Conversation 2420 - Faut-il respecter l'habitude du lieu ou l'on prie?

Anonyme
Samedi 16 novembre 2002 - 23:00

Une question qui serait a classer dans la categorie "Minhagim" a bon entendeur...
Nous savons tous que le Minhag d'Afrique du Nord veut que la nefilat apaim se fait en tombant sur le bras.De plus ,il est connu que, selon la meme tradition, elle est ommise lorsque le tsibour prie Mineha Ketana .Ma question est double:Admettons les deux cas suivants:
-Un sepharadi "Tahor", soucieux de perpetrer notre chere tradition,se trouvant dans un Minyan "Yeroushalmi/Irakien/(Maro-kien!)" qui tombe sur son bras pendant nefilat apaim a l'encontre de tout le tsibour qui le croyait lui aussi sephardi!
-La meme personne se trouvant a une tefilat Minha Ketana et qui pendant nefilat apaim ,prend un livre et etudie alors que tout le tsibour tombant ou non lisent le psaume traditonnel "Ledavid eleha" suivi de "avinou malkenou".
N'y a-t-il pas en cela un probleme de "Lo tidgodedou",d'aller, de facon devoilee a l'encontre du "Minhag Amakom" ? D'un autre cote, si peu nombreux (inexistants?) sont les minyanim en Israel ou tous ces Minhagim si vrais et si antiques sont preserves pour ne pas en tant qu'individu les appliquer et s'affirmer afin de "Leahzir atara leyochna"?
Que faire?

Rav Zécharia Zermati
Dimanche 17 novembre 2002 - 23:00

Chalom,

Concernant ce que avez enoncé sur la coutume de ne pas tomber pour Minha' kétana, cela n'est pas si claire et je ne l'ai pas trouvé de façon déterminante ni dans les sources de Minhagim, ni chez les grands Rabbanim,au contraire je vois le grand Rabbin de Jérusalem le rav Méssas se pencher totalement en priant à 1 heure !
Concernant le problème posée, la réponse est simple, cette coutume est celle d'Erest Israel et de Jérusalem comme vous pourrez le lire dans un de mes fascicules ci joint. il n'y a, en cela dans ce cas aucun problème de lotitgodédou. Mais croyez moi avant de léa'hzir ataralé yoshna dans des communautés d'origine Irakienne ou autres, agissons pour que des communautés originaires d'Afrique du nord n'abbandonne pas ce qu'elles pratiquaient il y quelques années de cela et cela n'est pas simple soyez en sur. Bonne Lecture.

Quelle est la coutume des juifs originaires d’Afrique du nord concernant la prière du Néfilat Apayim נפילת אפיים : celle d’incliner la tête et de la poser sur le bras ou bien celle de rester droit pour la lire comme toute prière ?
Quelle est la décision du Choulh’an Arou’h ? Quel est le Minhag antique de la terre d’Israël ?

1. Le Choulh’an Arou’h (סימן קל"א סע' א)écrit : « il est interdit de parler entre la fin de la Amida et la lecture du Néfilat Apayim, lorsque l’on pose son visage sur le bras, la coutume est de se pencher du côté gauche . » Le Rambam précise que l’inclination de la tête doit être modérée !
2. La coutume de tous les Richonim est d’incliner la tête durant la lecture du Néfilat Apayim sans aucune crainte ; ils interdisent simplement le fait de poser le visage à même le sol de peur d’être pris pour quelqu’un qui se prosterne face à celui assis devant lui.
3. Le Rama s’oppose au Choul’han Arou’h en écrivant :« d’autres précisent que l’on s’incline au contraire du côté droit, l’essentiel est de pencher la tête.
Durant la prière de Cha’harit, par respect pour les Téfilines que l’on porte, on pose la tête sur le bras droit.
Pour la prière d’Arvit ou bien lors d’une prière sans Téfilines, on le fait du côté gauche. » C’est au nom du Ribach, un des deux grands maîtres de la communauté d’Alger aprés l’expulsion des juifs d’espagne, que cette loi est enoncée par le Rama !
4. Bien que l’auteur du Choulh’an Arou’h ait fait partie des plus grands Kabbalistes de la ville de Safed, peu sont les lois qui y sont rapportées selon la Kabbala ou le Zohar . La loi du Néfilat Apayim sort par trois fois de cette règle :
 une première fois, en tranchant que l’on se penche sur le côté gauche et non sur le droit, s’opposant ainsi à de nombreux Rishonim (dont le Ribash) .
 une seconde fois, en précisant que la lecture du Néfilat Apayim ne se fait qu’assis, bien que le Ribach écrit dans sa Responsa סימן תי"בqu’elle peut être récitée debout. (en cas de nécesssité, on peut de nos jours se rapporter au Ribach et la lire debout אחרונים ).
 une troisième fois dans son grand écrit, le Beth Yossef, il y rapporte les saintes paroles du Zohar section Bémidbar, sur l’importance de la lecture du Néfilat Apayim, mais en soulignant aussi le danger qui existe lors d’une lecture accompagnée de fausses intentions ( ce 3éme point ne figure pas dans le Choul’han Arou’h) .

En résumé, il est clair que le Choul’han Arou’h, ne voit pas dans la Kabbala, une contre-indication à la lecture du Néfilat Apayim avec inclination de la tête !

5. Dans toute l’Afrique du nord, la coutume est d’incliner la tête sur le bras lors de la lecture du Néfilat Apayim. La plupart des communautés le faisaient du côté gauche, même à Alger ville du Ribash ! et pour preuve :

 l’un des grands Dayanim de la ville d’alger d’il y a 130 ans, le grand Rabbin David Moatti, écrit dans sa Responsa ( (אשר לדוד ס'א l’importance de l’inclination de la tête, sans y faire moindre allusion à un quelconque danger évoqué au nom du Zohar Hakadosh ci-dessus. Au contraire, il souligne : « selon la Kabbala il y a un sens caché dans l’inclination de la tête du côté gauche … les sages Kabbalistes savent bien que la Vertu de la Justice est assimilée au coté gauche. »
 Dans le livre des coutumes de Djerba du Grand Rabbin Chouchan Hacohen גאולי כהונה מערכת נו"ן il est écrit : « notre Minhag est de poser la tête sur le côté gauche même lorsque l’on porte les Téfilines » .
 Au Maroc, le Minhag est reconnu jusqu’à nos jours comme étant celui du Choul’han Arou’h.

Quelle est donc l’origine de l’opinion répandue en Terre d’Israël selon laquelle « Les Sépharadim ne penchent pas la tête et lisent la Néfilat Apayim comme une simple lecture de Téhilim ? ».
1 .Le Grand Sage Rabbeinou Yossef ‘Haim auteur du Ben Ich ‘Hai écrit
פרשת כי תישא שנה א' : « la coutume de notre ville de Bagdad est de ne pas pencher la tête sur le bras lors de la lecture du Néfilat Apayim ..on ne pense ici à aucune intention, pas même celle d’être prêt à donner sa vie pour sanctifier le nom de l ’Eternel car nous craignons ce qui est écrit dans le Zohar …il m’a été rapporté par mon ami le Grand Rav Mani, que le Minhag des Kabbalistes de la Yeshiva de Beth-El à Jérusalem, est de ne pas pencher la tête ; en effet ils doivent avoir leurs yeux face au livre afin de donner de profondes intentions à leur lecture . »
Deux conclusions sont à tirer des paroles du Ben Ich ‘Hai :
 Selon la règle bien connue dans son livre, cette coutume ne s’adresse qu’aux juifs de Bagdad .
 Les Kabalistes de la Yéchiva de Beth-El à Jérusalem ne s’abstenaient de pencher leur tête que pour se concentrer sur leurs intentions Kabbalistiques !

2 . Le Kaf Ha’haim Sofer אות לא précise lui, que le fait de pencher la tête ne présente aucun danger lorsque l’on se concentre uniquement sur le sens des mots :« il n’y a aucune crainte ! Nous le lisons comme nous l’ont ordonné les Sages de la Grande Assemblée en toute confiance en l’Eternel ! » .
3. Le Grand Kabbaliste de Turquie, Rabbi ‘Haim Palaggi, va plus loin en écrivant כה"ח סימן ט"ז אות יד :« je suis étonné des Kabbalistes qui s’abstiennent de poser leur tête sur le bras lors de la lecture du Néfilat Apayim…Cette retenue n’est pas louable, nul n’est exempt de ce Minhag ! »
4. Le ‘Hida, appartenant aux plus grands Kabbalistes de la Terre d’Israël, écrit
מורה אצבע סימן ג' אות : « on ne mettra pas le visage dans la main mais on peut poser la tête sur le bras » et poursuit אות פט :« il n’y a danger que pour celui qui pense donner sa vie sur cette lecture …il n’y a pas de crainte à avoir lorsqu’on le lit en se concentrant sur le sacrifice que demande l’accomplissement des Mistvot . »

CONCLUSION :
La Coutume des juifs d’ Afrique du Nord est celle du Choul’han Arou’h : lire la NEFILAT APAYIM en inclinant la tête ou en la posant sur le bras, la plupart sur le bras gauche.
C’est aussi l’opinion des grands sages de la Kabbala, même en Israël, selon laquelle l’inclination de la tête ne présente aucun danger lorsque l’on se restreint à une lecture donnée au sens premier !
La coutume des juifs originaires de Bagdad est de prononcer la lecture en restant tête droite.