recherche technologique: qui va investir dans des études longues et coûteuses, si ses travaux peuvent être copiés sans vergogne? Ce qui est remarquable dans le principe du brevet, c'est qu'en même temps, ou presque, on divulgue et on protège un procédé technologique.

Il y a une alternative au brevet: le secret de fabrication. Mais dans le contexte de mesure liée à la santé, il est essentiel que le processus de mesure et/ou de détection soit connu, parce que sinon, la mesure ou la détection n'est plus validable...

En tout état de cause, il serait bon qu'un jour, des talmidéh'akhamim, versés aussi bien dans la halakha que dans les sciences profanes, s'investissent dans une réflexion sérieuse sur cette intersection entre droit et science. Cela relève-t-il de la pensée du traité Nezikin?

Rav Elyakim Simsovic
Mercredi 2 février 2005 - 23:00

C'est une question qui mériterait d'être posée à lInstitut Technologie et Halakha.
Je n'ai personnellement pas étudié ce sujet et n'ai pas de compétence pour donner un avis.
Intuitivement, il me semble que dès lors qu'un revenu est généré par une technologie particulière, pour le développement de laquelle des investissements importants ont souvent été consentis, il ne serait pas normal que n'importe qui puisse se l'approprier gratuitement.