Conversation 53265 - "Les versets douloureux"?!

Heaudrais
Mardi 17 août 2010 - 23:00

Messieurs,

J'ai récemment lu l'ouvrage "Les Versets douloureux : Bible, Évangile, Coran entre conflit et dialogue" co-écrit par David Meyer, Yves Simoens et Soheib Bencheikh. D'après mes recherches, David Meyer est un rabbin de la communauté libéral.

Dans cet ouvrage, David Meyer aborde la question des citations douloureuses du Talmud dont il donne quatre premiers exemples :
- Les juifs sont appelés des êtres humains, et les non-juifs ne sont pas des humains, ce sont des animaux. (Baba Metziah 114b)
- Le nom de Dieu n'est pas profané lorsque, par exemple, un juif ment à un non-juif en disant "J'ai donné quelque chose à ton père, mais il est mort. Tu dois donc me le rendre." Cela est parfaitement acceptable en tant que le goy ne sait pas que vous êtes en train de mentir. (Traité Baba Kama)
- Si un juif possède un esclave non-juif ou une servante et que celui-ci ou celle-ci meurt, il ne faut pas exprimer sa douleur ou sa sympathie envers le maitre juif. Nous devons plutôt lui dire : "Dieu remplacera ta perte", tout comme nous avons coutume de le dire lorsqu'un juif perd un animal qui lui était cher. (Yoré Déa 377)
- Il est permis de mentir à un non-juif. (Traité Baba Kama)

Comme ces citations n'étaient pas explicitées, j'ai voulu les chercher par moi-même sur le site http://www.halakhah.com (Je pense que ce site propose une bonne traduction anglaise du Talmud. Si ce n'est pas le cas, merci de m'en informer). Pour la première citation, Baba Metziah 114b, je n'ai rien lu de tel : rien n'est dit selon quoi les juifs sont des humains et les non-juifs des animaux. Je n'ai pas trouvé le traité Yoré Déa sur le site que j'ai précédemment cité. Quant aux deux autres citations du traité Baba Kama, il manquait la référence de la page et donc je n'ai pas pu trouver si cela était vrai ou pas.

Je vous écris donc pour savoir si les trois dernières citations sont vraies ou si elles sont erronées comme celle de Baba Metziah 114b (en tout cas, fausse selon ma recherche mais je ne connais pas toutes les subtilités de la lecture du Talmud).

Je lisais ce livre pour en apprendre plus sur le judaïsme et l'islam et le fait de penser avoir trouver quelque chose d'erroné me trouble un peu car je ne vois pas pourquoi un rabbin qui, apparemment, est important et bien formé selon sa biographie dirait quelque chose d'erroné à propos du Talmud.

Merci d'avance pour votre réponse.

Rav Reouven Ouziel
Mercredi 6 octobre 2010 - 00:54

Il est tout à fait possible de collecter de nombreuses citations choquantes dans le Talmud, et c'est ce que sont empressé de faire des antisémites et des renégats de toutes époques. Il est impossible de les comprendre si on ne comprend pas le contexte, et qu'on les en isole. De plus, il faut aussi connaitre la pensée de nos sages afin d'en saisir la profondeur et le sens réel.

Les citations et références sont tronquées et mal traduites. Voyez la gemara Baba Metzia 114b qui parle de la différence entre un juif et un non-juif du point de vue des halakhot d'impureté. Et Yebamot 62a qui ne parle que des lois du statut familial. Dans l'Encyclopédie Talmudique [vol.5 page 359] sont réunies toutes les halakhot qui différencient le non-juif du juif dans le droit civil. etc...

Le principe de base est, comme dit le midrash Tana Devey Elihaou [chap. 10], "que ce soit un juif ou un non-juif, tout dépend de ses actes, pour que l'esprit saint [=la prophétie] soit sur lui". C.à.d. que rien n'empêche un non-juif d'être un juste, un prophète même, et d'avoir droit au monde futur [Ramba"m, Lois des Rois, fin du chap.8].
La différence, au niveau des halakhot seulement, sont dues au fait qu'un non-juif n'a que 7 mitzvot à accomplir, et que donc toutes celles supplémentaires pour le juif ne le concerneront pas. P. ex., je peux prêter avec intérêt à un non-juif puisque lui-même peut le faire, et n'ai pas l'obligation de le prendre en pitié comme lui ne le ferai pas.
De plus, il faut se souvenir que les non-juifs étaient antisémites pour la plupart ou au mieux ignorants et méfiants envers la tradition juive, ce qui explique les expressions parfois très dures de nos sages.

Tout celui qui a étudié le Talmud sait que leur langage peut être très tranchant et très cru, sans circonvolutions "politically correct", chose à laquelle nous ne sommes plus habitués.

En conclusion, ce genre de livre n'a aucun intérêt et représente la tendance regrettable de certains juifs qui essaient désespérément de plaire à leur entourage non-juif, en accusant la Torah et le Peuple Juif, ce qui ne fait qu'augmenter le mépris des non-juifs envers nous.
Etudiez des livres "juifs pour juifs"! Vous comprendrez convenablement ce qu'est le judaïsme. Bonne étude!