Conversation 39293 - Dissection pas obligatoire

Le juif
Dimanche 11 novembre 2007 - 23:00

Chalom,
je suis étudiant de médecine en France et je voulais savoir si j'avais le droit d'assister aux travaux pratiques de dissection,(la présence est obligatoire) .Je ne crois pas que nous soyons obligé de disséquer nous même mais un moniteur le ferait,nous on dessine les différents éléments.D'autres part je ne suis aussi qu'en 2eme année de Médecine ce qui veut dire que cette dissection ne sera pas obligatoirement cruciale et que la vie de personnes n'est peut être pas engagée derrière.
Que faire?
En attendant votre réponse le plus rapidement possible j'espère,
Merci et Chavoua Tov
Tizkou Lamitswoth

Rav Elie Kahn z''l
Mardi 13 novembre 2007 - 19:47

Chalom

Vous avez certainement le droit d'assister à des dissections.
Vous avez aussi le droit d'en faire, pour apprendre.
Je vous recopie une réponse que j'ai écrite par le passé sur ce sujet, réponse qui paraîtra dans mon prochain livre, qui sortira dans quelques mois, si D'ieu veut.

La question de la dissection de corps pour l'étude de la médecine a fait l'objet d'études dans la littérature halakhique depuis le 18ème siècle, mais a été traitée de manière plus approfondie depuis le 20ème siècle. Bien que certains rabbins aient autorisé, l'opinion la plus répandue était que cela était strictement interdit. Je ne peux pas me livrer ici ne serait-ce même qu'à une étude succincte de cette question sur laquelle ont été écrits, sans exagération aucune, des centaines d'articles.
Les raisons pour lesquelles la majorité des rabbins a interdit la dissection de corps, même dans le cadre d'études de médecine sont les suivantes. Je vous fais ici l'"inventaire" d'une partie des arguments qui ont été évoqués, en me basant sur l'article qui traite de ce sujet dans l'encyclopédie halakhique et médicale (en hébreu) du Professeur Avraham Steinberg (tome 4). Notons qu'il s'agit d'arguments cités par différents auteurs. Ils ne font pas l'unanimité.
1. Sainteté du corps humain, même détaché de l'âme.
2. L'âme du mort souffre des avatars du corps, même après sa mort.
3. Il est interdit de déprécier le corps humain et de l'abaisser.
4. Il y a une mitsva d'enterrer les morts.
5. Il faut enterrer les morts dans la journée.
6. Il est interdit de tirer profit d'un mort.
7. C'est assimilable à un vol.
Il faut noter que concernant les dissections en faculté de médecine en Israël, plusieurs décisionnaires ont autorisé. Il s'agit entre autres du Rav Ouziel, du Rav Herzog, et du Rav Goren tous les trois Grands Rabbins d'Israël.
Le Rav Weinberg, un des grands décisionnaires du milieu du 20ème siècle, a analysé dans une lettre adressée à un rabbin, vice-ministre du gouvernement israélien, les raisons qui peuvent pousser à interdire (Thumin, 12, page 382). Ce que j'ai retenu de très intéressant dans sa lettre, c'est que l'on ne prend pas les mêmes décisions halakhiques quand cela touche des individus ou quand cela touche une société entière ou un état. Un état moderne, voulant protéger ses citoyens, et se doter de structures médicales modernes ne peut se passer d'un tel moyen, et il est donc primordial d'autoriser, si cela est possible.
Il est marquant que les rabbins qui ont autorisé étaient justement des rabbins pour qui le challenge de trouver l'harmonie entre la Tora et la modernité, et celui de permettre à un état juif de ne pas s'éloigner de la Tora, étaient une base de travail.
De facto, dans les universités israéliennes, les étudiants en médecine font des dissections, y compris les étudiants religieux, et je suppose donc que les voix des rabbins les autorisant ont été entendues.