Conversation 40287 - Influence de l'environnement

k4j
Mardi 15 janvier 2008 - 23:00

Shalom,

Après avoir effectuées certaines recherches sur la manière dont l'homme est influencé par son environnement (ionisation de l'air, température, luminosité, parfum, bruit) j'ai découvert qu'il n'y avait pas que des réponses scientifiques sur le sujet. La tradition juive en est pleine, même si elle explique plus les implications sur l'âme que sur le corps.

Certaines des affirmations ci-dessous sont des "j'ai entendu dire que...". Veuillez, s’il vous plaît, me corriger si je me trompe.

1. Mélanger le lin et la laine est un interdit de la Torah. Un habit constitué de ces textiles est appelé « habit du mal » et il aurait pour conséquence d'empêcher nos prières d'atteindre les 'cieux'.

2. Les mezouzots et les tephilines doivent être vérifiés fréquemments car les caractères écrits sur les parchemins s'effacent. La raison est que les forces négatives qui devaient avoir une influence sur nous ont été neutralisées par ces objets et ceux-ci ont été dégradés par ces forces.
2.1 Les roses aussi peuvent 'absorber' les forces négatives
2.2 Les bougies (havdala+hanouka) brûlent ces forces

3. Nous avons pour mitzva de tremper au mikvé et de faire netilat yadaim. L'eau aurait pour vertu de barrer le passage aux démons (et donc aux forces néfastes).

4. Il est interdit de juger au tribunal quand souffle un certain vent du Sud (ici je n'ai trouvé qu'une réponse scientifique en rapport avec l'ionisation de l'air.

Ces quelques exemples me servent en fait à rendre plus claire ma question.

Où peut-on trouver d'autres propriétés 'mystiques' des éléments dans notre tradition ? Celles des plantes et fruits ? Celles des métaux (or, airin et fer étant souvent cités dans la Torah)? Des animaux vivants ou des produits qui en dérivent ? Des odeurs ?

Je cherche des sources accessibles et non dangereuses (étant jeune et n’ayant qu’un petit bagage de Torah), la langue n’étant pas vraiment un problème.

En vous remerciant énormément pour les réponses que vous m’avez déjà données et d’avance pour celle-ci.

Rav Elie Kahn z''l
Mercredi 6 février 2008 - 00:01

Chalom

Votre question reflète une certaine approche des mitsvoth de la Tora qui est légitime, mais n'est pas la mienne.
Je ne vais pas reprendre tous les éléments de votre question, mais les deux premiers, pour illustrer mon propos.
L'interdiction de porter des habits de laine et lin mélangés n'a rien à voir, selon moi, avec ce que vous écrivez.
Ainsi, concernant le chaatnez, j'ai publié plusieurs réponses sur le site et dans mon 'livre juif des questions réponses"; pour moi, l'interdiction du chaatnez est éducative, et en porter n'a pas d'incidence pratique immédiate, que ce soir physique ou spirituelle, si ce n'est qu'on est allé à l'encontre de la volonté de Hachem.
Voici ces réponses.

Signification de l'interdiction des mélanges

Souvent, des amis non-juifs me demandent pourquoi nous ne mélangeons pas le lait et la viande…j'ai beau leur répondre "c'est comme ça, c'est écrit dans notre Sainte Tora"… ils ne comprennent pas plus !!!
Y a-t-il une explication ?

La raison de l'interdiction de mélanger le lait et la viande n'est pas explicite dans la Tora. Toute réponse à cette question est sujette à caution.
Je me propose d'exposer l'explication donnée par le Rav Kook.
L'interdiction de mélanger le lait et la viande, comme celle du chaatnez, a pour but de nous rappeler quelle pourrait être notre relation avec les animaux si nous avions un niveau moral plus élevé.
Le lait que nous consommons est produit par les animaux au profit de leurs petits. Dans cette optique, consommer du lait, c'est voler. C'est pourquoi la Tora choisit de formuler cette interdiction de la manière suivante : "Tu ne feras pas cuire le chevreau dans le lait de sa mère". Faire cuire le chevreau dans le lait de sa mère, c'est lui voler son lait, l'assassiner, et faire cuire la victime de l'assassinat dans le fruit du vol !!!
Vous pourrez donc expliquer à vos amis que l'interdiction de mélanger le lait et la viande est l'expression de la mansuétude de la Tora à l'égard des animaux, et une des nombreuses mitsvot ayant pour but de nous élever à un haut niveau de moralité.

Qu'est-ce que le "Chaatnez" ?

Que signifie en français le terme chaat nez, traduction littérale ?

Si vous comparez la traduction du Rabbinat français des deux versets de la Tora où apparaît le mot "chaatnez", vous verrez que le terme a été traduit par "tissu mixte" ou "étoffe mixte", mais que dans le premier verset le terme hébreu de "chaatnez" a été rajouté entre parenthèses. C'est que l'origine du mot n'est pas claire. Ce mot n'est pas de racine hébraïque, puisque sa racine comprend 5 lettres (sans rentrer dans la polémique si toute racine ne doit comprendre vraiment que trois lettres).
Les Targoumim, traductions araméennes de la Tora, ont conservé le terme hébreu, signe que leurs auteurs aussi étaient dubitatifs quant à la signification littérale du terme.
Les Sages du Talmud en ont fait l'abréviation des mots CHoua-Tavouy-NouZ, qui signifient lissé, filé et tissé.
Les linguistes pensent que c'est un mot d'origine égyptienne, mais ne sont pas d'accord sur sa signification.
Au niveau de la Halakha, la mitsva est très claire, puisque la Tora précise elle-même qu'il s'agit de ne pas filer ou tisser ensemble du lin et de la laine .

Qu'est-ce que le "chaatnez" ? suite

Le chaatnez est le tissu mixte (laine et lin – animal et végétal) interdit dans la Tora, pourtant l'habit du Cohen Gadol, de Grand Prêtre, contient le chaatnez !
Doit-on en déduire que le Cohen Gadol – et ce qu'il représente – est la réunion en acte des deux aspects ou qualités a priori inconciliables relatés à propos de l'histoire d'Abel et Caïn ?

Tous les habits des Cohanim au Temple contenaient du chaatnez, c'est-à-dire de la laine et du lin. L'explication de cette exception dépend bien évidemment de celle que l'on donne à l'interdiciton du chaatnez en général.
Soulignons tout d'abord que l'interdiction du chaatnez est considérée comme un h'oq, c'est-à-dire comme une loi dont le sens est caché. Ceci n'a pas empêché les rabbins, au cours des générations, de tenter de donner des explications à ces lois, tout en restant très prudents concernant l'exactitude des réponses apportées.
Je vous propose ici l'explication donnée par le Rav Kook . Cette explication se place dans le cadre plus large de la relation de l'Homme vis-à-vis des animaux, et de la question de savoir si la Tora aurait voulu que nous soyons végétariens.
Au début de la création, D'ieu ne permet à Adam de manger que des végétaux . Ce n'est qu'après le déluge qu'il reçoit l'autorisation de consommer des animaux . Cette autorisation fut donnée à la suite de la chute morale de l'Homme. Quand les hommes s'entretuent, il n'y a pas lieu d'exiger d'eux de ne pas tuer d'animaux. Un bon éducateur pose des exigences accessibles.
Cependant la Tora, grâce à plusieurs mitsvot, nous envoie de temps en temps un "rappel" afin que nous nous souvenions que les exigences de la Tora concernant nos relations avec le règne animal sont le fruit d'un compromis.
Une des ces mitsvot est l'interdiction du chaatnez, qui, comme vous l'indiquez dans votre question, est le mélange du règne végétal et du règne animal. La Tora veut nous indiquer par là que l'usage de la laine ne procède pas du même niveau moral que celui du lin, et devrait faire l'objet de plus de restriction (ne pas faire souffrir l'animal).
Ceci est vrai concernant l'usage personnel de l'Homme. Mais toute la création est invitée au service divin. Les végétaux et les animaux aussi, et participer au service de D'ieu est pour eux la plus haute élévation possible. C'est pour marquer cette idée que le chaatnez est autorisé dans les habits des cohanim, et était autorisé dans le passé pour la confection des tsitstits.
Cette explication est une explication supplémentaire à celle à laquelle vous faires allusion, et ne l'invalide en aucune manière.

En ce qui concerne les mezouzoth. Il faut les vérifier… à cause de l'humidité ambiante, qui a tendance à les endommager. Voici les références, tirées d'une réponse devant paraître, sdv, dans un prochain livre:

J'ai acheté des mezouzot il y a 2 ans pour mon domicile. Quand doit-on les vérifier?
Il faut vérifier les mezouzot au moins deux fois tous les sept ans. Cela dépend des circonstances et du climat. S'il y a beaucoup d'humidité là où elles sont fixées, il faudra peut-être les vérifier plus souvent. Ainsi, le Rav Epstein, qui vivait en Russie, témoigne-t-il qu'il vérifiait ses mezouzot tous les ans (Aroukh Hachoulhane, Y.D., 291, 1). On a effectivement l'habitude de les faire vérifier au mois de Eloul.

Comme je l'ai écrit au début de ma réponse, votre approche existe dans le judaïsme, mais je ne crois pas q'un répondeur de Cheela en soit adepte et puisse vous aider à progresser sur cette voie.