Conversation 55294 - Le Rambam et les conversions de force

toobs
Mardi 18 janvier 2011 - 23:00

Kevod HaRabanim,
Dans איגרת השמד, Rambam prend la defense des convertis de force. Par ailleurs, dans הלכות יסודי התורה il ecrit "הרי זה חילל את השם". Quelle est donc sa position concernant les conversions de force au Maroc et en Espagne? Meme si l'Islam n'est pas idolatrie, il s'agissait d'un decret (שעת הגזירות). Pour Maimonide, fallait-il se convertir ou fallait-il choisir la mort (ייהרג ואל יעבור)?
Respectueusement

Emmanuel Bloch
Dimanche 23 janvier 2011 - 03:39

Chalom,

Le Rambam repond lui-meme a vos questions dans la Iggeret HaChmad, en particulier au chapitre 4.

Pour resumer sa position, les lois talmudiques sur la necessite de sacrifier sa vie plutot que de se convertir a une autre religion, que le Rambam codifiera plus tard dans sa vie dans le Michneh Torah, restent en place. Mais la conversion a l'islam, dont traite la Iggeret HaChmad, est differente, car il s'agit d'une simple confession verbale (reconnaissance de Mahomet comme prophete) et non d'une action.

Selon le Rambam, celui qui prefere sacrifier sa vie plutot que de reconnaitre Mahomet accomplit un acte tres meritoire, mais cela n'est pas necessaire. Il vaut mieux ne pas perir, reconnaitre en apparence Mahomet (car il ne s'agit que d'une parole et non d'une action), et continuer a pratiquer la Torah et les mitsvot autant que possible, en sachant que le retour au Judaisme est possible en tout temps. Et le meilleur conseil est de quitter les terres d'Islam ou l'on est confronte aux graves dilemmes de ce genre, pour trouver refuge dans des pays plus hospitaliers pour les Juifs.

Voila pour la position de Maimonide. En passant, je remarque que la distinction qu'il opere entre action et parole est loin d'etre evidente et a fait couler pas mal d'encre. Il existe egalement une controverse quant a savoir si Maimonide lui-meme n'a pas ete force de se convertir provisoirement a l'Islam pour sauver sa vie. Il existe un temoignage en ce sens, mais il provient d'une source non Juive et beaucoup ne le considerent pas comme probant.