Conversation 36992 - Exil... exil
Kevod HaRabanim,
Je souhaiterais revenir sur un sujet qui a déjà été traité: la prière dans une synagogue non-orthodoxe. Je pense que le contexte est, en ce qui me concerne, très différent. Je me permets donc de le rappeler.
J'habite dans un lointain pays d'Asie depuis maintenant 8 semaines.
La première communauté à s'être installée ici (dans les années 50) était conservative. Cependant, l'office était orthodoxe, les femmes n'étaient pas appelées à la Tora et il y avait des mehizot entre les 3 parties de la synagogue (hommes, femmes, mixte). Cette communauté compte plus d'un millier de membres dont une cinquantaine de fidèles le shabat.
Il y a une dizaine d'années est arrivé un émissaire d'un mouvement hassidique. Dès lors, les orthodoxes de la communauté en place (environ une dizaine de personnes) se sont sentis renforcés dans leur pratique. Par la suite, de nombreuses frictions se sont créées tant et si bien que ce petit groupe s'est séparé du premier.
Quelques années plus tard, l'émissaire orthodoxe a fait appel à un jeune homme du même mouvement pour l'aider dans son quotidien. Ceux-ci partageant des points de vue radicalement différents, le dernier arrivé a créé une scission au sein de la toute jeune communauté orthodoxe.
Aujourd'hui, les deux communautés orthodoxes comportent chacune moins d'une dizaine de membres (nombre au combien fatidique et qui ne semble pas vouloir s'élever ici).
De son côté, la première communauté (conservative donc) a également renforcé sa "pratique": les femmes sont maintenant appelées à la Tora et il n'y a plus de mehizot dans la synagogue. Cependant l'office est toujours orthodoxe, la cuisine est cachère (de la bouche des orthodoxes) et il n'y a pas de transgressions publiques du shabat (pas de guitares ni autres microphones...).
En ce qui me concerne, je viens d'un milieu orthodoxe traditionaliste et la prière en public constitue pour moi quelque chose d'extrêment important et reconstructeur (particulièrement dans un pays si lointain).
Je concluerais enfin sur l'ambiance entre les 3 communautés en disant que quasiment tout le monde regrette l'époque du compromis orthodoxe/libéral (avec une synagogue à 3 parties) mais qu'aucun des chefs de communauté ne tentera un pas vers l'autre.
Voici pour le contexte, j'en arrive donc à ma question.
Depuis que je suis arrivé, nous n'avons eu de minyan qu'une seule fois (pas même à Shavuot). La semaine dernière, constatant une fois de plus que nous n'étions qu'une poignée de personnes, j'ai décidé de me rendre à l'office conservative (qui se trouve dans le même bâtiment à l'étage du dessus). J'ai pu y assister (non sans quelque gène) à la lecture de la Tora (par un homme) et aux amidot de shahrit et mussaf. Au jour d'aujourd'hui, je pense effectuer cette "escapade" environ une fois par mois - tout en restant à l'écart dans la synagogue afin de montrer ouvertement que je ne soutiens pas cette communauté.
N'ayant que très peu d'expérience sur le sujet, je souhaiterais en connaître les différents avis (en précisant les sources si possible). Vous serait-il possible de m'éclairer?
Merci d'avance,
Cordial Shalom
ps: je laisse à votre seul jugement le choix du mode de réponse (privé/public)
Chalom
J'ai donné à votre question le titre "exil, exil", nos Sages nous enseignant que les scissions au sein du Peuple Juif étant la source de l'exil.
Y'a-t-il un meilleur exemple que celui que vous nous donnez là?
Le premier objectif, me semble-t-il serait tout au moins de réunir les deux communautés orthodoxes, pour avoir miniane.
Ceci étant, je suppose un peu utopique, reste votre question: pouvez vous assister à l'office "conservative"? J'aurais tendance à m'en remettre à vos sentiments, et à vous dire de faire ce que vous ressentez comme le plus juste dans les conditions où vous trouvez.
A vous de choisir entre d'un côté la problématique de manifester votre soutien à un mouvement qui comprend la Tora différemment de vous, et de l'autre, le besoin que vous ressentez de retrouver une vie de communauté et un miniane.
Je ne pense pas pouvoir décider à votre place.