Conversation 41623 - Cas d’utilisation du Goral haGra

jack_ohayon
Lundi 14 avril 2008 - 23:00

Kvod Harabbanim,

Dans quels cas le Goral Hagra est-il utilisé ?
A t on le droit d'avoir recours à cette pratique ?

Kol Touv,
Pessa'h Casher Vésaméa'h

Jacques Kohn z''l
Mercredi 16 avril 2008 - 01:04

La revue KOUNTRASS (numéro 66) rapporte que Rambam/Maïmonide considère qu’il est interdit de demander à un enfant : « Quel verset de la Tora as-tu appris aujourd’hui ? » et de conformer ses actions à sa réponse. Néanmoins le Rema 16 (Yoré Dé’a 179,4) se range à l’opinion de tous les autres Richonim (Rachi, Raavad et Smag) selon laquelle cela est permis, et la réponse de l’enfant est considérée comme étant une forme mineure de prophétie. De même, nous venons de voir que tirer au sort pour prédire l’avenir est prohibé. Cependant, ouvrir le ‘Houmach/Pentateuque au hasard pour trouver une réponse à une question à travers le verset qui apparaît ainsi (méthode connue sous le nom de Goral haGra – "le tirage au sort du Gaon de Vilna"), est chose permise à condition que cela soit fait, premièrement en privé, et deuxièmement dans le but de résoudre un problème qui ne peut être solutionné ni par la logique ni d’après l’avis d’un Sage de la Tora. Mais le faire systématiquement pour le grand public est strictement interdit (‘Hida, Chi'ouré Berakha, Yoré Dé’a 179,6 ; ‘Hayim Cha’al, 2ème partie, 38,41). D’autre part, nous avons vu que croire aux présages et aux augures est interdit (Guemara Sanhédrin 65b, Choul’han 'Aroukh, Yoré Dé’a 179, 3-4). Malgré tout, les présages sont permis s’ils remplissent l’une des deux conditions suivantes : 1) Ils se rapportent au passé plutôt qu’à l’avenir (Rambam, Michné Tora, 'Avoda Zara 11,4-5) ; 2) Ils obéissent à une certaine logique (ibid., Kessef Michné citant le Ran). Cependant, il est préférable de croire avec une foi simple, sans avoir recours même aux présages permis (Choul’han 'Aroukh, Yoré Dé’a, ibid. Cf. Rema).

J’ajouterai que l’un des cas les plus récents de recours au Goral haGra a été celui de rabbi Aryé Lévine pour identifier les dépouilles mortelles de soldats juifs tombés au combat pendant la guerre d’Indépendance d’Israël de 1948.

Consulté par les parents de douze d’entre eux qui n’avaient pas été reconnus, Rabbi Tsevi Pessa’h Frank, qui était alors Grand Rabbin de Jérusalem, décida que pour identifier les corps et leur donner une sépulture convenable, il allait organiser une cérémonie de Goral HaGra. Le Rav Frank pensait que seul un juif tsaddiq et craignant le Ciel comme Rabbi Aryé Lévine pouvait accomplir cette tâche difficile et importante. Pour organiser le tirage au sort, Rabbi Aryé prit une vieille Bible, et en face de l’Arche sainte ouverte, douze bougies étant allumées, il ouvrit la Bible au hasard à une certaine page. Après chaque fois qu’il ouvrait le livre, on le feuilletait sept fois, et il décidait d’après une allusion du texte le nom de l’un des défunts. Onze fois il ouvrit le livre avec une grande émotion et en tremblant, à chacune des fois le premier verset qui apparaissait contenait une allusion au nom de l’un des défunts. Après en avoir identifié onze, le dernier se trouvait identifié de lui-même.