Conversation 55316 - Reparer un piano chabbat

babaz
Vendredi 21 janvier 2011 - 23:00

Bonjour,

Pour quelle raison ne peut-on pas jouer d'un instrument comme le piano le jour du Chabbath, alors qu'il nous serait impossible de le "réparer" (de le ré-accorder, par exemple) au cas où cela s'avérerait nécessaire ? Une telle réparation nécessiterait une expertise que la quasi-totalité des pianistes n'ont pas, au contraire des guitaristes, par exemple.

Merci

PS : j'avais lu que tossefot évoquait la question, mais je n'ai jamais pu accéder à la réponse.

Rav Reouven Ouziel
Lundi 31 janvier 2011 - 02:46

Le principe des decrets des sages est que peu importe si je risque de transgresser l'interdiction de la torah, a partir du moment ou ils ont decreter l'interdiction, je n'ai plus le droit de le faire, comme tout le monde.
De plus, dans le cas d'instruments de musique, sans etre specialiste, on risque de faire de petites reparations [resserrer une vis ou retablir un morceau qui s'est libere, etc.] qui sont un interdit de la torah.
kol touv.

babaz
Mercredi 2 février 2011 - 23:00

55316

Concernant un piano, je vous assure que ce risque de réparation n'existe pas dès lors que vous n'avez pas les compétences pour le faire (ce qui est le cas de l'immense majorité des pianistes professionnels et amateurs ; "accordeur" constitue un métier en soi).

"si je risque de transgresser l'interdiction de la torah, a partir du moment ou ils ont decreter l'interdiction..."

Ce risque n'ayant réellement pas lieu d'être considéré comme tel pour le piano, peut-on s'exclure, en tant que pianiste (amateur...) de cette interdiction ?

L'interdit ("ne pas jouer d'instrument") me concerne, mais sa justification explicitée me donne l'impression d'y être finalement extérieur.

Merci

Rav Reouven Ouziel
Dimanche 6 février 2011 - 02:01

Il n'y a pas de derogation aux decrets des sages, meme si personne n'est capable de reparer ce piano [ce qui est evidemment inexacte].

babaz
Mercredi 2 février 2011 - 23:00

55527

PS : connaîtriez-vous la réponse de Tossefot sur ce point qu'ils auraient soulevé ?

Rav Reouven Ouziel
Dimanche 6 février 2011 - 02:23

Les tossafot sur Betza 30a ont permis de danser ou frapper des mains le shabbat, car cela n'avait ete interdit que parce que cela pouvait ammener a utiliser et reparer des instruments de musique, et du fait que ce risque est tres faible de nos jours, on pourra permettre de danser ou frapper des mains le shabbat [voir Beit Yossef chap.339, 3].
Mais l'interdiction de jouer d'un instrument est restee en vigueur, sans exception.
kol touv.

babaz
Samedi 5 février 2011 - 23:00

55528

Merci pour vos réponses.

Mais enfin, si la dérogation des tossafot pour la danse et le fait de frapper des mains trouve une justification identique à celle dont je vous fais part me concernant (pas de risque de réparer un instrument), je vois là un problème.

"Il n'y a pas de dérogation aux décrets des sages..." : que dire de la possible évolution de la Halakha à des situations n'entrant pas dans son cadre ? Ignorait-on peut-être que l'on en viendrait à jouer d'instrument que nombre de musiciens ne sauraient réparer par eux-mêmes ?

Enfin, je reste là avec une difficulté.

Rav Reouven Ouziel
Dimanche 13 février 2011 - 00:06

danser ou frapper des mains le shabbat n'avait ete interdit que parce que cela pouvait ammener a utiliser des instruments de musique, et etait donc une sorte de "gezera legezera" - un decret visant a empecher de transgresser un autre decret et pas un interdit de la toarh.
C'est pour cela que les tossafot pensent qu'il est possible de ne pas en tenir compte.

Par contre, le decret de ne pas jouer d'un instrument de musique est sans appel.
kol touv.

babaz
Samedi 12 février 2011 - 23:00

55559

Merci pour votre réponse, désolé d'insister, mais je reste avec une question :

"Par contre, le decret de ne pas jouer d'un instrument de musique est sans appel."

Est-il justifié par "de peur qu'on en vienne à le réparer" ?

Merci

Rav Reouven Ouziel
Mardi 1 mars 2011 - 02:36

Par principe, un decret des sages ne peut etre annulé ni changé.

babaz
Mercredi 2 mars 2011 - 23:00

55667

C'est-à-dire que nous leur prêtons systématiquement des considérations dépassant le contexte de leur interdit (d'ordre mystique par exemple) ?

Rav Reouven Ouziel
Mercredi 16 mars 2011 - 08:13

La mystique n'a rien à voir avec la halakha, et c'est un principe halakhique de ne pas changer ni annuler un décret des sages.

babaz
Mercredi 16 mars 2011 - 23:00

56004

Merci pour votre réponse.

Sur quoi se fonde ce principe ?

Rav Reouven Ouziel
Jeudi 14 avril 2011 - 03:10

voyez les hilkhot mamrim du Ramba'm [chap. 2].
kol touv.