Conversation 68962 - Assé léha Rav

Dawoud
Mardi 30 avril 2013 - 23:00

Kvod haRabbanim,

Ma question peut paraître simple mais comment trouver son Rav. Quand on ne vit pas dans une Yeshiva ou dans un " quotidien" religieux, comment trouver un Rav? Est il nécessaire d en avoir un ? Si oui peut on tout lui dire/demander? Merci!

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Rav Samuel Elikan
Dimanche 5 mai 2013 - 05:21

Shalom,

Votre question est loin d'être simple, elle est par ailleurs très intéressante, d'autant que la halah'a en parle. Vous posez en faite deux questions, si j'ai bien compris.
1. Y a-t-il nécessaire d'avoir un rabbin à qui parler, duquel on peut étudier.
2. Est-il nécessaire d'avoir un lien personnel avec celui-ci.

1- Les rabbins, ça sert à quoi ?
Pour la première question, comme remarquablement noté par le trieur/se - titreur/se, il y a une injonction - présente deux fois dans la mishna (I,6 et I,16), au premier chapitre d'Avot (Les Maximes de nos Pères) qui dit qu'il faut "avoir un rabbin" - "asseh leh'a rav". Cependant, cette injonction n'est présente ni dans le Talmud, ni dans le Rambam, le Tour ou encore le Shoulh'an Arouh' qui sont les livres principaux de la halah'a.

De plus, les commentateurs de la mishna (tant celui attribué à Rashi, sur I,6 - qui dit qu'il ne faut pas apprendre tout seul mais savoir écouter d'autres gens plus savants que nous, ou que celui du Rambam, id.,ou de Rabbeinou Yona, ibid., qui vont dans le même sens, etc.) ne voient pas en cette phrasée une injonction mais bien un conseil de savoir être ouvert aux autres dans l'étude. Cela permet, comme le note le Méiri (comm. sur Avot I,6) d'avoir une vision plus profonde que l'on ne saura jamais atteindre seuls.
Le Rav Ovadia Bartenoura (ad loc. aussi - ou peut-être faudrait-il dire Bertinoro, au nom de la ville dans laquelle il vivait) explique cette injonction comme la nécessité de ne suivre qu'un seul rabbin et pas d'aller à droite et à gauche, comme cela est également explicité, par ailleurs, dans les Avot deRabbi Nathan (au début du chap. 8).

Certains commentateurs expliquent cependant la deuxième apparition de l'expression (dans la mishna 16) comme étant un "devoir" d'avoir une adresse vers laquelle se tourner en cas de doute dans la halaha', mais sans plus.
Quoi qu'il en soit, le but des rabbins, selon cela, c'est de nous aider à étudier, à progresser et a trancher la halah'a, en cas de besoin. Ils nous aident aussi, dans ce sens, à construire un monde spirituel.

2- Le site "cheela" peut-il donc remplacer un rabbin "personnel" ?
Nos Sages (1) distinguent entre le "rav mouvhak" - c'est-à-dire un rabbin dont "on tire la majorité de nos connaissances" (2) et un rabbin "normal" duquel on apprend des nombreuses choses, mais qui n'est pas "notre rabbin", dont on tire la majorité de nos connaissances.
On n'a pas forcément la possibilité d'apprendre de tout le monde. Il faut faire cette distinction entre "Rav Mouvhak" (notre rabbin "personnel") pour lequel il faut un certaine "chimie" et un rabbin qui n'est pas forcément celui avec lequel on a le plus d'affinités, mais qui se trouve, par exemple, à notre lieu de résidence et auquel on va adresser nos questions et entendre ses cours.
Quoi qu'il en soit, avec ou sans rabbin, on n'est pas exempté d'étudier et de poser des questions, même sans rabbin "mouvhak" (personnel). En effet, il y a un commandement d'étudier la Torah par tous les moyens, en chaque instant disponible, jusqu'à ce qu'on ait un rabbin "mouvhak" avec lequel on aura un lien plus personnel qui touche plus à notre manière de voir le monde et duquel on pourra apprendre énormément.

Kol touv

Sources:
(1) C'est l'avis d'Abaye dans TB Kidoushin 33a
(2) Tel est le langage utilisé par le Sh. Ar. YD 242, 30