Conversation 50165 - Elevage industriel et cacheroute

ys
Mardi 15 décembre 2009 - 23:00

48351, quel bon goût de de prendre ce pseudonyme ! Il y a certes une différence entre une interrogation véritable et une pure provocation étalant des opinions ô combien personnelles.

Cependant, je me pose la question : peut-on considérer l'élevage des animaux, des poules pour reprendre l'exemple du président de la SPA, comme du tsaar baalei chayyim, et, le cas échéant, certains décisionnaires (modernes ou non) le considèrent-ils comme un défaut invalidant la casherut ?

Je demande "certains décisonnaires", car, s'il y a un hechser sur les oeufs de ces poules torturées, c'est qu'au moins d'autres avis le permettent...

Merci d'avance !

(Au passage, il serait gentil de votre part de répondre à la question 49346 que j'ai posée voilà un certain temps. Sans vous presser, bien sûr.)

Rav Reouven Ouziel
Jeudi 24 décembre 2009 - 04:11

La définition halakhique de tsa'ar ba'aley 'haim [=cruauté envers des animaux] est de faire (ou de laisser) souffrir un animal sans raison impérieuse.
Il est permis de charger un âne [bien qu'il préférerait gambader librement!] mais il est interdit d'exagérer le poids de sa charge, auquel cas il y a une mitzva d'aider à l'alléger [voir Devarim 22, 4 et Chemot 23, 5; et commentaires].

De même est-il permis de faire de l'élevage intensif de poules, mais pas d'exagérément les faire souffrir pour gagner plus d'argent. Le Min'hat Its'hak [vol.6 res.145 et vol.10 res.61] permet de faire jeûner des poules de poulailler pour augmenter leur rendement, mais déconseille fortement de le faire!

L'erreur d'organisations comme la s.p.a. [et certains pays qui ont adoptés de façon officielle leur idéologie] est de considérer les animaux comme des personnes au sens juridique, ce qui amène à des exagérations dangereuses comme l'affirmation de certains protecteurs d'animaux, qu'entre un homme ou un animal, ils préfèrent sauver d'abord l'animal! [Ou l'horreur absurde de nazis qui aimaient et protégeaient leurs animaux pendant qu'ils massacraient les juifs!...]

Ce même judaïsme qui permet l'utilisation d'animaux pour la commodité de l'homme, nous raconte que Rabbi Yehouda Hanassi [l'un des plus grands sages, qui a rédigé la Michna] a été durement puni des cieux pour avoir dit à un veau: "va te faire égorger! car c'est pour cela que tu as été créé!", et n'a pas fait preuve de miséricorde [Baba Metzia 85a].

Voyez aussi le Sefer 'Hassidim [par.665-670] [de Rabbi Yeouda Ha'hassid de l'époque des Tossafot (1200 env.)] qui fustige toute cruauté ou simplement un manque de sensibilité envers les animaux quels qu'ils soient [comme de leur donner à manger plus que de coutume, pour les faire travailler plus!].

Et Rav Na'hman de Breslav [Likoutey Mouaran par.2 torah 63] dit [à la suite du Midrash Berechit Raba 10, 6; et Sefer Hazoar Chemot 15b] qu'à chaque brin d'herbe correspond un chant particulier, qu'il faut le laisser chanter!

Et le Rav Kook a réprimandé son élève qui avait arraché une feuille sur son passage, en lui disant qu'il fallait faire attention de ne tuer ou détruire, ni une fourmi ni un brin d'herbe qui avaient leur rôle à jouer dans la création! [Chiv'hey Hareayah page 89]

Soyons miséricordieux envers toute créature, mais n'oublions pas de l'être d'abord envers les hommes!
Et ne perdons pas le sens des proportions dans ce domaine!!