Conversation 37116 - Sef mal rasé

Chalom

Notre ami Raoul Spiber a répondu à la 34311.
Si vous n'arrivez pas à la lire, veuillez nous le signaler.
Quant à cette question:
Cela s'appelle effectivement une houmra.
Ce n'est pas interdit... encore qu'être mal rasé Chabat alors que votre minhag ne vous oblige pas à l'être me semble aller un peu à l'encontre de l'honneur du Chabat.
Mais cela ne signifie pas que ce soit vraiment interdit.

Nathan Schwob rajoute:
En ce qui concerne les règles de deuil pour la destruction du Temple de Jérusalem.
Les sages du Talmud ont fixé l'interdiction de se couper les cheveux et de se raser pendant la semaine durant laquelle tombe le 9 Av. Par exemple si le 9 Av est un jeudi, il est interdit pour tout le monde (Achkenaz et Sépharade) de se raser du dimanche jusqu'au vendredi.
L'habitude achkenaze est de ne pas se raser depuis le 17 Tamouz, durant toute la période des trois semaines.
Prendre sur soi en tant que séfarade de ne pas se raser, c'est tout d'abord un changement de Minhag or nous sommes tenus de garder les habitudes rituelles de nos pères suivant le verset (Michlé 1,8): "Écoute mon fils la morale de ton père et ne délaisse pas les enseignements de ta mère". Il faudrait donc une bonne raison pour le faire, meilleure que celle de vouloir prendre sur soi une Houmera.

Qu'est ce une Houmra? Disons que dans le contexte de votre question c'est un accomplissement plus stricte, plus rigoureux de la Halacha supposé aussi être mieux et plus orthodoxe.
Mais il y a plusieurs problèmes à vouloir prendre sur soi une Houmra.
Le premier problème, c'est que la Houmra peut avoir comme conséquence exactement l'inverse, et amener à des allégements (Koula) inadéquats dans d'autres cas. En ce qui concerne de ne pas se raser, pour un Séfarade, il en résulte par exemple qu'il se montre endeuillé pendant Chabbat, sans y être obligé, alors qu'en ce jour saint on cache les apparences de deuil. On peut rajouter aussi qu'au lieu d'être beau et propre en l'honneur du Chabbat, il reste avec sa barbe de bagnard et manque ainsi de respect au Chabbat.

Le deuxième problème, c'est que la Houmra peut être interprétée par le public comme un signe d'orgueil. À ce propos, il est bon de citer le Messilat Yecharim (Les Sentiers de la Rectitude) concernant la Houmra (chapitre 14).

"Dans le domaine des lois, la Perichout – l'abstinence – consiste à être plus strict et toujours "faire la Houmra". La Houmra consiste à prendre en considération, dans les cas ou il y a eu discussion, même les avis qui n'ont pas été retenu par la Halacha, si les raisons invoquées par les tenants de cet avis sont convaincantes. La Houmra consiste aussi à s'abstenir dans le doute, même si on pourrait autoriser. Il est bien entendu que tous ces suppléments d'interdictions sont totalement autorisés, et que celui qui fait la Houmra, la fait pour lui-même, dans le but de s'éloigner de tout ce qui est laid et de tout ce qui ressemble même de loin à cette laideur". (Fin d'adaptation).

Vous voyez que la Houmra n'est pas pour tout le monde, mais plutôt pour ceux qui connaissent très bien la Halacha et sont capable de comprendre aussi la profondeur des avis qui n'ont pas été retenus. La Houmra provient aussi d'une sensibilité aigue non pas seulement à ce qui est mal, mais aussi et surtout à ce qui est "moche".

Reconnaissons cependant que l'habitude Ashkénaze de ne pas se raser pendant les trois semaines est appelée Houmra dans les livres de Halacha. Mais il ne faut pas le comprendre comme une Houmra à faire pour ceux qui le désirent. Les décisionnaires nous enseignent à propos des Houmrot, que de nos jours il est suffisant que les gens respectent ce qui a été institué explicitement par nos sages,et que la multiplication des Houmrot amène à une relâche dans l'accomplissement de ce qui est essentiel dans la Thora.
Là aussi rappelons les paroles du Messilat Yecharim:
Quand on veut avancer dans la voie de la Perichout (abstinence) il faut faire attention de ne pas sauter des étapes mais avancer pas à pas pour intégrer pleinement chaque niveau d'élévation dans sa personnalité.