Conversation 32674 - La preuve?

mangeclous
Lundi 7 août 2006 - 23:00

Bonjour, Chalom. Ma question est celle d'un étudiant de philo. Pour les rabbins qu'une telle pensée intéresse, de quelle façon confronteriez-vous le judaisme et une démarche philosophique telle que le criticisme de Kant? Autrement dit, comment posez-vous la question de la légitimité de la connaissance dans le cadre de votre expérience spirituelle ? Comment juger de la véracité d'une parole révélée. Qu'est-ce qui me prouve que la Thora est la parole d'un dieu ? Sans faire l'expérience directe d'une telle vérité ( et cette expérience m'est impossible si je m'en tiens qux limites de l'entendement humain pour parler comme Kant), sans ressentir en quelque sorte la présence de Dieu, qu'est-ce qui rend la Thora plus véridique que le Coran ou le Nouveau Testament ? Si toutefois je peux faire l'expérience de l'idée de Dieu, du moins d'un inconditionné dans le cadre de la reflexion morale, de l'impératif du respect d'autrui, cela ne me rend pas pour autant légitime ou non les discours qui se réclament d'une parole divine de manière précise. Voilà. En un mot, comment différencier judaisme et dogmatisme ?

Dr Michael Ben Admon
Jeudi 10 août 2006 - 09:03

Shalom,

Vous pouvez differentes questions mais en preambule: la pensee kantienne a boulverse le monde religieux pour plusieures raisons mais la principale releve de ce que Kant nomme les antinomies de la raison pure. Dans ce cadre il montre que l'on peut prouver autant l'existence de D.ieu que sa non-existence. Le monde religieux a recu un 'sacre' coup. D'un autre cote Kant a ainsi contribue a reflechir differemment le rapport a D.ieu. Donc il n'y a pas de quoi s'emouvoir. C'est un peu comme la critique freudienne de la religion, comme refletant le besoin d'un rapport au pere - ce n'est pas faux et beaucoup de croyants voient en D.ieu une espece de grand papa, mais ce n'est pas tout.
Tous les philosophes juifs post-kantiens traitent de cette question et il est difficile dans ce 'cadre' de tout expliciter. Certains a l'image de Kant lui-meme supposent qu'il faut admettre l'existence de D.ieu dans le cadre de la morale meme si ceci n'est pas prouve (Herman Cohen). De meme dans le cadre de l'experience religieuse: D.ieu ne s'epprouve pas dans le cadre d'une demonstration, il se vit au travers des exigences de la halakha (Soloveitchik) , au travers le rapport a autrui (Levinas) et le don (Rav Dessler), au travers l'introspection constante (Hassidout) ou tout simplement au travers l'experience et la certitude interne d'une realite innommable mais incontournable (Wittgenstein et Rabbi Nathan de nemirov).Il existe encore beaucoup d'autres approches et certaines participent du dogmatisme, d'autres moins (Rav Kook) ou pas du tout (Leibovitz)
Concernant les textes sacres: La question a laquelle il faut repondre est: qu'est-ce qui confere a un texte une dimension de sacre ?
Certains diront les contenus exprimes dans ce texte, d'autres le cadre materiel special avec lequel on redige les textes sacres (plume d'oie, parchemin, encre speciale, ecriture carree) et d'autres enfin verront le sacre dans la lecture du texte et non dans le texte lui-meme.
Tout est redige ici en condense mais si vous etes interesse a analyser un point specifique, continuons !