Conversation 6018 - Erreurs inherentes a la tradition orale

Anonyme
Jeudi 24 avril 2003 - 23:00

Bonjour !!

au mont sinai nous avons reçu la loie ecrite et orale ,or certains vous dirons : "Transmission orale? il y a forcement des pertes mais aussi des erreurs transmises, ils vous donneront l'exemple du téléphone arabe ,au bout de 5 personnes c'est plus pareil..
quel argument donner face a cela?

Rav Elyakim Simsovic
Jeudi 24 avril 2003 - 23:00

Un argument ? Le Talmud tout entier, et toute la littérature traditionnelle du monde entier. C'est que cette tradition, contrairement au téléphone arabe, n'a pas une source unique, uniquement transmise hâtivement à n'importe qui et ainsi de suite. Le dépositaire du message est avant tout le peuple entier. Et du sein du peuple sont issus des maîtres. Ceux-ci étudient toute leur vie et ensemble, en discussions et confrontations, analyses et remises en question ce qui fait la pratique religieuse juive est en même temps parfaitement unitaire et parfaîtement plurale ou plurielle (je n'ai pas dit pluraliste). Et cela se fonde sur le principe de méthodologie talmudique qui veut que l'on cite et explore toutes les possibilités et pas seulement celle qui aura été retenue pour la halakha.
Il est aussi un autre principe. Dans l'étude et devant la pagedu Talmud, enfants et vieillards, maîtres vénérables et étudiants balbutiants sont égaux devant la vérité de la Thora. Certes, le respect impose des formes, mais la vérité interdit de se taire. Et tant qu'on peut faire valoir des arguments sortant des textes mêmes de la tradition on ne doit pas s'en laisser imposer par le prestige des Grands.
La yechiva n'a pas eu besoin de mai 68 pour s"émanciper, car elle n'a jamais connu de mandarins. C'est pourquoi aussi les élèves des yéchivoth n'ont aucun mal à respecter leurs maîtres et à leur garder leur confiance : ce respect et cette confiance, leurs maîtres les témoignent aussi à leurs élèves.
Pour conclure, il existe aussi un traiter entier du Talmud (Horayoth) consacré à la responsabilité des maîtres et à celle des "connaisseurs". Sans compter la mise en garde cinglante des Pirqé Avot : chiguégat Talmoud ola zadone : en matière d'enseignement, l'erreur involontaire est comptée comme faute préméditée. Pourquoi ? parce que prendre la parole quand on ne sait pas et qu'on ne sait pas parce qu'on n'a pas assez appris, c'est cela préméditer une faute.
Et cela a aussi un dernier corrollaire : ne pas hésiter à reconnaître qu'on s'est trompé lorsqu'on vous le fait remarquer. Les rabbanim du site et moi le premier en ont la féconde expérience dans leurs consultations et nuancent, précisent, corrigent leurs réponses selon les besoins, dans un souci commun de clarté et de vérité. Quel bonheur !

Chabbat Chalom