Conversation 31840 - Talmud et emouna

Shalom,

Le Rav Kook ecrit quelque part quelque chose qui peut surprendre: Lorsqu'on etudie il faut y mettre toutes ses facultes intellectuelles, et mettre de cote nos idees qui relevent du sentiment, de l'impression, du prejuge. Tout doit passer au crible de l'analyse et de la capacite critique. Par contre, lorsqu'on prie alors il faut s'engager emotionnellement et d'une telle intensite, comme si l'homme n'etait que sentiments et non doue de quelque aptitude intellectuelle. Il est vrai que l'etude des textes talmudiques requiert une capacite analytique, une concentration et on peut s'interroger si cette etude amplifie la emouna (sans pour l'instant definir ce mot) ou tout simplement n'en fait pas cas.
Cette problematique a ete developpee par le Rav Y.D. Sooveitchik et je vous recommande vivement la lecture des livres 'l'homme de la halakha' et 'le croyant solitaire' traduits tous deux en francais par Beno Gross.
Le rav Soloveitchik a bien compris qu'il existe dans le Judaisme deux formes de spiritualites foncierement differentes et pourtant complementaires: l'homme de la Emouna face a l'homme de la halakha.
En quelques mots, l'experience de l'etude du Talmud et de la halakha permet a l'homme de connaitre et de vivre une experience religieuse de type nouveau et qui n'a rien a voir avec l'experience religieuse extatique ou la conscience de D'ieu brise les barrieres de la societe et de l'individualite. L'homme de la halakha experimente a travers son analyse rigoureuse et sa vision de la realite a travers les categories halakhiques etudiees une forme de liberte, d'autonomie qui le mene a la creativite et a la nouveaute. La 'emouna' ne se vit pas uniquement sur le mode de l'intuition - pourtant fondamentale - mais aussi sur le mode de l'experience intellectuelle.