Conversation 49842 - Déclin des générations et loi orale

ANTLIA
Samedi 21 novembre 2009 - 23:00

Bonjour,

Je n'aime pas beaucoup posé ce genre de question car elle me donne l'impression d'être quelque peu blasphématoire, mais je ne peut pas non plus l'ignoré.

Du peu que j'ai pu apprendre, on m'a toujours expliqué que la connaissance la plus grande et la plus authentique se trouvait chez les « richonim » et que plus nous nous éloignons et avancions dans le temps cette connaissance se diluait et donc se perdait. l'une de nos taches principal dans l'étude étant, autant que faire se peut, d'en retrouver l'authenticité première.

Or en matière d'écrit, il me semble qu'il n'existe que très peu de témoignage de pensée juive antérieur à la Mishna. L'un des témoignage les plus éloquent est sans doute celui de Flavius Joseph notamment dans « la guerre des Juifs ou « l'histoire ancienne des Juifs ». En tant que Cohen occupant une place assez importante, il devrait être assez évident que sa connaissance des « choses sacré » devrai résonner avec beaucoup de force à l'exégèse que l'on peut étudier aujourd'hui, or force est de constater que ce n'est pas vraiment le cas. Si l'identification aux rites décrit dans le Tanah est évident, il n'en est pas de même pour les valeurs qui semble être celle du Cohen Yossef Ben Matatyaou.

Si je me risque à une comparaison avec l'époque actuelle, je dirai que la plupart des Juifs « intellectuels » de notre époque qui ont eu une éducation traditionnelle sont parfaitement capable, à travers leurs écrits, de transmettre des valeurs Juives reconnaissable comme « authentique » par la plupart. Ceci souvent, malgrés, une intégration aux sociétés non Juives ressemblant beaucoup plus à de l'assimilation.

Ceux que j'essaye d'exprimer est que le peuple Juifs à pendant 2000 ans, développer une exégèse extrêmement créatrice à partir de source qui semble elles extrêmement incomplète. La méthodologie employé permettant à peu près tout, même si très encadré.

Ma question est donc double, existe il des écrits antérieur à la mishna nous permettant de relier le Judaïsme tel qu'il nous est enseigné aujourd'hui à ces époques reculés (je ne parle pas de rites mais de pensée).

La deuxième question est comment enlever le doute qu'après être passé par autant de personnages d'exception comme Rachi, le Rambam, le Ramban, Yehouda Halévi et tellement d'autre, que le Judaïsme ne s'est pas finalement construit au fil du temps par ces même grandes figures, et que finalement, il n'existe d'authenticité que celle de la longévité d'un intellectualisme exacerbé que l'on a bien voulu lui donner.

Et une autre question, est il autorisé de se poser ce genre de question ou lorsque l'on a la foi doit on court-circuiter ce genre d'interrogation ?

Je tient à préciser que je suis très croyant, que d'ailleurs les écrits de Flavius Joseph renferme aussi beaucoup de témoignages renforçant l'authenticité de notre foi.
En vous remerciant pour votre magnifique travail.

Rav Reouven Ouziel
Lundi 7 décembre 2009 - 05:23

Si j'ai compris ce que vous écrivez, il y a là de nombreuses questions qu'on pourrait résumer en disant:
Que signifie la notion de yeridat hadorot [=le déclin des générations]? Et comment la concilier avec l'exégèse des générations postérieures, qui semblent agir très librement avec la tradition héritée de la loi orale? [Le fait de ne pas tenir compte de Flavius Joseph est dû au fait qu'il n'était pas un sage, loin de là, et que souvent ses affirmations et ses témoignages sont sujets à caution.]
Et comment rattacher la tradition orale du Talmud avec le judaïsme tel qu'il transparait à travers les livres de la Bible?

1. Yeridat hadorot =le déclin des générations:
Par rapport à notre petitesse présente, la grandeur des sages qui nous ont précédés est remarquable non seulement par l'étendue et la profondeur de leur sagesse, mais surtout du fait qu'elle était naturellement divine pour eux. Ils n'avaient pas besoin de se forcer pour comprendre et accomplir la volonté de Dieu. Leur sagesse était inspirée, reliée directement à sa source divine, alors que nous, nous devons faire des efforts énormes pour ressentir au moins de façon artificielle et intellectuelle ce qui était naturel pour eux.
Donc pour tout ce qui a trait à la kedoucha [=sainteté] et à la ferveur, nous sommes loin derrière eux!

De plus, le fait que la Torah était unifiée grâce au Sanhédrin, et que même après sa dissolution, les sages étaient tous réunis ensemble à Babel [voir l'introduction au Yad Ha'hazaka de Maïmonide], tout cela leur donnait la possibilité d'atteindre des niveaux de compréhension et d'approfondissement qui ne peuvent être les nôtres puisque nous étudions isolés et séparés les uns des autres.

Mais cela ne veut pas dire que la Torah s'étiole, 'has vechalom!
De par la sagesse accumulée, et de par les nouveaux défis relevés par chaque génération, la Torah s'enrichie; et par ses nouveaux développements, elle redonne une nouvelle signification même à celle des générations qui nous ont précédées. C'est une Torah de plus en plus étendue et approfondie que chaque génération transmet à la suivante.
Et comme chaque effort de chaque génération nous rapproche de la geoula [=rédemption] de la création, on peut donc parler d'ascension progressive des générations! [Voir Igrot Reay"a vol.1 lettre 332]

2. La tradition orale et la Bible:
La Loi Orale qui accompagne de tous temps la Loi Ecrite, la Torah telle qu'elle est consignée dans la Bible, a commencé à particulièrement se développer à partir du moment où la prophétie s'est tarie, au début de l'époque du second temple.

La source prophétique ne pouvant plus fournir son apport de lien avec le divin, c'est les sages qui prirent la relève, et élargirent la présence divine par l'éclaircissement des liens entre la Torah et la réalité qui nous entoure.
C'est pourquoi nous avons parfois l'impression que la loi orale date du Deuxième Temple, alors que c'est seulement son expansion qui eut lieu à cette époque.

Cette tâche fut entamée par Ezra Hassofer et les sages de la Knesset Hagedola [Grande Assemblée], voir Avot début du pre. chap. et commentaires.
Elle se poursuit jusqu'à nos jours, et atteindra sa plénitude avec le retour du Sanhédrin et la venue du Machia'h, bimhera beyamenou!