Conversation 4805 - Lire la Meguila au feminin

Notons que selon de nombreux decisionnaires, une femme peut lire la Meguila meme pour des hommes. Le principe halakhique qui mene a cette conclusion est qu'une personne qui est tenue de respecter une certaine mitsva peut aussi le faire au nom d'autres personnes ayant la meme obligation qu'elle. Les femmes etant tenues de lire la Meguila au meme titre que les hommes, ayant ete sauvees elles aussi du decret de Haman, peuvent donc lire pour les hommes. Cette opinion est semble-t-il acceptee par le Choulhane Aroukh (1) qui note "qu'il y en a qui disent que les femmes ne peuvent pas lire pour les hommes". Cependant, , meme si elle reflete l'avis de beaucoup, elle n'a pas ete adopteee, sauf cas de force majeure (2).
Concernant la lecture par une femme pour des femmes, un des commentateurs du Choulhane Aroukh l'interdit (3), mais la majorite n'y voit aucune difficulte (4), toujours en vertu du principe que j'ai enonce au debut de ma reponse.
La question se pose de savoir si les berakhoth qui precedent et suivent la lecture sont identiques a celles que l'on recite pour la lecture des hommes. Selon certains il faut reciter la berakha "lichmoa meguila" au lieu de "al mikra meguila".
Il est preferable de lire la Meguila en presence de dix femmes, ce qui permettra de reciter aussi la berakha qui suit la lecture. Au niveau strictement halakhique, il n'y a donc pas de probleme de lire la Meguila, et cela se fait dans plusieurs communautes en Israel.

Malgre cela, cette question fait l'objet d'une controverse actuellemenl en Israel, mais les raisons evoquees ne sont pas des raisons hilkhatiques pures, mais plutot des questions de "politique hilkhatique".
Les trois principaux arguments evoquees a l'encontre de ces lectures de la Meguila par les femmes pour les femmes sont les suivants:
1: Il n'est pas souhaitable de creer des prieres differentes pour hommes et femmes. Il est bien que les enfants accompagnent leurs parents ensemble a la synagogue.
2: Cela fait plusieurs siecles que l'autorisation de lire la Meguila par les femmes pour les femmes existe, et jamais nous n'avons entendu que cela se soit fait. Les femmes d'aujourd'hui ne sont pas plus pieuses que leurs grand-meres qui se contentaient d'ecouter la Meguila de la voix d'hommes.
3: Tout changement risquent d'amener a des deviations. Apres la lecture de la Meguila, viendront d'autres exigences et celles-ci seront contraire a la Halakha. Il vaut mieux etouffer le phenomene avant qu'il ne prenne de l'ampleur.
Les supporters de ces lectures retorquent que de toute facon les hommes et les femmes sont separes, et que bien souvent, quand il y a de petits enfants, le mari et la femme assistant a des lectures differentes.
Quant au deuxieme argument, si de telles lectures n'ont jamais eu lieu, c'est que le besoin ne s'en est jamais fait sentir, les femmes etant plus passives dans tous les domaines. Si cela est autorise par la Halakha, pourquoi priver les femmes de ce plaisir?
On peut retorquer au troisieme argument que c'est justement le refus d'autoriser ce qui peut l'etre qui sape l'autorite rabbinique. En effet, la communaute risque de ne plus ecouter la voix de son rabbin, sous pretexte que de toute facon il interdit des choses qui peuvent etre autorisees. Et ils en viendront a transgresser de graves interdictions. C'est donc la politique de tout interdire qui risque d'avoir des consequences graves.
La decision d'autoriser une telle lecture revient au rabbin de la communaute. Bien que partisan de la lecture de la Meguila par les femmes pour les femmes, j'ai demande a mes eleves de ne pas organiser et de ne pas participer a de telles lectures la ou le rabbin local s'y opposait.

Pourim Sameah'.

1: O. H. 689, 2 2: Yalqoute Yosseph, 5, p. 288 (en hebreu). 3: Maguen Avraham. 4: Aroukh HaChoulhane par exemple.