Conversation 55347 - « Juges » et « juges » ?

TUNIS DE TABLE
Dimanche 23 janvier 2011 - 23:00

bonjour je voudrai savoir la difference entre les juges nommes dans la paracha de ytro et les 70 juges nommés dans la paracha beaalotékha
est ce que les 70 avaient plus de pouvoir que les autres ou non?
merci

Jacques Kohn z''l
Mardi 25 janvier 2011 - 05:48

La Mekhilta nous apprend que les hommes dont Jethro a proposé la nomination à Moïse étaient davantage que de véritables juges des hommes qui cherchaient à trancher les litiges par des transactions amiables plutôt que par une application de la loi, un jugement strict risquant de ne pas être respecté, d’où risque de profanation du nom.

TUNIS DE TABLE
Lundi 24 janvier 2011 - 23:00

merci pour votre reponse 55347 est ce que cela veut dire que les seuls vrais juges etaient les 70?

Jacques Kohn z''l
Mercredi 26 janvier 2011 - 03:22

Il n’est pas possible de répondre clairement à cette question, le mot français « juge » n’ayant pas d’équivalent exact dans la Tora.

En particulier, lorsqu’il y est écrit : ויהי ממחרת וישב משה לשפט את העם (Chemoth 18, 13), le mot לשפט (ou שופט) risque d’être mal compris. On pourrait penser qu’il concerne des affaires de tribunal ou de justice. Mais le mot « juge » qui figure pour la première fois au chapitre 2 du livre biblique portant ce nom (versets 16 à 18) n’évoque pas une fonction judiciaire. Les « juges » sont des personnages que Hachem a choisis pour sauver ou délivrer le peuple d’Israël dans des situations difficiles. En fait, lors de sa première occurrence dans ce livre, le mot chofèt apparaît en parallèle avec le verbe hochi‘a (« sauver ») : « Hachem suscita des juges (Choftim) ; ils les délivrèrent (wayochi‘oum) de la main de ceux qui les pillaient » (2, 16).

L’activité des « Juges » a consisté à diriger le peuple d’Israël, et non à trancher des litiges, fonction attribuée au dayan plutôt qu’au chofèt. Plus exactement, leur travail judiciaire à proprement parler n’a été qu’accessoire. N’oublions pas, en effet, que la fonction de gouverner et celle de juger sont l’une et l’autre, pour la Tora, des charges déléguées par Hachem, et que celle-ci ignore le principe de la séparation des pouvoirs en honneur dans les sociétés modernes.