Conversation 69111 - Chacun ses defauts!

ruth2007
Mardi 7 mai 2013 - 23:00

Est ce que quelqu un de couleur est quelqu un considéré avec un défaut ? Est ce qu un converti présente aussi un défaut ds le sens ou il a dû passer par la conversion pour devenir juif ?

--
Question envoyée via l'application iPhone

Rav Samuel Elikan
Jeudi 9 mai 2013 - 07:09

Shalom,
Je ne sais pas comment réagir à cette question: dois-je en rire ? En pleurer ? Vous gronder ? Je ne sais même pas dans quel état d'esprit vous la posez...
J'ai donc décidé d'y répondre sérieusement. Il ne faut pas voiler le racisme derrière un voile religieux - il n'y a rien de plus abjecte, à mes yeux, que cela.
La Torah nous ordonne d'aimer notre prochain comme soi-même et cela est valable tant pour les juifs nés ainsi que les convertis. Et pourtant... la Torah ajoute un autre commandement: celle d'aimer le converti (Devarim 10:19).
De plus, il est interdit de faire du mal à qui que ce soit, en particulier au sein du Peuple Juif (cf. Vayikra 25:17), cependant la Torah ajoute un interdit supplémentaire de faire du mal au converti (Shemot 22:20) - "veguer lo toneh" (cf. livre des Commandements du Rambam, comm. pos. 207). Il s'avère donc que quiconque aime les convertis accomplit deux commandements positifs et quiconque les peinerait transgresse deux interdits !
Je vous laisse lire l'incroyable lettre du Rambam à Ovadia le converti - il lui dit, entre autres, qu'étant donné tout le cursus qu'il a fait, tout le parcours qu'il a effectué il a plus de mérite et de ce fait il est considéré comme étant le fils d'Avraham - directement.
La différence n'est pas un défaut, mais une qualité dans la mesure où l'on sait l'accepter.

Kol touv

philyossef
Mercredi 8 mai 2013 - 23:00

Merci pour votre belle réponse 69111 et de rappeler comme il faut bannir le racisme.

Cependant faisons l'avocat du "diable" pendant 2 minutes:
1. la notion de "défaut"("moum" il me semble) est questionnante: la façon dont les handicapes ou porteurs de "défauts" sont exclus du service divin, dont sont traités les malades mentaux, les sourds etc dans le Talmud a quelque chose de très gênant...
Un noir a t il un "moum" semble être la choquante question?
Je suis d'accord avec vous la réponse est évidemment non, cela va sans dire...même si ça va mieux en le disant...

2.Pour ce qui est des convertis, merci de rappeler le respect qu'on leur doit, c'est important. Mais (encore un mais): malgré les beaux discours rabbiniques, les halakhot et les anecdotes, les convertis sont un cran en dessous pour ceux qui les convertissent et pour certaines communautés. j'ai entendu de mes oreilles ceux a qui on a dit "on te donnera a rencontrer qqn de divorcé ou un(e) baal tshouva" façon de dire "un défaut pour un défaut",
j'ai entendu de mes oreilles ceux qui encensent les convertis mais ne leur donneraient pas leur fils/fille en shidoukh...

Alors merci de rappeler la halakha; puisse t elle être entendue par ceux qui croient le mieux l'appliquer...

--
Question envoyée via l'application iPhone

Rav Samuel Elikan
Jeudi 9 mai 2013 - 15:25

Shalom,
Merci de votre témoignage.
Je voudrais toutefois amener quelques précisions.
Les handicapés ne sont pas exclus du service Divin, au contraire.
La raison pour laquelle les malades mentaux et les sourds dans le Talmud (qui n'avaient aucune possibilité de communiquer d'une quelconque manière et étaient considérés comme "fous" - ce qui n'est plus le cas aujourd'hui), sont traités de manière différente est parce qu'ils n'ont (ou n'avaient pour les sourds) de moyens d'acquérir une quelconque intelligence et éducation (da'at - dans les termes rabbiniques). Cette relation juridique ne doit en rien influencer sur notre relation éthique, si ce n'est la compréhension qu'ils ont moins de responsabilité - car moins de compréhension. C'est donc sans rapport avec les gens à la peau de couleur noire ou une quelconque ethnie !
De plus, ce n'est aucunement lié à un concept de "défaut" (moum). La seule et unique fois où ce concept apparaît comme élément juridique valable est dans le cas des kohanim rendus impropres au service au Temple... (comme dans le cas où il leur manque un bras - et le Rambam explique dans le Guide des Égarés que c'est parce que "ça ne présente pas bien" et cela pourrait nuire à l'honneur dû au Temple; les gens diraient "eh regarde c'est un manchot là" et ne respecteraient pas la sainteté du lieu).
Concernant votre histoire, elle m'attriste profondément.
Comment le dire gentiment ? Pas tout le monde n'est pas doté d'intelligence... Les gens ne comprennent pas toujours ce que veut dire "aimer le guèr" et c'est dommage, on peut accomplir ces commandements (aimer autrui et le converti) tellement facilement...

Kol touv