Conversation 5770 - Pas tres accueillants

Anonyme
Dimanche 13 avril 2003 - 23:00

Bonjour et merci beaucoup pour ce site ! Ma question est simple : un enfant de mère juive et de père non-juif est-il "moins" juif qu'un enfant né de deux parents juifs ? Cette question parce que j'ai le sentiment, dans les communautés vers lesquelles je me tourne, d'une certaine réticence à m'accueillir alors que je suis dans le cas que je viens de dire (mère juive) et que je veux faire téchouvah. Cette réticence est plus grande chez les orthodoxes, vers lesquels je me suis naturellement tourné dans un premier temps, que chez les libéraux, autrement plus accueillants... Serait-il possible qu'un fils de mère juive doive par force se tourner vers ces derniers ? Merci de votre aide et hag sameah.

Rav Elyakim Simsovic
Dimanche 13 avril 2003 - 23:00

Un enfant de mère juive est Juif. Point, à la ligne.
Une certaine réserve peut parfois se manifester dans certains milieux et c'est peut-être regrettable, mais elle est aussi la manifestation d'une plus grande exigence d'authenticité. Et si vous faites preuve de persévérance vous verrez cette réserve se dissiper comme brume matinale et finalement vous leur en serez reconnaissant : ils vous obligent, vis-à-vis de vous même tout d'abord, à montrer qui vous voulez être vraiment.
Nous ne pouvons que vous encourager sur la voie de la téchouva que vous entreprenez. Et si vous rencontrez des difficultés en cours de route, pensez à cette phrase (je crois de Camus) : ce sont les obstacles qui nous font faire du chemin.

Anonyme
Mardi 27 mai 2003 - 23:00

Suite à la question 5770, ces observations, qui ne sont pas une vraie question...
Les choses se sont passées exactement comme vous le disiez : j'étais sur le point de me décourager, mais votre réponse m'a rendu un peu plus confiant, et en effet la froideur initiale des personnes que j'ai rencontrées s'est dissipée... Dans quelques heures, ma brit milah (bien que je sois adulte...), ce qui me cause un peu d'inquiétude et beaucoup de joie ! Merci mille fois.

Rav Elyakim Simsovic
Mercredi 28 mai 2003 - 23:00

Félicitations !
Becha'a tova oumoutzla'hat.

Anonyme
Dimanche 3 août 2003 - 23:00

J'ai vaguement l'impression de tourner en rond... Je m'adresse à vous de nouveau, parce que vos réponses me paraissent toujours empreintes d'une grande humanité. C'est entendu, à présent : je fréquente désormais la communauté "orthodoxe" de la ville où je réside, et non plus la communauté libérale, même si celle-ci fut à l'origine plus accueillante que celle-là (voir cheelot n° 5770 et 6997). Aucun problème du côté purement religieux : les rabbins m'accueillent et m'épaulent dans mes débuts. Il reste que l'intégration dans la communauté même est difficile. On m'a dit par exemple que les enfants de mariage mixte (fussent-ils nés de mère juive comme moi) étaient mal perçus. Or si je veux faire des enfants juifs, il me faut une femme juive ; si je n'en trouve pas, je renonce à fonder une famille ? Je fréquente les libéraux, chez qui mon statut de juif est pleinement admis ? J'attends ? Merci de vos conseils et féliciations pour votre travail exemplaire.

Rav Elyakim Simsovic
Dimanche 3 août 2003 - 23:00

Le problème que vous soulevez est plus social que religieux. Il est difficile de se faire admettre dans certains milieux où la tendance est un peu au refermement sur soi par peur de l'érosion, et finalement manque de confiance en soi, bien plus que méfiance à l'égard de l'"autre".
Je ne puis que vous encourager à persévérer ; il doit bien y avoir certaines personnes avec lesquelles vous vous entendez mieux qu'avec d'autres. Efforcez-vous de cultiver ces relations. Les enfants de mariage mixte sont mal perçus ? Ce n'est ni juste ni surprenant, je pense que vous le comprenez aisément. Mais en vérité, vous ne fréquentez ce milieu que depuis quelques mois à peine et vous avez constaté vous-même qu'il n'était pas insensibles à votre effort.
En attendant, renforcez-vous ; étudiez. Vous êtes passé récemment par une grande épreuve et même si vous en avez éprouvé de la joie et que vous êtes "en paix" avec vous-même, je veux dire que vous assumez pleinement vos choix, il faut néanmoins vous stabiliser. Asseoir votre équilibre. Les choses viendront en leur temps.
S'il y a dans la communauté des jeunes filles qui pourraient être de votre point de vue candidates à la fondation d'un foyer, il faudra le moment venu surmonter les résistances qui ne manqueront probablement pas de se manifester. Les parents ont tendance à se dire : "ma fille ne mérite-t-elle pas mieux ?" (c'est le syndrome de la belle-mère, sauf le respect de toutes les belles-mamans !) Mais c'est en réalité une faute de raisonnement. Il faudra alors enrôler les rabbins pour qu'ils vous soutiennent là-aussi.
D'ici-là sans doute votre "statut" au sein de la communauté se sera aussi raffermi. Progressivement, vous ferez partie du paysage. Votre présence sera devenue de plus en plus naturelle et évidente. C'est ainsi du moins que je me représente les choses et c'est ce que je vous souhaite