Conversation 5577 - Une face de trop

Anonyme
Samedi 5 avril 2003 - 23:00

Chers Rabbanim,

Dans Chmouel I, au verset 2-11 il est écrit : "(...) véhana'ar hayah mécharète ète Hachem ète pné 'Ely hakohen". J'ai lu une traduction disant : "(...) et le jeune homme resta pour servir Hachem, en présence de 'Ely le Cohen".

Seulement, Rachi fait remarquer la présence de deux compléments d'objet direct (introduits par "ète"). Il en déduit que servir les sages de la Torah (représentés ici par 'Ely hakohen) revient à servir la chekhina elle-même !

Tout cela est clair, seulement une question me vient : pourquoi est-il écrit dans le passouk "ète pné 'Ely hakohen" ? Si Rachi nous parle de servir les sages en Torah, la formulation "ète 'Ely hakohen" n'aurait-elle pas été suffisante ?

A moins que ce ne soit qu'une manière de s'exprimer, et que je complique tout simplement...

Berakha vehatsla'ha rabba

Rav Elyakim Simsovic
Dimanche 13 avril 2003 - 23:00

Du point de vue du pchat immédiat, c'est effectivement une tournure propre à l'hébreu - et compliquer simplement est assez délicieux...
Mais on n'en est pas quitte pour autant, car il faut encore tenter de comprendre pourquoi l'hébreu s'exprime ainsi.
Le champ sémantique du mot "panim" qui signifie visages (et en hébreu le visage est toujours pluriel - autre façon de dire qui aussi réclame d'être comprise) comporte les notions d'intériorité (pénimiouth), d'antériorité (préfixe lamed - lifné), de présence (préfixe beth - bifné) et sert aussi à exprimer la motivation (préfixe mem - mipné chè...) cette dernière découlant aussi de l'intériorité de la question (du dedans de...).
Autrement dit, le visage qui est tout entier apparemment dénudé, offert, exposé, est en même temps ce qui est le plus intérieur, ou du moins révélateur de ce qu'est l'identité de la personne. Plutôt que dénudé, le visage est ainsi reflet d'une transparence où l'âme se devine.
Servir 'Ely ne peut se dire en hébreu qu'en disant être au service de ce qui l'anime, non de sa personne mais de son projet d'être, de son vouloir. Et dans la mesure où ce vouloir coïncide avec la volonté de Dieu, c'est Lui que Samuel sert avant de servir 'Ely en servant "devant" lui.