Conversation 5402 - Rentrer chez soi

Anonyme
Mercredi 26 mars 2003 - 23:00

Chers Rabbanim,

C'est un singulier constat qui apparaît aujourd'hui. Il ne me fait pas plaisir car il exprime une angoisse ; une angoisse qui est par excellence, me semble-t-il, celle qu'un Juif est susceptible d'éprouver en exil.

Cette angoisse porte le nom de "partir".

La dernière fois, je discutais avec un homme qui avait grandi au Maroc, et qui me confiait un sentiment sur sa vie en France. Il me disait qu'il avait été obligé de fuir ce pays d’origine pour venir s'établir en France, et aujourd'hui il constatait (je reprends ses paroles) "les mêmes attroupements, les mêmes regards, la même ambiance dérangeante, ç'en est effarant" qui l'avaient justement forcé à partir.

Personne ne peut comprendre les plans d'Hachem. Mais je ne puis m'empêcher de penser que nous autres, les "Juifs de France" (si tenté que cette expression ait un sens) devons nous sentir bien installés ici, "chez nous", pour que Haqadoch Baroukh Hou permette que l'on y maltraite Son peuple aussi impunément.

Nous ne sommes pas chassés par les autochtones eux-mêmes. Mais ces mêmes autochtones, pour une raison qui dépasse l'entendement, acceptent sur leur terre un peuple dont les idées sont souvent exprimées avec fanatisme. Et tous les jours nous sommes victimes de regards, d'insultes, quand ce n'est de coups, par ces gens qui ne reculent pas devant la raison pour exprimer leur haine.

"Gam zou letova" ("cela aussi est pour le bien"), aurait dit ce fameux Tsadik du Talmud, surnommé à juste titre "ich gam zou". Pour ma part, je l'avoue sans honte mais sans fierté non plus (!), je n'ai pas le niveau de dire "gam zou letova" à tout ce qui survient.

Pourtant ce que je vis en tant que Juif de France, cette oppression qui prend davantage d’ampleur chaque jour, je sais qu'elle est un message qu'Hachem nous envoie. Alors que faire : techouva ? Evidemment, car les goïm sont dans les mains du Maître du Monde, comme un bâton pour corriger le peuple d'Israël, lorsque celui-ci transgresse les ordres de son Père céleste. Aussi, il est certain que la haine dont nous sommes l’objet est déclenchée par nos fautes, que D.ieu nous prenne en pitié !

Et quand bien même nous ferions une techouva chelema, quel sens cela aurait-il de rester en France, pays du vice, du mensonge et de l'hypocrisie ? Est-ce là un lieu idéal pour servir Hachem ? S’il y en a pas d’autre meilleur, alors c’est le lieu idéal ; mais dans le cas contraire, ma foi…

Il semble, Rav Elyakim, si c'est vous qui lisez ce message, que vous aviez raison en écrivant dans la cheela nommée "Plus rien à faire en exil ?" : "D'ailleurs, il faut préciser le vocabulaire : il n'y a d'exil que forcé. Aujourd'hui, grâce à Dieu, l'exil s'est achevé. Il reste la dispersion."

Oui, baroukh Hachem, l'Etat d'Israël existe. Et des signes multiples nous reviennent sans arrêt, tels que par exemple le règne absolu du mensonge, les valeurs soigneusement saccagées, l'absence d'intégrité des chefs d'état, à ce point habituelle qu'on la prendrait de (très) loin pour une sorte de mitsva ta'assé min hatorah (‘has vechalom !), l'effronterie est le seul rapport à l'autorité reconnu, et combien d'autres encore ? Ces signes donc, nous remémorent ce que plusieurs grands Rabbanim s'accordent à dire : nous voici arrivés au seuil de la Gueoula.

Il est manifestement temps de partir, il est temps de "rentrer la moisson", comme l'aurait encore dit Rav Elyakim. Rien ne nous retient plus.

Enfin "rien", c'est vite dit ; et voici précisément le but de ma contribution. Car celle-ci, loin d'être un élan lyrique, se veut plutôt un humble témoignage, exprimant des idées auxquelles je pense quasiment chaque jour. Et ce témoignage cache en réalité un désir profond : celui de rentrer à la maison.

Aussi je me tourne vers vous, chers Rabbanim, pour vous demander conseil. Car si je ne sais pas dans combien de temps je ferai, avec l'aide de D.ieu, mon 'alliah, je sais déjà que j'ai grandement envie de commencer à me pencher sur la question !

C'est pourquoi vos conseils seront les bienvenus, notamment au niveau des endroits où habiter pour un 'hatane et une kalah aspirant à se rapprocher sans cesse d'Hachem, ainsi qu'au niveau de la parnassa. Dans le cas où vous pourriez m'orienter vers des Rabbanim sur Paris pouvant m'aider à préparer ce grand projet, sachez que ce sera à mes yeux une aide extrêmement précieuse.

Berakha vehatsla'ha

Rav David Zenou
Lundi 19 mai 2003 - 23:00

Merci pour votre temoignage.

Par mail que vous connaissez d'ailleurs je pourrai faire parti de ce qui tenterons de vous conseiller pour cette demarche importante, sainte et historique.