Conversation 67961 - reve endiable

Samt
Dimanche 3 mars 2013 - 23:00

Bonjour,

Bizarrement j'avais fait un rêve hier soir où j'étais attiré par des femmes... et ensuite j'ai rêvé du diable et du feu...

Et tout d'un coup, je m'étais réveillé ce matin et j'ai ôté ma mains de mon sexe, car je me suis retenus...

Je me dit : est-ce un signe que D.ieu voudrait me faire montrer pour me préserver du mal?

Selon le rav Ron Chaya, à ce qui parait lorsqu'on fait un mauvais rêve, il faut jeûner une journée pour être pardonner?

Cordialement.

Rav Samuel Elikan
Vendredi 15 mars 2013 - 03:19

Shalom,
Vous ne devez pas vous en faire, vous n'êtes pas le premier à poser cette question. Une question très similaire a été posée au H'azon Ish (Iggrot H.I. II, 149) et il a répondu ainsi: "J'ai moi même souvent fait des rêves effrayants et je n'y ai pas porté attention et le mieux c'est de dire "Ribono Shel Olam" (1) au moment de Birkat Kohanim".

Ce dont le H'azon Ish parle s'appelle "hatavat h'alom" (c'est le fait de rendre "bon" un rêve dur, amer).
L'origine de cette habitude est dans le Talmud (T.B. Brah'ot 55b) - on prend trois amis et on leur dit en araméen 7 fois "j'ai fait un bon rêve" (h'alma tava h'azaei) et eux répondent, comme indiqué dans les sidourim, qu'en effet c'est un bon rêve, etc. L'autre possibilité, rappelée par le H'azon Ish est un "raccourci" de ce processus.
Quoi qu'il en soit, cela n'agit en aucun cas sur le rêve, mais sur le rêveur. Cela lui fait changer son ressenti, sa manière de gérer les sentiments éprouvés par le rêve. En fait, en fin de compte, il demande à ses amis qu'ils l'aident à résoudre son rêve de manière positive. Il récite également des versets qui donnent espoir et espérance, qui parlent du changement du mal en bien, de paix et de bénédiction et une sorte de "vidouy" pour se rapprocher de D'ieu.
Les décisionnaires disent même qu'il n'y a pas besoin de faire de "hatavat h'alom" si on a une raison qui peut être la cause de celui-ci (comme ce à quoi nous pensons pendant la journée, car cela se voit souvent dans les rêves - MB 220,16). Seul quelqu'un de pur, sage, qui étudie beaucoup de Torah, plein de crainte du Ciel, qui ne va pas dormir le ventre plein et toutes ses pensées sont liées à la Torah et à D'ieu PEUT prendre garde à ce genre de rêve, et seulement si ceux-ci correspondent à certains critères... écrit l'Aroh' HaShoulh'an (OH 220,1).
Je peux vous dire que je ne connais que très peu de juifs à vivre à ce niveau là. Un d'entre eux est un de mes maîtres. Il fait des rêves extraordinaires. Pourtant, il m'a dit ne jamais faire d'"hatavat h'alom"... donc pas de quoi s'en faire.

(1) Ce texte dont la source est dans le Talmud (id.) est généralement imprimé dans les sidourim. Je le recopie ici:
רבונו של עולם, אני שלך וחלומותי שלך, חלום חלמתי ואיני יודע מה הוא, בין שחלמתי אני לעצמי ובין שחלמו לי חבירי ובין שחלמתי על אחרים, אם טובים הם - חזקם ואמצם כחלומותיו של יוסף, ואם צריכים רפואה - רפאם כמי מרה על ידי משה רבינו, וכמרים מצרעתה, וכחזקיה מחליו, וכמי יריחו על ידי אלישע, וכשם שהפכת קללת בלעם הרשע לברכה - כן הפוך כל חלומותי עלי לטובה ומסיים בהדי כהני, דעני צבורא אמן.
תפילה שניה:

Kol touv.

Samt
Lundi 4 mars 2013 - 23:00

Bonjour,

Toujours à propos de la question 67961...

Dois-je faire Téchouva pour pardonner ma faute?

Parce qu'il s'agit d'un rêve prémonitoire, dans lequel on contrôle pas forcément ses pulsions...

Merci rav!

Cordialement.

Rav Samuel Elikan
Vendredi 15 mars 2013 - 03:19

Shalom,

Nos Sages nous enseignent que les rêves dépendent de la signification qu'on leur donne (T.B. Berah'ot 55b). Votre rêve peut être interprété de diverses manières et donc c'est à vous de savoir.
Selon le Rambam (loi des jeûnes 1,12) il semblerait que si les rêve est troublant on soit obligé de jeûner (ta'anit h'alom). Pour le lui le but de celui-ci est de faire teshouva, se remémorer ses actes et faire un "h'eshbon nefesh".
Toutefois, le Rashba (resp. I,132) écrit que ce jeûne n'est en aucun cas une obligation et seulement quiconque le veut peut le faire. C'est donc qu'il n'y a pas besoin de faire Teshouva à cause de ce rêve (ce qui ne veut pas dire qu'il ne faille pas faire teshouva ! C'est juste que le rêve ne crée pas d'obligation à ce propos).
Le Aroh' HaShoulh'an (OH 220, 4) interprète ainsi les propos du Rashba : il ne faut pas trop se préoccuper des rêves, de toute façon, une grande majorité de ceux-ci ne sont qu'illusions...
Et souvent, ajoute-t-il (selon Rashi sur l'Ecclésiaste 5:2) les rêves ne sont que les reflets de nos pensées quotidiennes et des choses qui nous troublent (même inconsciemment).

Le "Levoush" écrivait déjà au début de la Renaissance (Levoush Orah, parashat Vayeshev) :
"Il est chose connue, et tout le monde sait cela, que la grande majorité des rêves sont des choses sans importance aucune... et même les vrais rêves qui viennent de la prophétie et de l'intellect, (bien qu'ils ne soit pas superflus) contiennent également des éléments sans importance".

De nos jours, si le rêve ne nous dérange pas tant que ça (on le refait et on y pense tout le temps au point que cela nous empêche de vivre normalement) - on n'a pas trop l'habitude de faire de jeûne pour un rêve et si c'est le cas, on essaiera de ne pas le faire shabat (en effet, il est interdit de jeûner shabat et si on jeûne shabat, alors on devra faire un jeûne un autre jour pour avoir jeûné shabat...)

Références sur le jeûne pour un rêve : T.B. Shabat 11; Sh. Ar. OH 220 et commentateurs (il est clairement indiqué que ce n'est plus l'usage aujourd'hui) et 288, 5 (durant shabat) et MB ad loc, lettre 15.
Certains ont même interdit de faire une "hatavat h'alom" à shabat - Petah' HaDvir OH 202 (à l'opposé du Elyah Rabba ramené par le MB 220,3 et Pri Megadim (Eshel Avraham, 9) qui permet) - sur cette discussion, cf. Sdei H'emed, Ma'areh'et Yom Kippour 3, s.v. ah'ar.

Kol touv