Conversation 4737 - Convertie pour D.ieu ou pour Noemie?

Anonyme
Jeudi 20 février 2003 - 23:00

Bonjour
Ma question est un peu tordu, je m'en excuse, elle n'est aucunement une forme de provocation, c'est juste pour savoir.

Je désire savoir pourquoi tous convertis doivent ils faire des propos de Ruth les leur dans la mesure où actuellement se convertir pour quelqu'un est une chose interdite or Ruth s'est , il me semble, convertie pour neomie. Car ce n'est pas pour l'amour d'hachem et de Sa Torah. Elle dit bien "ton D. sera mon D., ton peuple sera mon peuple..." alors peut-on conclure que si neomie eut fait partie d'un autre peuple avec un autre D. elle l'aurait tout de même suivie?????

Merci de me répondre, c'est juste par curiosité et recherche de la cohérence.

Shabbat shalom et merci de ce site très bien fait et surtout de tout le travail que vous effectuez de façon bénévole pour nous instruire.

Leeva

Rav Elyakim Simsovic
Lundi 24 février 2003 - 23:00

Je ne sais pas pourquoi vous dites que Ruth se convertit pour Naomie. Toute la lecture hébraïque et juive de ce passage dit le contraire.
De plus, votre texte comporte une inversion révélatrice.
Ruth ne dit pas "ton Dieu sera mon Dieu, ton peuple sera mon peuple..."
Elle dit précisément cela dans l'ordre inverse et au présent, pas au futur.
Ton peuple est mon peuple et ton Dieu est mon Dieu, où tu iras j'irai et ce pour quoi tu mourras je mourrai et là je serai enterrée.

Il n'est pas nécessaire d'être grand clerc pour se rendre compte qu'il ne s'agit pas dans le modèle de Ruth d'une conversion au sens chrétien du terme où le converti change de foi, mais de l'adhésion inconditionnelle à la destinée du peuple d'Israël et, à travers cela, réussir à partager la foi d'Israël en Dieu en tant que Celui qui garantit la Délivrance d'Israël (Guéoula) et le Salut du monde (Yéchou'a).

Ce qui faisait aussi dire à notre maître le rav Askénazi (Manitou) zatsal qu'il était cruel de convertir des goyim hors d'Israël pour les condamner à devenir des Juifs de l'exil...

Anonyme
Lundi 24 février 2003 - 23:00

Rav Simsovic,

Il est vrai, j'ai inversé les paroles de Ruth mais tout de même je suis allée sur le site du consistoire de Paris et lorsqu'il cite les parole de Ruth il les traduisent au futur, c'est bien cela que je ne comprends pas???
Est-ce une erreur de traduction???

Pris sur le site du consistoire de Paris:
"Mais Ruth répondit : N'insiste pas auprès de moi pour que je te quitte en retournant loin de toi (Naomie), car où tu iras j'irai, où tu habiteras j'habiterai, ton peuple sera mon peuple et ton D. sera mon D."

Evidemment je savais bien qu'il ne s'agissait pas de convertion comme celle des chrétiens mais ce futur me gêne.

Shalom

Rav Elyakim Simsovic
Mercredi 26 février 2003 - 23:00

Que puis-je dire ? Il ne reste qu'à citer le texte en hébreux : 'amekh 'ami véEloqayikh Eloqaï. Sans verbe, selon l'usage en hébreu pour le verbe être au présent.

Traduire au futur est une pure inférence fondée sur les futurs précédents ; mais en fait, ceux-ci s'expliquent facilement par le contexte. Ils se rapportent à une situation où Naomie vient de dire à ses brus de s'en retourner chez leurs parents. Ruth refuse et lui dit, en substance : où tu iras j'irai... et la raison en est que désormais ton peuple est mon peuple etc...

Il faut faire preuve d'indulgence pour le Consistoire : la traduction de la Bible par le Rabbinat français date d'une époque où les préoccupations du beau style primaient l'exactitude lorsque celle-ci produisait un texte difficile à lire. Mais cela ne tenait pas compte des difficultés inhérentes à l'original lui-même, ce que rav Askénazi (Manitou) zatsal appelait les "aspérités du texte" qui nous obligent à nous arrêter, tendre l'oreille, affûter le regard, comme si le texte nous disait : attention ! ici tu risques de passer à côté de quelque chose sans le voir.

Et si votre question permettait de comprendre à quel point on ne peut réfléchir sur la Bible qu'à partir du texte hébraïque et non à partir des traductions, tous les internautes du site devraient vous être reconnaissants.