Conversation 35676 - Cheveux = nudité?

rd
Vendredi 16 mars 2007 - 23:00

1) au niveau technique, pouvez vous m'indiquer dans quelle paracha dit-on que la femme mariee doit se couvrir les cheveux? je sais que la loi s'est faite bien apres, j'aimerais savoir comment et a partir de quoi les rabbanim ont fait cette halarha

2)au niveau su sens, on dit que c'est une nudité. Pourquoi les cheveux deviennent une nudité a partir du moment ou elle consomme le mariage et avant non?
ce n'est pas pour se consacrer a son mari, puisqu elle doit rester couverte etant veuve ou divorcée

3) pour la nidda, on peut lire dan sla paracha que la femme est impure quand elle saigne( a peu pres 5 jours), pourquoi les rabbanim ont ralonger a 7 jours de pureté donc 12 jours en tout.
merci

Rav Elie Kahn z''l
Dimanche 15 avril 2007 - 12:53

Chalom

1-2: Nos Sages ont tiré cette loi d'un verset du livre de Bamidbar/Nombres 5, 18, du passage de la "femme infidèle".
Quand le texte décrit le traitement infligé à une femme qui s'est isolé avec un autre homme autre que son mari (après avoir été avertie devant témoins qu'elle ne devait plus le faire), il est écrit que l'on défait sa chevelure.
De ce texte, le Talmud (Ketouvot 72) déduit que sa chevelure était donc couverte auparavant.
Je vous accorde que cette base est assez ténue, mais ceci fait partie des prérogatives des rabbins de l'époque mishnaïque. Nous supposons qu'ils avaient une tradition orale à ce sujet.
Il est considéré généralement (sauf une seule opinion) que cette loi a valeur de loi toranique.
Et je dois vous avouer que je partage le même étonnement que vous devant les opinions que cette loi ne concerne que les femmes mariées. Cette opinion est la plus répandue (le Rambam pense que les jeunes filles pubères sont aussi tenues de se couvrir les cheveux ; a-t-il subi une influence arabe?). En effet, aucune autre loi de pudeur n'est imposée qu'aux femmes mariées?
De plus, les veuves et divorcées sont aussi tenues de se couvrir les cheveux, ce qui prouve bien qu'il ne s'agit pas là d'un signe extérieur venant désigner une femme qui n'est pas libre (mais ce n'est qu'une obligation rabbinique).
Pour augmenter l'étonnement, notons que selon le Talmud (ibid.), une femme mariée peut montrer ses cheveux à un autre homme que son mari quand elle se tient dans sa cour. Il ne s'agit donc vraiment pas d'une loi habituelle de pudeur.
Tous ces éléments m'ont amené depuis longtemps à avouer mon impuissance à expliquer cette obligation selon les critères habituels de pudeur.
Mais qu'on ne s'y trompe pas: pour moi la Halakha est la Halakha, la loi est ce qu'elle est, et doit être observée telle quelle, même si on n'en comprend pas le sens. C'est la nature même de la pratique religieuse que de se soumettre à une autorité extérieure, qui nous transcende.
Vu sous cet angle, le couvre chef des femmes a encore plus de valeur à mes yeux. Il est l'affirmation que l'on se soumet à la Halakha qu'on en comprenne le sens ou pas. Il est l'affirmation même que l'on comprend ce qu'est la Halakha.

3: La Tora elle-même ne parle pas que d'impureté limitée aux jours mêmes des menstruations, mais de sept jours.
De plus, la Tora parle aussi des lois de "ziva", flux sanguin apparaissant en dehors des dates habituelles. Quand un tel flux apparaît, il faut attendre sept jours après qu'il ait cessé.
La pratique aujourd'hui est de considéré tout flux comme un flux de "ziva".
Et autant que cela puisse paraître étonnant, ce n'est pas une mesure prise par les rabbins, mais réclamée par les femmes elles-mêmes. Voulaient-elles que leur mari les laisse en paix?

AHARON
Dimanche 15 avril 2007 - 23:00

BONJOUR
Suite a la question 35676 :"Et je dois vous avouer que je partage le même étonnement que vous devant les opinions que cette loi ne concerne que les femmes mariées. Cette opinion est la plus répandue (le Rambam pense que les jeunes filles pubères sont aussi tenues de se couvrir les cheveux ; a-t-il subi une influence arabe?). "
Par cette derniere phrase Vous insinuez qu'il est possible qu 'un richon comme le rambam ou nimporte otre gadol chez les richonim ou aharonim ecrivent leur sfarim (ici le le michné tora en l'occcurence)selon l'influence de leur pays(les arabes en l'occurence) si je me trompe cela veut dire que ce n'est pas forcement de la torah misinai.....
Tres ettonant j'aimerai bien comprendre cela
UN jour je parlai a mon rav de cela car j'avais entendu cela d'un philosophe ,et le rav de me repondre que c'etait de l'appikorsout jaimerai vraiment comprendre...
Avec tous mes respects...

Rav Elie Kahn z''l
Jeudi 16 août 2007 - 03:07

Chalom,

C'est là une très grave accusation que porte votre Rav contre le Gaon de Vilna.
Parce que si affirmer que le Rambam a pu dire quelque chose sous influence extérieure est de l'hérésie, le Gaon de Vilna était un hérétique.
Demandez à votre Rav de relire le commentaire du Gaon de Vilna sur Yoré Déa, 179, 13.
Le Gaon de Vilna y fait le reproche au Rambam de s'être laissé entraîner par la philosophie, grecque s'entend. Il faudrait d'ailleurs être aveugle pour ne pas se rendre compte qu'il y a chez le Rambam des emprunts.
Croire que nous vivons en vase clos, sans aucune influence extérieure, c'est fermer les yeux.
Pourquoi à votre avis le Herem de Rabbénou Gershom qui interdit la polygamie a unanimement été accepté chez les ashkénazes, moins chez les séfarades. N'est-ce pas que les richonim, les rabbins médiévaux qui vivaient en Afrique du Nord, au sein d'une société polygame, n'y voyaient aucun mal. N'ont-ils pas subi une influence extérieure?
Comparez les richonim en Espagne et en Allemagne, les premiers écrivant des poèmes sur le bon vin (Rabbi Yehouda Halévi et Ibn Ezra) par exemple, les seconds, du mouvement des Hassidim prônant l'ascèse, les bains dans la neige et la glace (Sefer Hassidim de Rabbi Yehouda HeHassid pas exemple), et comparez les avec l'ambiance qui règne chez les non juifs autour d'eux. Peut-on penser qu'il n'y a eu là aucune influence?
J'ai pensé, en commençant à écrire cette réponse amener un grand nombre d'exemple prouvant que nous subissons des influences extérieures. Mais je pense que ce n'est pas nécessaire. Il nous faut plutôt nous attarder au principe, à l'idée qui se cache derrière votre intervention.
Vous avez, à mon avis, et votre Rav aussi apparemment, une compréhension trop simpliste du concept de Tora Mi Sinaï.
Croire que la Loi Orale a aussi été transmise au Sinaï n'implique pas de croire que chaque phrase écrite ultérieurement a été transmise à Moché Rabbénou, avec les contradictions qui se sont multipliées au fil des années.
Quand le Midrash dit que D'ieu a transmis à Moché Rabbénou tout ce qui sera dit par le futur, il ne faut pas le comprendre littéralement. Ce qu'il veut dire, c'est que tout ce qui se dira tire sa source dans ce qui a été dit à Moché Rabbénou. Tous les principes ont été émis au Sinaï. Ce que nous faisons au fil des générations, c'est étudier comment se fait l'application de ces principes à chaque génération.
Quand un rabbin prend aujourd'hui une décision halakhique sur une question qu'on lui a posé à propos, par exemple, de l'ouverture d'un site commercial sur Internet Chabat. Comprenez-vous que Hachem a transmis la réponse à cette question à Moché Rabbénou?
Si oui, le dialogue risque d'être plutôt difficile entre nous. Parce que dans votre désir de grandir la Tora, vous la rendez ridicule au commun des mortels. C'est carrément du Hiloul Hachem.
Et quand on vient appliquer les principes éternels de la Tora à la vie de tous les jours, on le fait sous l'influence de l'époque à laquelle on vit.
Parce que vivre à son époque, fut par le passé une des grandes qualités des maîtres de la Tora, qualité qui a malheureusement tendance à de perdre.
Pour illustrer mon propos, je vous invite à penser à la question de savoir si on a le droit de fumer, selon la Halakha.
Quand le Rav Ovadia Yossef ou la Rav Haïm David Halévi l'interdisent, parce que c'est nocif pour la santé, il le font d'une certaine manière sous influence extérieure, puisque ce n'est pas de la Tora qu'ils ont appris les méfaits du tabac.
Mais ils ont appliqué à ces découvertes scientifiques les principes éternels de la Tora.
L'exemple pratique que je viens de donner existe aussi au niveau de la pensée.
Quand le Rambam utilise des termes et des théories philosophiques grecques dans sons système de pensée, c'est qu'il estime que ces théories sont la meilleure application des principes éternels de la Tora, à son époque.
Encore une fois, il faut être aveugle pour ne pas voir la corrélation entre ce qui se passe chez nous et ce qui se passe chez les peuples qui nous entourent.
Et il n'est pas judicieux de voir un défaut et un signe de faiblesse à ce qui fait la grandeur de notre Tora